Â
Une jeune femme qui porte plainte pour tentative de viol et qui quitte le tribunal sous les huĂ©es des femmes, aprĂšs la relaxe de lâagresseur prĂ©sumĂ©, fait froid dans le dos. Pourtant, cette scĂšne aussi choquante soit-elle a eu lieu hier au tribunal de Moroni. Si bien que lâavocat de la victime, pour la protĂ©ger, lâa fait monter dans sa voiture, en prenant soin de remonter les vitres.
A dire vrai, mĂȘme si la scĂšne en elle-mĂȘme est choquante, elle connait ses variantes sous le ciel bleu des Comores. Il nâest pas rare, loin de lĂ , que la victime devienne âcoupableâ aux yeux de lâopinion publique. Il faudrait sans doute un travail profond de sensibilisation Ă lâendroit des hommes et des femmes, pour dĂ©finir ce quâest le viol, pour dĂ©finir ce quâest lâagression sexuelle, pour dĂ©finir ce quâest le harcĂšlement.
Pour revenir au premier cas, dĂšs quâune fille se fait violer, la vie de celle-ci est passĂ©e au peigne fin. Est-elle de mĆurs dissolues, est-ce une femme âde mauvaise vieâ, que portait-elle le jour de son viol ? Etait-ce tard dans la nuit, dans la journĂ©e ? Lâagresseur Ă©tait-il un inconnu pour elle ? OĂč le viol a-t-il eu lieu ? Au domicile de lâagresseur ? Si oui, pourquoi sâĂȘtre rendue chez lui ? A quoi sâattendait-elle en sây rendant ? âOnâ se âsouviendraâ aussi que la victime adorait âles parfums capiteuxâ, qui ont le pouvoir âde tourner la tĂȘte aux hommesâ.
Vous lâaurez compris, toutes ces questions posĂ©es par des hommes et des femmes, enfoncent la victime, qui devient âcoupableâ. Parce que ces interrogations ne servent quâĂ Â justifier le comportement des violeurs et autres agresseurs. Et relĂšvent de la culture du viol. Comme si violer une fille de âmauvaise vieâ Ă©tait moins grave.
Comme si violer une femme qui au moment des faits, portait une jupe courte, un jean ou un dĂ©bardeur Ă©tait une circonstance attĂ©nuante pour le violeur. Nous nâexagĂ©rons rien, câest souvent ce qui se passe ici et ailleurs.
Me revient une discussion houleuse avec une personne, qui pourtant est le porte-flambeau de la lutte contre le viol et la maltraitance. Pour âexpliquerâ la recrudescence de ce flĂ©au, lâĂ©nergumĂšne, dans une analyse aussi sordide que bancale a tout simplement fait savoir que âles adolescentes se faisaient violer parce quâelles se mettaient du parfum et quâelles se peignaient les lĂšvresâ. Non mais oh ! Il faudrait arrĂȘter de penser que les hommes Ă©taient des petites choses fragiles, incapables de refouler leur dĂ©sir sexuel Ă la vue de la moitiĂ© dâun genou ou dâune aisselle.
Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©es, il faudrait que les hommes et les femmes comprennent que rien non mais rien ne peut justifier un viol ou une agression sexuelle. Ni âla mauvaise vieâ supposĂ©e de la victime, ni son accoutrement, encore moins son parfum ou son rouge Ă lĂšvres.
Et ce nâest pas parce que la femme a acceptĂ© un petit bisou sur sa joue gauche quâelle nâest pas en droit de refuser le reste. Câest mĂȘme son droit le plus absolu.
Il faudrait que les hommes et les femmes comprennent quâun ânonâ nâest pas utilisĂ© pour faire part de son consentement. Quand une femme dit non, câest NON . Alors une mineure, son âouiâ COMPTE AUSSI pour un non.
Avis aux adultes dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s qui expliquent souvent leur forfaiture en disant que â la fillette Ă©tait consentanteâ.
Non mais oh!
Â