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Si le calme est de retour, la situation politico-administrative de l’île reste pour le moins confuse.Les Anjouanais ne savent plus si leur gouverneur demeure toujours ou pas en fonction, depuis l’annonce faite le dimanche par le ministre de l’Intérieur. Mohamed Daoudou a en effet informé la presse qu’Abdou Salami a été «arrêté», disant également au même moment qu’il s’était «rendu de son plein gré» à la gendarmerie, et laissant entendre au passage qu’une action judiciaire serait prochainement engagée contre lui par le ministère public.
Lundi en effet, le procureur de la RĂ©publique de Mutsamudu, Mohamed Abdallah, a tenu un point de presse pour affirmer que certaines des dĂ©clarations livrĂ©es aux enquĂŞteurs de la gendarmerie par des suspects ont mentionnĂ© plusieurs noms d’autoritĂ©s de l’île qui seraient liĂ©es Ă cette affaire, dont celui du gouverneur Salami lui-mĂŞme. Le parquetier a prĂ©cisĂ© que ce dernier a dĂ©jĂ Ă©tĂ© entendu la veille, dans le cadre d’une enquĂŞte prĂ©liminaire. Dans une vidĂ©o, Dr Salami a quant Ă lui rejetĂ© en bloc les accusations le liant Ă l’insurrection armĂ©e profĂ©rĂ©es par le ministre de l’Education nationale l’avant-veille. Le gouverneur a admis seulement avoir contribuĂ© à «l’organisation d’une manifestation avec Ă©rection de barricades, en intelligence avec l’Union de l’opposition». Â
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Dans les faits, jusqu’en milieu de la journée du lundi, le gouverneur de Ndzuani n’était ni détenu à la gendarmerie, ni placé en résidence surveillée à son domicile de Mutsamudu, comme l’avaient répandu certains on-dit. Deux de ses collaborateurs nous ont assuré qu’il était encore libre de ses mouvements, mais qu’il était suivi dans tous ses déplacements par une unité de gendarmes, après que ses gardes rapprochés lui aient été retirés. En attendant donc la suite des événements, qui s’annonce pour le moins floue, Dar-Nadjah, le palais du gouverneur, est pour le moment gardé par l’armée, qui en a interdit l’accès même à ses employés. Ceux parmi ces derniers qui se sont présentés au travail le lundi matin, se sont heurtés à un barrage de l’armée. «Moi je ne m’y étais pas rendu, mais un collègue m’a dit que la sécurité militaire lui a refusé, lui, les autres employés et toute personne, l’entrée au palais jusqu’à nouvel ordre», nous a confié le directeur de l’information de l’île, Amir Abdallah, qui a son bureau à Dar-Nadjah.