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Nous avons tendance Ă parler de la transhumance politique et de son lot de retournements de vestes. Le constat est amer, lâĂ©crire ou en parler nây changera pas sans doute grand-chose. Ce fut comme cela hier, et ce sera sans doute le cas aussi demain. Si bien que parler dâalternance dans ces conditions serait quelque peu exagĂ©rĂ© mais lĂ nâest pas le sujet.
Parce quâil y a cette jeunesse, qui tourne, tourne, bien malgrĂ© elle. Tous les 5 ans, elle est obligĂ©e de montrer patte blanche, par patte blanche, comprenez allĂ©geance au nouveau pouvoir en place. Les jeunes qui auront eu le malheur de parier sur le mauvais cheval, peuvent ĂȘtre virĂ©s.
La cause, en elle-mĂȘme est affligeante : le motif du licenciement est bĂȘte mais bĂȘte Ă pleurer : âwola kadja ka ndasiâ. Traduction, il ne nous a pas soutenus. Il nâa pas fait campagne pour nous. Il nâa pas Ă©tĂ© âdu bon cĂŽtĂ©â.
Ce jeune peut avoir tous les diplĂŽmes du monde, une bonne expĂ©rience et tout ce quâil faut, parce quâil nâaura pas pariĂ© sur le bon cheval, il se verra remercier.
Se faire virer, pour peut-ĂȘtre, laisser la place, Ă ceux qui auront pariĂ©, eux sur le bon cheval. Les rĂ©gimes se succĂšdent et se ressemblent. Le sursaut attendu ne vient pas.
âLes rĂ©gimes se succĂšdent et se ressemblentâ
Les jeunes pour ne pas se faire licencier, sont obligĂ©s de littĂ©ralement sâaccrocher Ă la veste de celui qui a un bout de pouvoir durant cinq ans, ils sont obligĂ©s de se rĂ©pandre en politesse et autres affabilitĂ© pour espĂ©rer garder leur gagne-pain. Et ce faisant, perdent leur dignitĂ©.
Tenez, il nây a pas une semaine, dans une grand-messe politique, certains directeurs de sociĂ©tĂ©s dâEtat ont obligĂ© leurs employĂ©s Ă sây rendre. Et ces jeunes, lâont fait. Ne pas y aller, câest sâexposer Ă des reprĂ©sailles qui peuvent impacter durablement leurs carriĂšres. Pourtant, cette rĂ©union nâavait rien Ă voir avec ce pourquoi, ils ont Ă©tĂ© recrutĂ©s. En tout cas, nâaurait dĂ» rien Ă voir.
A nos jeunes, on leur dit, nâayez aucune conviction, nâayez aucune idĂ©ologie, ne rĂ©flĂ©chissez pas, suivez le pouvoir. Ne le critiquez surtout pas, vous pourriez y perdre bien plus que des plumes. Ne vous accrochez Ă aucune idĂ©ologie, ceci ne vous servira Ă rien.
Zéro conviction, zéro idéologie
Ne pensez pas, ou alors quand vous le faites, câest pour parier sur le bon cheval. Tout le temps, tous les 5 ans.
Et dâailleurs, lors du prĂ©cĂ©dent rĂ©gime, ce sont les partis politiques qui naissaient presque tous les jours. Leur leitmotiv ? Rejoindre la mouvance prĂ©sidentielle. Aujourdâhui, les temps ont changĂ©, ou peut-ĂȘtre que la loi sur les partis est passĂ©e par lĂ .
Toujours est-il que ce sont des associations de jeunes, qui naissent toutes les semaines. A quelques exceptions prĂšs (en vĂ©ritĂ©, jâignore sâil y a une ou des exceptions), elles ont toutes prĂȘtĂ© allĂ©geance au camp prĂ©sidentiel. Ces jeunes-lĂ se trouvaient pour certains dâentre eux, dans celui dâen face, celui des vaincus.
Ils se retrouvent (pas tous) Ă verser dans le âgriotismeâ, et autre propagande pour pouvoir garder leurs places, espĂ©rer Ă©voluer dans leurs carriĂšres, remporter deux ou trois marchĂ©s. Certains des jeunes dans ces mouvements, le font sans doute par conviction. Dâautres non. Ou alors leurs convictions durent le temps dâun rĂ©gime. Date dâexpiration : fin du rĂšgne.
Et puis, il y a les autres, qui croupissent dans âles couloirsâ, toujours pour les mĂȘmes raisons.
Payés à ne rien faire
PayĂ©s Ă ne rien faire parce quâils auront pariĂ© sur le mauvais cheval. Ils se contenteront dâaller âpointerâ, sont tout sauf productifs ( parce quâon ne les laisse pas travailler) et sont par voie de fait, ostracisĂ©s. Talentueux ou non, le directeur ou le ministre nâen aura cure. Mais, cela (aussi) est un autre sujet.
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Alors que nous nous acheminons vers des Assises Nationales, vantĂ©es comme lâultime solution Ă la mauvaise gouvernance qui mine la RĂ©publique, il faudrait aussi penser Ă la jeunesse. A son Ă©panouissement. Il est grand temps de laisser les jeunes avoir leurs propres croyances, sans que celles-ci nâinterfĂšrent dans lâĂ©volution de leurs carriĂšres.
Faisons en sorte, que nos enfants, vos enfants, les enfants de la RĂ©publique nâaient pas Ă choisir entre avoir une conscience et un job. Avoir une idĂ©ologie et une carriĂšre. Que la RĂ©publique rĂ©compense les plus mĂ©ritants quelles que soient leurs affinitĂ©s politiques, parce que câest la RĂ©publique qui en sortira, en premier, vainqueur.