Une délégation du village de Mbambani a été reçue par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, ce mardi dans la salle de conférence de son ministère. L’objectif de cette rencontre selon les membres de cette délégation était de se défendre “face aux accusations qui ont été proférées à l’endroit de notre village, lesquelles faisaient état de notre protection vis-à-vis d’un réseau de pédophilie”, selon le porte-parole désigné, Moussa Moindjie, professeur d’histoire-géographie.
Ce dernier en a profité pour démentir “catégoriquement” l’expulsion de la famille de la victime supposée d’attouchements sexuels (voir notre livraison d’hier). “Nous avons expulsé le mari de la mère de la victime qui salissait l’honneur de notre village mais cette expulsion répondait plus à une mesure de sécurité. En effet, la jeunesse était très remontée contre le monsieur et nous avons eu peur qu’il ne lui arrive un malheur”, a-t-il précisé. Un notable a ajouté : “Amani M’madi (mère de la victime, ndlr) peut rentrer au village avec ses enfants mais qu’elle sache que nous n’irons pas la chercher”. La délégation a, par ailleurs, assuré que deux plaintes allaient être déposées incessamment, une contre l’avocat, l’autre contre le mari de Amani M’madi, toutes pour diffamation.
Réagissant au nom du ministre de l’Intérieur, Said Athoumani, coordinateur des préfectures a assuré qu’une médiation entre la famille de la victime et la localité va être mise en place. “Nous avons pris l’engagement de ramener la famille à Mbambani mais sans le mari, pour celui-ci nous attendons que la température baisse avant de tenter un retour dans son foyer”.
Le village qui se défend d’avoir pris parti pour l’un ou l’autre des protagonistes de cette fâcheuse affaire n’aurait-il pas été mieux inspiré s’il avait expulsé et l’agresseur supposé et le beau-père de la victime le temps d’y voir clair ? Mohamed Daroueche Abdallah, notable de son état a assuré que oui :”nous aurions dû y penser”. Pourtant, Moussa Moindjie, professeur d’histoire-géographie, ce mardi a fait savoir que “le village se serait attendu que l’agresseur présumé soit placé sous mandat de dépôt mais après les investigations inhérentes, il est juste soumis à un pointage au tribunal”.
Dans tous les cas, Amani M’madi dont toute la famille est hébergée dans une localité voisine, ne décolère pas. Contactée au téléphone mardi, elle accuse toujours Mbambani de l’avoir chassée. “Il ne peut en être autrement, dès lors qu’ils ont chassé mon mari, celui qui assurait notre défense et notre protection, ils m’ont chassé”, a-t-elle regretté. “Ils devraient reconnaitre leur tort au lieu de s’enfoncer de la sorte, mon mari paie le prix de la dénonciation, ils ont fait le choix de soutenir une famille plus puissante que la mienne”, a ajouté notre interlocutrice.
La sage-femme ne comprend pas qu’on puisse mettre en doute la parole de son enfant. “Ils n’étaient pas présents au tribunal, ils ne peuvent donc pas savoir ce qui s’y est dit”, a-t-elle martelé. Najda Said Abdallah, présidente de l’association Mwana Tsi wa Mdzima, qui lutte contre les violences faites aux enfants, a fait part de sa tristesse. “Nous sommes tristes parce que les victimes sont encore réduites au silence dans certaines villes. Le président de la République doit agir en ordonnant aux autorités concernés de protéger les citoyens”.
Une plainte pour “attouchements sexuels” présumés sur mineur et “pédophilie” supposée a été déposée le 4 octobre dernier contre un certain Patrick, originaire d’une autre localité mais ayant épousé une femme à Mbambani. Depuis le dépôt de cette plainte, l’affaire a connu des soubresauts dont le point d’orgue est sans nul doute “l’expulsion de cette famille”, en tout cas celle du mari.
Les réseaux sociaux ont manifesté leur soutien à son endroit. Une cagnotte a même été lancée en ligne, qui lui sera entièrement reversée. On rappellera qu’il y a quelques mois, les autorités ont appelé tous les acteurs à jouer leurs rôles pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux enfants.
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