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Ces auditions ont commencĂ© samedi 15 juillet dernier au ministĂšre de lâIntĂ©rieur. La commission a donc Ă©tĂ© reçue par le ministre de lâIntĂ©rieur, Mohamed Daoudou, en personne. Elles se sont poursuivies avec la confrontation, le jeudi 20 juillet dernier, des versions de trois anciens parlementaires ayant conduit la fameuse sĂ©ance du jeudi 27 novembre 2008 qui a vu lâadoption, dans des conditions trĂšs controversĂ©es, de ladite loi de CitoyennetĂ©.
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Et on en nâest quâau dĂ©but. Dans les prochains jours, politiques, hommes dâaffaires, banquiers ... devront continuer Ă dĂ©filer devant les membres de la commission dâenquĂȘte parlementaire pour essayer dâĂ©clairer certaines zones dâombre et surtout Ă©tablir les responsabilitĂ©s dans la gestion dâun programme, opaque dĂšs le dĂ©but, ayant Ă©chappĂ© Ă tous les contrĂŽles. A en croire une source proche du dossier, âles premiĂšres auditions ont Ă©tĂ© satisfaisantes. On peut dire que les langues commencent Ă se dĂ©lier.â
Dans sa liste, la commission dâenquĂȘte sollicite, Ă tout seigneur tout lâhonneur, lâancien prĂ©sident Ahmed Abdallah Sambi ainsi que son successeur Ikililou Dhoinine. Lâancien raĂŻs est sans doute, devant le dĂ©putĂ© Ibrahim Mhoumadi Sidi et lâhomme dâaffaire Bashar Kiwan, le premier dĂ©fenseur dudit programme.
Le compte TR0044
Le programme de CitoyennetĂ© âânous permettra de disposer des fonds pour amorcer notre dĂ©veloppementââ, dira-t-il dans son adresse Ă la nation Ă lâoccasion du nouvel an 2009, un mois aprĂšs lâadoption de la loi.
Câest le prĂ©sident Ikililou qui transfĂ©ra, aprĂšs son entrĂ©e en fonction, la gestion du programme au ministĂšre des Finances publiques. Un compte (TR0044) sera ouvert, Ă cet effet, dans les livres de la Banque centrale des Comores au bĂ©nĂ©fice de la TrĂ©sorerie gĂ©nĂ©rale de lâUnion des Comores.
Lâargent issu de la vente des passeports comoriens aux bidoun du Golf avaient, jusquâĂ ce transfert, transitĂ© dans des comptes offshores de lâhomme dâaffaire franco-syrien Kiwan. Le dĂ©lĂ©guĂ© de lâentreprise Hss aux Comores et ancien bras droit de Kiwan, Ahmed Jaroudi, sera le dernier Ă superviser ce fonds, avant que les autoritĂ©s comoriennes ne reprennent la main sur le programme. Ces deux lĂ sont aussi dans le collimateur des parlementaires mais aussi dâune enquĂȘte de la Cour suprĂȘme en cours.
Occupants de postes stratégiques
Ce nâest pas tout. La commission devra se rendre dans les prochains jours Ă Mwali pour recueillir la version de lâancien prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale entre 2004-2009, Dhoifir Bounou. Câest lui qui avait prĂ©sidĂ© la sĂ©ance du 27 novembre 2008 ayant rejetĂ© le projet de loi, «certaines dispositions du code de la nationalitĂ© comorienne» (nom initial de la loi proposĂ©e par le gouvernement Sambi). Une dĂ©cision qui sera contournĂ©e le mĂȘme jour par une minoritĂ© de dĂ©putĂ©s favorables au projet du gouvernement.
Lâancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du gouvernement sous Sambi et vice-prĂ©sident dâIkililou, Nourdine Bourhane, sera entendu, lui aussi, par les enquĂȘteurs. Mohamed Ali Soilihi, plusieurs fois ministre des Finances, devra aussi donner des explications Ă la commission parlementaire sur sa gestion du programme sur la pĂ©riode 2010-2016. Lâactuel argentier de lâEtat, Said Ali Chayhane sera aussi interrogĂ©.
