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Relations au sein du couple en islam I L’homme a-t-il le droit de frapper sa femme ?

Relations au sein du couple en islam I L’homme a-t-il le droit de frapper sa femme ?

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Said Omar Dahalani, un prédicateur de la capitale a estimé qu’il était du devoir de l’homme de frapper sa femme afin que celle-ci le respecte, que c’était une prescription coranique. Un argument rejeté en bloc par le théologien et spécialiste en droit musulman, Kassim Mohamed-Soyir Bajrafil.

 

En fin de la semaine dernière, Said Omar Dahalani, un prédicateur volontiers polémique, a livré son sermon habituel dans une mosquée de la capitale, comme cela se fait régulièrement après la prière de l’après-midi pendant le mois sacré du ramadhan. Le sujet aurait pu susciter un énorme scandale ailleurs, mais ici, il est presque passé inaperçu à l’exception de quelques réactions individuelles outrées. Voici ce qu’il a dit : «Si l’on ne frappe pas son épouse, elle ne nous respectera jamais», a-t-il cité un adage swahili.

 

«L’époux doit trouver la possibilité de la gifler, ne serait-ce qu’une seule fois. Sinon, elle n’aura jamais peur de lui », a-t-il affirmé. Plus loin, le religieux a estimé que les violences conjugales sont une preuve d’amour. «Un mari qui n’aime plus sa femme la répudie. S’il en vient à la frapper, c’est qu’il cherche une solution», a-t-il poursuivi. Un fidèle glisse : «Disons qu’après la gifle assenée par son époux, l’épouse rend le coup… ». Le religieux répond sarcastiquement, laissant entrevoir sa vision de la gent féminine : «Cela voudrait dire qu’elle est son égale. Dans une telle situation, l’époux doit alors s’assurer d’avoir avec lui un bout de bois ». Sur fond de rires de fidèles musulmans, la séquence est devenue virale. Pour beaucoup, les propos du religieux encouragent les violences faites aux femmes.


«(…) Je vous avoue tout le dégoût et tout le courroux qui me traversent, lorsque je vois que des musulmans, qui pis est se disant détenir la connaissance et la compréhension du Livre – Saint de l’islam, incitent aussi ouvertement à violenter les femmes, en ce début de XXIème siècle », a réagi Kassim Mohamed-Soyir Bajrafil, linguiste et théologien franco-comorien de renom, contacté par Al-watwan en début de semaine.


Dans la réaction envoyée à Al-watwan, longue de 7 pages, celui qui est également spécialiste en droit musulman s’est évertué à expliquer l’origine du fameux verset souvent brandi pour justifier les violences conjugales et à contextualiser sa révélation. Il a également rappelé que le meilleur des hommes, pour les musulmans est le prophète Mohamed. «Il se trouve qu’il n’a jamais frappé personne comme c’est de notoriété islamique, sauf en cas de bataille, encore moins une de ses épouses», rappelle l’essayiste de 46 ans. Et il poursuit : «Bien que les savants musulmans le datent avant la révélation de notre verset, sans une grande certitude, du moins chez certains, il peut être considéré comme l’abrogeant – auquel cas il peut être répondu clairement que l’islam prohibe de violenter, pour quelques raisons que ce soit, la femme».


Ce n’est pas Biheri SS, féministe et présidente de l’association Bora, qui contredira le théologien.  «Ce discours sexiste qui essentialise les femmes relève tout simplement de l’apologie de la violence domestique. Ça ne devrait pas être toléré dans une mosquée. La société a le devoir de respecter et protéger les Comoriennes et ce genre de propos ne peuvent se tenir impunément».


«Aujourd’hui, comme l’esclavage, frapper une femme n’est accepté nulle part, et c’est une excellente nouvelle. C’est ce vers quoi tendent les textes musulmans, n’en déplaise aux esprits malades, qui veulent vivre au 21ème siècle comme on a vécu il y a mille ans. Il est, a fortiori, interdit non seulement de faire usage de la violence à l’intérieur des couples, mais aussi et surtout de l’encourager. Les relations internationales sont régies par des conventions diverses dont nous sommes signataires, nous Comoriens. Nous n’avons pas le droit de ne pas nous y soumettre.

 

Et parmi elles, les conventions portant sur l’égalité des genres», martèle le linguiste. Le prédicateur Said Omar Dahalani n’est pas à son premier coup d’essai, loin de là. Toujours durant ce mois sacré, il a affirmé très-pince-sans-rire que seules les femmes maîtrisant la recette du couscouma (galette comorienne très prisée pendant le Ramadhwani) méritaient d’avoir un mari. Le prédicateur, se tient décidément très loin du concept de la masculinité positive dont les Comores ont abrité une grande conférence qui a vu la présence de la présidente d’Éthiopie en fin d’année dernière.

 

"Le prédicateur Said Omar Dahalani n’est pas à son premier coup d’essai, loin de là. Toujours durant ce mois sacré, il a affirmé très-pince-sans-rire que seules les femmes maîtrisant la recette du couscouma (galette comorienne très prisée pendant le Ramadhwani) méritaient d’avoir un mari".

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