Vous aviez pris part au 36è Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui a vu Azali Assoumani prendre les rênes de la présidence de l’Union africaine, quel a été l’objectif de ce déplacement en tant que membre représentant de l’opposition républicaine et quelle analyse avez-vous faite lors de ce sommet ?
Après avoir posé l’acte de prendre part à un dialogue national, j’ai constaté que le chef de l’Etat a parfaitement compris que tous les citoyens de ce pays ont le droit de participer à tous les sujets d’intérêt général dans la mesure où ils acceptent que nous avons une République et qu’ils respectent convenablement les institutions républicaines. Au moment où notre pays était en train d’être honoré, il a jugé utile d’ouvrir une nouvelle page de démocratie car dans la grande démocratie, les sujets d’intérêt général, l’opposition y prend part et est toujours consultée. C’est une grande marque pour le respect de la démocratie. Je pense que c’est un nouvel acte posé par le chef de l’Etat de faire en sorte que l’opposition républicaine prenne part aux sujets d’intérêt général.
Le projet de la zone de libre-échange continentale africaine sera l’un des projets phares du chef de l’Etat au cours de son mandat, que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Je voulais beaucoup insister sur ce projet en cours de création sur l’ensemble du continent africain. Un projet qui permettra de résoudre beaucoup de problèmes qui frappent notre continent. Il y a un grand intérêt sur le projet de la Zlecaf. Ce projet a été lancé à Kigali au Rwanda en mars 2018, l’accord a été signé et selon un sondage réalisé, 70% des africains ont montré que c’est un pas en avant. Il faut savoir qu’il y a trois choses essentielles à retenir sur ce projet : la taille du marché, la libre circulation des biens et personnes et le commerce interafricain. Le plus important dans ce genre de projet est de faire en sorte d’uniformiser c’est-à-dire constituer un marché continental unifié pour pouvoir demain, attirer les investisseurs.
Dans la logique des choses, la Zlecaf est une première étape qui consiste à stopper, limiter les droits de douane sur les importations et les entraves commerciales. Actuellement, le commerce interafricain représente 16% et en uniformisant le marché continental, on pourra même atteindre les 90% et cela peut créer des millions de débouchés sur tous les domaines. Une autre phase qui pourrait s’avérer importante est l’union douanière qui regroupe la Zlecaf et un nouvel élément appelé tarif extérieur commun (Tec). Celui-ci permet d’avoir un droit de douane commun sur les produits importés. Je pense que c’est l’un des projets phares auquel le chef de l’Etat doit s’atteler pour faire avancer les choses.
Et se mettre à ses côtés pour accomplir à mettre ce projet sur les rails nous sera énormément bénéfique car c’est un projet déjà unifié qui représentera un milliard deux cent millions de clients potentiels. C’est ce dont l’union européenne a réussi à accomplir avec seulement 27 pays et de notre part, on se retrouve avec 55 pays, donc je pense que c’est un projet à ne pas négliger.
Ce serait d’ailleurs les Comores qui seraient honorées si le président de l’Union africaine parvenait à faire bouger les lignes. Son prédécesseur a mobilisé une énorme somme d’argent pour ce projet et j’espère que le chef de l’Etat parviendra à impulser une dynamique permettant de mieux gérer ces fonds pour le continent par rapport aux objectifs fixés sur son agenda.
Avez-vous échangé avec le chef de l’Etat sur des sujets d’intérêt général du pays?
Nous n’avons malheureusement pas eu l’opportunité. Mais, c’est comme si nous avons échangé ensemble en quelque sorte parce que nous avons pris part à tous les travaux sans restriction, que ce soit le mouvement républicain ou la mouvance présidentielle notamment l’organisation patronale. Tout le monde a pris part aux différents sujets où le chef de l’Etat avait une certaine expertise pour pouvoir aider à ce que les Comores laissent leur empreinte dans ce mandat.
Que pensez-vous de ce choix fait à l’unanimité sur le chef de l’Etat comorien par les dirigeants africains ? Pensez-vous qu’il sera à la hauteur de cette mission pour un si court délai d’une année ?
Je pense qu’il le sera. Ce que les gens doivent comprendre, il n’y a pas un président qui peut être sûr et certain qu’il pourra résoudre facilement tous les maux qui frappent le continent, surtout en une année. Il s’agit du 21e président de l’Union africaine depuis sa naissance. Mais ce dont je lui souhaite et compte tenu de ses ambitions au niveau du continent, c’est qu’il puisse prendre le relais sur ce que son prédécesseur Macky Sall a laissé afin de marquer l’histoire du continent.
Quelles sont les perspectives engagées par votre parti pour épauler le chef de l’Etat à accomplir sa mission à la tête de l’Ua ?
Nous nous sommes convenus que chacun se consacrera à son domaine d’expertise afin, de contribuer à sa manière lorsque l’Etat en aura besoin. Nous sommes prêts à apporter notre pierre à l’édifice pour que notre mandature marque les Africains.
En ce qui concerne la situation des migrants sub-sahariens en Tunisie et la traque aux africains de race noire, que compte ou peut faire le nouveau président de l’Ua sur ce que l’on peut qualifier comme son premier défi ?
Il va surement réagir en tant que président de l’Ua mais je pense que ce sont des problèmes qui existent malheureusement depuis la nuit des temps dans notre continent. C’est parmi les avantages qui peuvent ressortir du projet de la Zlecaf à savoir la libre circulation des personnes dans les zones africaines. Je pense qu’il est au courant de la situation mais il faut savoir qu’à part la commission de l’Ua, il y a les organes de décisions qui accompagnent la commission qui travaillent avec le président de la commission sous la houlette du président de l’Ua. C’est une situation qui doit préoccuper les dirigeants africains, espérant trouver une solution pérenne le plus vite possible.