Fatima Bakar, résidente de Ngazidja, devait renouveler le passeport de sa mère, résidant à Mayotte. Elle a poireauté pendant de longues heures, dans une file d’attente interminable, mais elle l’a quand-même le même jour. « J’ai fait la queue de 8h à 11 heures avant d’être reçue pour déposer la photocopie du passeport et ensuite j’ai dû patienter un bon moment avant de l’obtenir », raconte-t-elle, pensant sans doute avoir perdu un précieux temps.
Elle n’a cependant pas idée de ce que Nadjib Youssouf, un lycéen du Groupe scolaire Brain Trust, a de son côté enduré, non pas pour un passeport d’un tiers, mais pour obtenir renouveler sa carte d’identité nationale. Le candidat au Baccalauréat pour la session de cette année a en effet perdu sa carte d’identité et a aussitôt demandé son renouvellement auprès de la Direction générale de la police et de la sûreté nationale (Dgpsn). Ce fut un véritable parcours du combattant. « Heureusement, je connaissais une personne qui travaille au ministère de l’Intérieur. Il m’a demandé de lui remettre une copie de ma carte nationale, ce que je j’ai fait. Depuis février dernier, je ne cessais de le consulter, et lui me faisait toujours patienter. Il me disait que les machines étaient tombées en panne… », confie le jeune homme.
Prendre l’avion ou le bateau pour la capitale
Le calvaire vécu par cet élève est peut-être un fait isolé à Ngazidja, mais c’est le quotidien des demandeurs de passeports et autres pièces d’identité de Ndzuani et de Mwali. Ici le délai d’attente officiel est de 45 jours, avant de recevoir la carte nationale ou le passeport demandé. Ce qui fait que, pour les demandeurs pressés, ils n’ont d’autre choix que de prendre l’avion ou le bateau pour la capitale, Moroni.Pourtant, en 2020, lors de l’inauguration du nouveau bâtiment du Commissariat central de la police de Mutsamudu, le chef de l’État, Azali Assoumani, avait estimé que la production de passeports devrait pouvoir se faire aussi à Ndzuani, allant même jusqu’à avertir que si dans un délai de trois mois le commissariat ne se voyait pas doté des moyens techniques nécessaires pour le faire, «ce sera tout le système qui sera déménagé à Ndzuani pour imprimer la totalité des passeports comoriens ». Al-watwan a maintes fois tenté d’interviewer la Dgpsn par rapport à la suite donnée à cette parole du chef de l’Etat, sans succès.Pour rappel, le Comorien qui souhaite disposer de ces documents administratifs doit se prémunir de 5 000 francs pour la carte nationale d’identité et de 40 000 francs pour le passeport.