Les explications de personnalitĂ©s qui ont, tour Ă tour, occupĂ© le poste non moins stratĂ©gique de directeur de cabinet de la prĂ©sidence de la RĂ©publique passeront aussi au crible des dĂ©putĂ©s. Câest le cas dâAhamada Mmadi Bolero, les dĂ©putĂ©s voudront connaitre la version de lâactuel secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Coi et ancien directeur de cabinet chargĂ© de la DĂ©fense dâIkililou Dhoinine.
Sera aussi auditionnĂ© Mohamed Bacar Abdou Dossar. Celui-ci fut aussi ministre des Finances entre 2010-2011. Il a Ă©tĂ©, jusquâil y a Ă peine quelques semaines, ministre des Affaires Ă©trangĂšres du gouvernement Azali, avant dâĂȘtre dĂ©barquĂ© lors du remaniement du 17 juillet dernier. Ce cacique du parti Juwa de lâancien prĂ©sident Sambi a demandĂ©, lundi dernier, sa rĂ©intĂ©gration Ă sa fonction de dĂ©putĂ© de la sixiĂšme circonscription Ă©lectorale.
Mission compliquée
Trois anciens ministres de lâIntĂ©rieur, ayant occupĂ© ce poste sur la pĂ©riode 2011 Ă 2016, seront Ă©galement entendus (Ahamada Abdallah, Houssen Hassan Ibrahim et Houmed Msaidie). Lâancien gouverneur de la Banque centrale des Comores, entre septembre 2011 Ă Â fĂ©vrier 2016, Mze Aboudou Mohamed Chanfiou fait partie des personnalitĂ©s qui seront convoquĂ©es par la commission dâenquĂȘte parlementaire. Les responsables du TrĂ©sor public, ces neuf derniĂšres annĂ©es, seront entendus par les enquĂȘteurs de lâAssemblĂ©e nationale.
Les auditions devront sâĂ©largir aux responsables de Semlex-Comores, de la Banque fĂ©dĂ©rale de comerce, du Bureau dâInterpol Ă Moroni. Les informations dĂ©tenues par certains pays comme la France, le KoweĂŻt et les Emirats Arabe unis intĂ©resseraient Ă©galement la commission parlementaire. Â
Deux anciens directeurs gĂ©nĂ©raux de la police nationale et de la sĂ»retĂ© seront entendu par les dĂ©putĂ©s (lâactuel aussi).
Un dossier aux implications explosives
Lâexercice que sâadonne le dĂ©putĂ© Dhoulkamal et ses collĂšgues de la commission dâenquĂȘte ne sera pas un long fleuve tranquille. La mission est compliquĂ©e pour nos Ă©lus. Car au-delĂ dâĂȘtre un dossier aux implications politiques explosives, certains cas vont donner du fil Ă retordre Ă nos reprĂ©sentants de la nation (lire WatwanâEco du 17 mars 2017).
Parmi les personnalitĂ©s qui devront ĂȘtre entendues dans le cadre de cette enquĂȘte parlementaire, lâancien directeur national de la SĂ»retĂ© du territoire au ministĂšre de lâIntĂ©rieur et actuel dĂ©putĂ© de la circonscription de Bandrani Ă Ndzuani, Abou Achirafi. DĂ©jĂ avant de devenir dĂ©putĂ©, il a Ă©tĂ© Ă©crouĂ© dans le scandale de vente illicite de passeports, avant de bĂ©nĂ©ficier dâune libĂ©ration provisoire. Il est actuellement visĂ© par une enquĂȘte de la Section des comptes de la Cour suprĂȘme.
Ce personnage, qui fait sans doute partie de ceux qui en savent trop dans ce dossier de vente (officielle et parallĂšle) des passeports comoriens Ă des Ă©trangers, est signataire, parmi dix-sept parlementaires, le mois de mai dernier, de la proposition de rĂ©solution pour la crĂ©ation de la Commission dâenquĂȘte parlementaire sur la loi relative au programme de CitoyennetĂ© Ă©conomique.
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 Rappelons quâau mois de juin dernier, cinq dĂ©putĂ©s ont étĂ© dĂ©signĂ©s membres de la Commission dâenquĂȘte parlementaire sur la loi relative Ă la CitoyennetĂ© Ă©conomique. Cette commission a, entre autres missions, celle dâidentifier les personnalitĂ©s impliquĂ©es afin que les responsabilitĂ©s de chacun puissent ĂȘtre clairement Ă©tablies.