logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Quand le Revenge Porn s’invite aux Comores

Quand le Revenge Porn s’invite aux Comores

Rencontre des jardins st tropez Resultat foot de tous les rencontres | - Rencontre du xv de france   Annonces rencontres agadir

image article une
Je vais vous raconter une histoire. Sordide, l’histoire et qui se rĂ©pĂšte tout le temps. Il ne s’agit pas de politique. Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille qui est partie se baigner Ă  Shindini.



Comme presque toutes les jeunes filles de notre  Ă©poque, elle avait une tablette, qui lui permettait de se connecter, de faire des photos, et d’étudier aussi. Il s’avĂšre qu’aprĂšs avoir fini de nager, la jeune fille est repartie chez elle, oubliant sur le sable fin et chaud de Shindini, sa prĂ©cieuse tablette. Depuis sa vie a basculĂ©. Parce que sur sa tablette, volĂ©e, il y avait des photos d’elle. Des photos intimes. La personne qui se l’est accaparĂ©e n’a pas trouvĂ© mieux que de diffuser les photos d’elle en petite tenue, ou nue.  Les images ont tellement circulĂ© sur internet, via Messenger et Whatsapp que la pauvre a songĂ© mettre fin Ă  sa vie.

Ou encore, cette vidĂ©o, qu’une fille pas encore femme, a envoyĂ© par amour, naĂŻvetĂ©, excĂšs de  confiance, Ă  son petit ami.  Celui-ci, une fois la rupture avec la donzelle consommĂ©e,  l’a balancĂ©e sur Facebook via Messenger. Les vidĂ©os deviennent virales. La fille, ben la fille, elle se dĂ©bat pour ne pas mourir. Sans doute

Ces derniers temps, ce phĂ©nomĂšne a pris une telle ampleur qu’on a envie de le qualifier de phĂ©nomĂšne de sociĂ©tĂ©. Ailleurs, on parle de Revenge Porn "revanche pornographique" en français.

Le phĂ©nomĂšne a pris de l’ampleur depuis quelques annĂ©es. Mais ces derniers mois, la recrudescence est telle que nous ne pouvons plus nous taire. Un ami me confiait qu’il avait peur de tomber sur une vidĂ©o, une photo d’une sƓur, d’une cousine, d’un ami, tellement personne ne semble ĂȘtre Ă  l’abri.

Pire encore, les victimes de cet odieux chantage qui a des effets indélébiles, psychologiques deviennent des coupables.  Ici, avec la proximité, la petitesse du territoire,  elles sont trÚs vite considérées comme des parias. Surtout que les photos qui circulent sur Internet sont souvent du fait de la victime ou prises avec son consentement. Les internautes ont vite fait de la pointer du doigt oubliant le ou la vraie coupable.

En  Europe, dans certains Etats des Etats-Unis  en Australie, et quelques autres pays, des dispositions lĂ©gales ont Ă©tĂ© prises pour lutter contre ce flĂ©au. Aux Comores, la lĂ©gislation est malheureusement silencieuse, Ă  quelques exceptions prĂšs. En effet, dans l’article 320 de la loi Mourad SaĂŻd Ibrahim, il est dit que : "l’exhibition imposĂ©e Ă  la vue d’autrui dans un lieu accessible au regard du public est puni d’un an d’emprisonnement et de 500 000 francs d’amende".

Autre consĂ©quence directe du Revenge Porn.  Elle vaut une petite histoire bien sordide. Une femme, toujours, aprĂšs avoir constatĂ© qu’une vidĂ©o d’elle a Ă©tĂ© reçue et visionnĂ©e par un sinistre individu qui lui mĂȘme l’a reçue de son ex-petit ami, a Ă©tĂ© obligĂ©e d’avoir des relations sexuelles pour Ă©viter qu’il ne la diffuse Ă  son tour. Elle a dĂ» cĂ©der Ă  cette ignominie, pensant Ă  tort sauver ce qui pouvait l’ĂȘtre. Sauf que l’énergumĂšne a Ă  son tour envoyĂ© la vidĂ©o Ă  un autre garçon, lequel exigera la mĂȘme chose de la femme qui a donc eu des rapports sexuels avec lui. Ca a continuĂ© pendant un petit moment, jusqu’à ce qu’épuisĂ©e, elle finisse par demander Ă  son pĂšre de lui faire quitter le pays. C’était cela oĂč le suicide.

Il est aujourd’hui primordial qu’un Ă©norme travail de sensibilisation soit effectuĂ©. De mĂȘme qu’il est urgent que les victimes de revanche pornographique puissent avoir le courage de dĂ©noncer les coupables. Il nous faut accompagner, soutenir, nous battre avec celles et ceux qui seraient prĂȘts Ă  aller au tribunal. Que des peines exemplaires puissent ĂȘtre prises, ne serait-ce que pour pouvoir endiguer ce phĂ©nomĂšne Ă  dĂ©faut de le stopper.  Il est Ă©galement temps que la lĂ©gislation soit en phase avec l’époque dans laquelle nous vivons parce qu’il n’y a pas de dispositions spĂ©cifiques Ă  ce flĂ©au dans notre code pĂ©nal. Comme dirait mon ami, personne n’est Ă  l’abri.

 

Commentaires