Membre du comité régional des lycéens à l’époque, Ahamada Mdahoma alias Abidjan était membre de la délégation dépêchée par l’ancien président de la République Ali Soilihi Mtsachiwa pour organiser le rapatriement des Comoriens après la tragédie.
Cette année, dans le cadre de la quarante-sixième commémoration, Ahamada Mdahoma a partagé sur Al-watwan ce dont se rappelle encore du “Kafa la Mdjangaya”. Selon lui, tout a commencé par une bagarre entre un enfant comorien et un autre enfant malgache de la tribu des Betsirebaka.
“Ils avaient l’habitude de jouer ensemble dans la cour de leur maison à Majunga. Mais ce jour-là, au lieu de jouer, l’enfant malgache commença à proliférer des insultes au petit comorien, faisant le tout pour tout pour qu’ils se battent. Après avoir supporté à deux, trois tentations, ce dernier céda et ils se mirent à se battre.
Trois jours après s’être battus, l’enfant Betsirabeka qui a gardé la revanche envers le Comorien pour l’avoir battu, lui lança au visage un sceau d’eau sale et puante. Pris de colère, l’enfant comorien lui jeta à son tour des excréments au visage : ce qui est considéré comme souillure par cette tribu. Pour une éventuelle solution, les parents de l’enfant comorien ont voulu donner de l’or et des vaches. Mais les Betsirebaka refusèrent”, a-t-il raconté.
Une réunion d’urgence convoquée par le président Ali Soilihi
Et de poursuivre : “c’est de là qu’ont commencé les affrontements entre Malgaches et Comoriens. Les Malgaches ont fait usage de machettes pour blesser et tuer environ 2000 comoriens. On déplore 1269 morts, 285 blessés gravement et 1050 moyennement blessés”, a-t-il indiqué. “L’ancien président convoqua une réunion d’urgence au cours de laquelle, il a donné les indications liées à notre déploiement à Madagascar. Parmi elles, rapatrier à Moroni les maorais qui s’y trouvaient, ne pas accepter l’aide de la Croix-Rouge malgache ou française, ne pas accepter l’aide matérielle du gouvernement malgache. Toutes les charges revenaient à l’Etat comorien. Le 7 janvier, il y’a eu un renfort de jeunes qui ont réuni dans un seul endroit tous les Comoriens qui se sont retrouvés sans abris”.
Et d’ajouter :”Quand on a organisé le rapatriement et qu’on en a parlé au président malgache de l’époque, il était mécontent de cette décision étant donné qu’il comptait 11 Comoriens dans son gouvernement, une centaine d’officiers dans le corps de la gendarmerie, des ambassadeurs, etc… Ratsiraka a dit prendre en charge les dégâts matériels.
On s’est rendu à Majunga à bord d’un hélicoptère afin de procéder au recensement des Comoriens pour au final pouvoir procéder à l’opération de rapatriement par voie maritime(le bateau Sabena) et aérienne, qui a duré trois mois”. Le chef d’embarquement dit se rappeler avoir rapatrié plus de 16000 comoriens, précisant que “c’est le nombre de Comoriens vivant à Majunga seulement et expliquant que “d’autres Comoriens vivant dans d’autres provinces ont été à l’occasion ramenés à Moroni”.