Jeudi dernier s’est tenue l’audience d’une affaire opposant une quadragénaire à son supérieur hiérarchique, employés tous deux par la Banque fédérale de commerce (Bfc). Jetant un pavé dans la mare, la plaignante a accusé le chef des ressources humaines de « l’avoir violemment poussée» en exigeant bruyamment «qu’elle sorte de son bureau » alors qu’elle s’y était rendue pour une affaire de congés, fin mars 2024. «Je demande à ce que l’accusé soit reconnu coupable de violence et voie de fait, un mois d’emprisonnement avec sursis, 20 000 francs d’amende et la diffusion de la peine dans les journaux», a requis le substitut du procureur, le jeudi 10 octobre dernier. La quadragénaire, qui a dénoncé un management « toxique » et une atmosphère «délétère », dit être sortie de cet épisode«profondément traumatisée». «A la barre, elle a répété «s’être sentie constamment harcelée moralement sur son lieu de travail».
Défendue par un groupe d’avocats, à la barre, l’un de ses conseils, Me Tadjidine Ben Mohamed, a plaidé « une sanction exemplaire pour que les femmes ne soient plus harcelées ou malmenées en milieu professionnel». En outre, il a évoqué l’histoire d’un autre cadre de la même banque qui a fini devant les tribunaux du pays, «lui aussi était harcelé, rétrogradé, humilié, il faut que cela change», a-t-il dénoncé lors de l’audience.La plaignante, salariée de la Bfc depuis une quinzaine d’années, « rétrogradée à un poste subalterne ne perçoit plus que la moitié de son salaire».Le mis en cause, costume bleu de cadre de rigueur et souliers minutieusement vernis, a seulement reconnu «lui avoir hurlé dessus parce qu’excédé». En revanche, il a nié l’avoir poussée. Il a ainsi expliqué qu’au moment des faits, «il était assis à son bureau» et la jeune femme se tenait sur le pas de la porte. Comme pour démontrer que toute altercation physique était impossible. «L’avez-vous invitée à s’assoir ?», l’a interrogé le président du tribunal, mais il a reconnu ne pas l’avoir fait. « Nous nous demandons pourquoi la plaignante a mis autant de temps à porter plainte», a feint d’interroger Hamadi Tony, l’avocat de l’accusé. Il a dénoncé «un acharnement contre son client qui n’est en rien le représentant de l’institution financière».
La défense a tenu à rappeler que la plainte déposée visait «son client en tant que personne et non en tant que chef des ressources humaines de la Bfc». S’adressant aux magistrats, et dans une tentative vaine de minimiser l’agression, au moins verbale, de son client, l’avocat a tenté : «Il vous arrive aussi de crier pour obtenir le silence dans la salle d’audience.» «Une comparaison qui a été peu appréciée par les magistrats. «Aucun texte n’autorise un chef hiérarchique à crier sur son employé», a répliqué l’un des juges.Me Tony Ahamada faisant valoir, qu’aucune des infractions n’étant constituée, a demandé la relaxe pure et simple de son client ainsi qu’une large communication. Le verdict est attendu le 14 novembre prochain.