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Après une longue période de discorde entre le personnel du port de Mutsamudu et son directeur, Ali Houmadi, ce dernier vient de perdre la partie. Sans mentionner explicitement sa suspension, une note du vice-président en charge du ministère des Transports, datée du 3 mars, désigne néanmoins une “commission chargée de redresser, superviser et réorganiser” l’établissement.
Celle-ci est composée de neuf membres, certains issus également du ministère des Transports, de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam), de la direction des douanes, de la Chambre de commerce et d’Anjouan stevedoring company (Asc), la société manutentionnaire du port. Elle est tenue de rendre “deux rapports technique et financier aux ministres de tutelle [Transports et Finances] dans un délai ne dépassant pas trois mois”. Parallèlement, la “gestion des affaires courantes” est confiée à un “comité de direction”, composé cette fois du directeur général adjoint, du secrétaire général, de la comptable adjointe ainsi que du chef du personnel de l’établissement portuaire.
La composition de ladite “commission de redressement” ainsi que ses missions ont été discutées le mardi, au siège de la Chambre de commerce, par une autre commission auto-désignée pour “trouver une issue à la crise”, et qui travaille dessus depuis le 27 février dernier. Pour tout dire, cette dernière a été plutôt prise de court par l’autorité ministérielle, comme l’affirme Ahmed Abdou Mdjanga, secrétaire général du syndicat des agents du port.
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Notre commission à nous, comprend le délégué du personnel de l’Eppam, le syndicat, la Chambre de commerce, la douane, la capitainerie du port et le gouvernorat de l’île. La réunion d’aujourd’hui fait suite à celle du 27 février ; nous nous efforçons de trouver des pistes de sortie de crise et de les proposer aux autorités. Mais le ministère a monté sa commission sans nous associer, et celle-ci n’inclut ni le personnel du port, ni l’autorité insulaire. Nous allons quand-même dresser le procès-verbal d’aujourd’hui et le leur soumettre, mais l’on craint que cette commission soit chargée d’une mission louche, laquelle pourrait à la fin léser le personnel, nous a-t-il dit.
Le Port international Ahmed Abdallah Abdérémane (Piaaa), appelé aussi sur les papiers et de façon caduque “Etablissement portuaire public autonome de Mutsamudu (Eppam)”, est en effet secoué par une crise interne depuis plusieurs mois. Ses employés revendiquent le paiement de 10 mois d’arriérés de salaire (6 de 2016, 2 de 2017 et 2 de 2018).
Un autre profond désaccord a en outre longtemps opposé le directeur général et le chef comptable, le premier reprochant au second son “insubordination”, et ce dernier faisant à son tour endosser la responsabilité de tous les malheurs de l’entreprise au premier. La semaine dernière, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été ce doigt d’honneur fait à un attroupement d’agents par le directeur général, devant le siège de l’établissement, alors qu’il était sous escorte de gendarmes.
Les employés en grève le huaient, persuadés que c’était lui qui avait fait capoter la promesse du chef comptable de leur verser deux mois d’arriérés de salaire dans un délai d’une semaine.