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LâocĂ©an Ă perte de vue. Le Coelacanthe, nichĂ© au creux de Moroni, renait doucement mais sĂ»rement de ses cendres. De la piscine Ă dĂ©bordement qui trĂŽne fiĂšrement, au jacuzzi en passant par le plongeoir, on peut dire quâil y a un « avant» et un « aprĂšs».
A premiĂšre vue, dâĂ©normes investissements ont Ă©tĂ© consentis pour faire renaitre ce qui fut, il nây a pas si longtemps, un des joyaux du tourisme national. Soidiki Wuridat, pas peu fiĂšre de « leur bĂ©bé», a longuement expliquĂ© tous les sacrifices auxquels elle et son mari ont dĂ» faire face.
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Nous avons utilisĂ© prĂšs de 100 millions de francs, sans le concours des banques qui pensaient alors que le tourisme Ă©tait un secteur Ă risques, confiera-t-elle. Â
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Un pari, certes, risquĂ© mais qui ne fera pas reculer ceux qui ont cru et qui continuent de croire en ce projet. Pour expliquer cet engouement, il faut peut-ĂȘtre remonter le temps. A lâĂ©poque oĂč le Coelacanthe Ă©tait gĂ©rĂ© par ses parents, Wuridat nâĂ©tait encore quâune petite fille. Elle y passera son temps, y mangera et sây amusera. Câest mĂȘme lĂ quâelle y apprendra Ă nager. Le Coelacanthe symbolise, Ă lui seul, toute son enfance. Ce nâest sans doute pas un hasard si elle oriente ses Ă©tudes dans le transport, le tourisme et lâhĂŽtellerie. «Je suis chef de projet touristique», indiquera-t-elle.
CâĂ©tait un challenge pour le jeune couple qui a dĂ©cidĂ© de quitter la France pour sâinstaller aux Comores, toujours dans lâoptique dâoffrir une seconde vie au complexe hĂŽtelier. Une premiĂšre fois, en 2010, mais la tentative sâavĂ©ra infructueuse, les banques se montrant rĂ©ticentes Ă lâidĂ©e dâinvestir dans le projet. Il reviendra lâannĂ©e suivante, «pour sâinstaller». Sâen suit lâouverture de la Nouvelle Rose Noire, entre 2012 et 2013, une boite de nuit, qui permettra aux deux Ă©poux de mettre en route leur projet.
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Bien que la piscine soit pour lâinstant la premiĂšre attraction des lieux, la gĂ©rante prĂ©voit Ă©galement de «remettre en place les bungalows mĂȘme si ce nâest pas pour tout de suite». «Dans un premier temps, nous commencerons par le restaurant ; pour ce qui est de la piscine, nous prĂ©voyons dây faire des cours de natation et des compĂ©titions, la fĂ©dĂ©ration de natation nous a contactĂ©s pour cela». La plongĂ©e sous-marine est aussi Ă lâordre du jour, sans oublier une salle de confĂ©rence pour les sĂ©minaires, les mariages, les anniversaires, etc.
MĂȘme sâil sâagit dâun Ă©norme challenge, la jeune femme est consciente de la chance qui est la sienne. «Je suis venue avec un projet ; le site appartenant Ă mes parents, je rĂ©alise la chance qui est la mienne. Ăa me tenait Ă cĆur de lui donner une seconde vie en mettant Ă profit mes compĂ©tences», argumente-t-elle.
Wuridat ne regrette pas dâĂȘtre revenue aux Comores, loin de lĂ .
«Jâai toujours gardĂ© en moi lâoptique de repartir si notre projet ne marchait pas», avouera-t-elle. Elle ajoutera : «je pense quâil est bon Ă©tant jeune de prendre des risques malgrĂ© le fait quâil y ait beaucoup dâembĂ»ches, le tout est dâavoir les reins solides et dây croire». Elle pense mĂȘme «quâelle ne pourrait plus revivre en France».
Ă voir, tout ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, on ne peut que lui donner raison. En cet instant, des dauphins passent presque « devant» nous, comme pour approuver ses propos. Les yeux brillants, elle dira simplement «que les cĂ©tacĂ©s passaient tous les jours Ă 13h et à 17 h». Encore un rĂȘve, que lâon doit cette fois-ci Ă Dame Nature.
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