Combien de filières compte aujourd’hui l’Entp?
Nous avons six spécialités : maçonnerie, électricité, mécanique automobile, plomberie et sanitaire, électronique, froid et climatisation. La formation dure deux ans et est sanctionnée par un Cap, ou Certificat d’aptitude professionnelle. En dessous, nous avons aussi les classes du lycée professionnel [avec le bac technique au bout du cursus], seconde, première et terminale. Ici nous avons deux spécialités : les Stc ou Sciences et techniques en construction, et les Sti, ou Sciences et techniques en industrie. L’établissement peut également dispenser des formations spéciales à la demande d’entreprises ou d’organisations diverses.
Combien d’élèves avez-vous cette année et quelle est la filière la plus fréquentée ?
Je n’ai pas sur place le chiffre exact mais il doit atteindre les 480 élèves. La filière qui compte le plus d’inscrits demeure l’électricité. Nous sommes parfois obligés de les réorienter ailleurs faute de places.
A combien s’élève votre budget de fonctionnement annuel ?
Nous n’avons pas de budget… L’établissement fonctionne avec les droits des élèves et en fonction du paiement de ces droits.
Mais à combien peut s’élever votre budget prévisionnel ? Combien vous en faut-il pour faire fonctionner l’école convenablement ?
Avec quinze millions de francs, et non inclus les salaires des enseignants, l’on pourrait s’en sortir. Il faut savoir que nos besoins sont coûteux. Ce ne sont pas des craies, comme dans l’enseignement général, mais par exemple du fer, du ciment pour la filière bâtiment, des appareils pour l’électronique… Or un élève paie un droit de 15 000 francs annuels seulement. C’est insuffisant. En plus, ce ne sont pas tous les élèves qui s’en acquittent facilement. Cette année par exemple, jusqu’à maintenant, ce sont essentiellement les nouveaux inscrits en première année et ceux de la seconde qui ont payé, parce qu’ils sont en quelque sorte obligés. Mais les élèves de deuxième année et ceux de première et terminale, eux sont déjà dans l’établissement, ils ne se pressent alors pas de payer. Et pourtant ils en sont malgré tout à réclamer du matériel pour leurs cours de pratique. Mais comment allons-nous les acheter s’ils ne paient pas leurs droits ?
Justement, quelle est cette grogne des élèves qui a secoué l’établissement les semaines passées ? C’était cela leur revendication, des outils pour leurs travaux pratiques ?
C’est une affaire tortueuse, je préférerais ne pas en parler. Un enseignant est ici pour enseigner, et s’il a un besoin en quoi que ce soit, c’est à nous qu’il doit s’adresser…
Nous pensions que le mécontentement venait des élèves, mais là vous nous parlez plutôt d’enseignants…
Un élève nouvellement inscrit ne peut pas manifester du mécontentement et dire qu’il fait grève, trois semaines seulement après la rentrée, pour réclamer du matériel de pratique. C’est insensé. Car c’est un laps de temps trop court, il n’a même pas eu le temps d’assimiler les cours théoriques qu’on lui a dispensés.
Donc ce cas, ce sont des enseignants qui étaient derrière ce mouvement d’humeur imputé aux élèves… ? Pourquoi ?
En tout cas cet épisode est déjà derrière nous, il n’y a plus de problème en ce moment ici. Cela dit ce problème de matériel se pose effectivement, et c’est normal au vu des moyens dont l’établissement dispose. Mais nous essayons de faire de notre mieux pour y remédier. Les enseignants viennent nous faire part de leurs besoins en équipement, nous les recensons et achetons progressivement le matériel demandé, au gré des recettes que le paiement des droits des élèves génère. C’est une folie que de croire que les 15 000 francs payés par un élève peuvent suffire à lui assurer une année de formation. Prenez une filière comme le bâtiment : ne serait-ce que le ciment, combien coûte un sac aujourd’hui ?
Cette école a été créée avec l’aide de la coopération française. Ce partenariat existe toujours ? Recevez-vous des aides autres que publiques ?
Ce partenariat existe toujours, l’Union européenne aussi nous aide. Mais ces partenaires nous aident au niveau des investissements. Elles peuvent nous construire des salles, nous équiper par exemple en générateur… il y a eu ce dortoir qui a été construit grâce à ce partenariat… mais il revient à l’Etat comorien de prendre en charge les dépenses de fonctionnement.
Enfin quel message souhaitez-vous adresser aux autorités, à la population… ?
Je les assure que malgré les difficultés, notre établissement progresse dans le bon sens. Nous recevons des étudiants des autres îles, parfois nous avons un excédent, surtout en électricité. Nous recevons même des étudiants sortants du centre universitaire de Patsy, qui viennent chercher du savoir-faire, gage d’une insertion plus rapide dans le monde du travail. Ici, les jeunes ont une assurance de gagner leur vie.