“Les choses doivent être faites, toujours, dans la quête de la vérité et la justice. C’est dans ce sens que je demanderais à la famille du regretté Adinane Saïd Mohamed Tanchik de porter plainte afin que les responsabilités des uns et des autres puissent être engagées”, a déclaré dès le début de notre entretien, le secrétaire général de la présidence Sounhadj Attoumane. Ce cardiologue de formation qui nous a reçus à la présidence ce 9 novembre estime qu’il est primordial “dans une démocratie d’en faire jouer les instances”.
Le praticien, a, tout le long de notre entretien, regretté “fortement” le sentiment d’impunité qui sévit, dans le milieu hospitalier. Pour en revenir au regretté, il a précisé ne pas connaitre le fin fond de l’affaire. Mais se pose des questions en tant que médecin. “Je n’ai pas mené d’enquête. En revanche par votre journal, j’ai appris que l’artiste, en arrivant à El-Maarouf ne venait pas de chez lui mais d’une clinique privée.
Cette information change évidemment les données”, a-t-il indiqué. Et de poursuivre : “si Adina était dans une clinique, cela veut dire qu’il était malade au point d’être hospitalisé, à quel point je ne le sais pas. Mais s’il a quitté cette clinique pour l’hôpital de référence, cela implique que son état était très grave, au point que les médecins de la clinique en question ont eu besoin des services d’urgence ou de réanimation”.
En matière de soins, il y a les temps des soins. Il s’agit du temps médical, du temps de diagnostic, du temps thérapeutique. La survie du malade peut dépendre du respect de ces temps, surtout en matière d’urgence. “Au vu de ce qui est dit, je peux tirer quelques remarques : « ce patient venant d’une clinique, adressé aux urgences, s’il avait besoin d’oxygène, il aurait dû être oxygéné dès la clinique. Si cette dernière n’a pas pu l’oxygéner avant de l’acheminer au service des urgences, c’est une faute”, a-t-il dit. Et de se demander “si l’ambulance qui a assuré son acheminement était lui-même pourvu en oxygène”.
Maintenant pour ce qui est de son arrivée à l’hôpital, une enquête devra déterminer le temps de prise en charge du patient, le temps du diagnostic et celui de la thérapie. “Que demandait le patient comme traitement, comme intervention, et comme médicament”, s’est interrogé cet ancien ministre de la Santé.
A ce moment-là, on pourra déterminer si l’hôpital manquait d’oxygène ou non, tout en ayant conscience que parfois dans les structures hospitalières, un malade peut avoir besoin d’une chose qu’on doit chercher ailleurs. Le cardiologue a insisté sur l’importance du temps, notamment en matière cardiologique. “Un malade peut être sauvé ou perdu en 3 minutes”.
Pour ce qui est de l’amélioration de la prise en charge en général, cet ancien conseiller en charge de la Santé du chef de l’Etat, Azali Assoumani a fustigé “un problème d’organisation et de fonctionnalité, rendant inopérantes des personnes pourtant bien formées”. Il a aussi évoqué l’urgence de mettre en place un dispositif d’évaluation du personnel médical, des médecins aux infirmiers en passant par les brancardiers.
“Il est important que les personnels soient évalués, notés, mis à l’épreuve”, devait-il conclure. Notre interlocuteur, loin d’être fataliste, estime qu’il reste aux pouvoirs publics de s’emparer à bras-le-corps de ce sujet.