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Mohamed Issimaila: “Pour nous, la solution est un mariage entre les faits et le droit”

Mohamed Issimaila: “Pour nous, la solution est un mariage entre les faits et le droit”

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Interview / Alors que le ministre Souef Mohamed El-Amine a rencontrĂ© son homologue français au Quai d’Orsay, le 19 avril dernier, Mohamed Issimaila, porte-parole de la prĂ©sidence et membre de la dĂ©lĂ©gation comorienne, a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă  nos questions. Il est revenu sur la proposition de Souef Mohamed El-Amine qui consiste Ă  doter les candidats au dĂ©part de Mayotte, de moyens entre autres financiers ainsi que de la libre circulation des personnes et des biens.

 


AprĂšs la rencontre entre le ministre des Affaires Ă©trangĂšres comorien et français, lors du point de presse du porte-parole du Quai d’Orsay, celui-ci a dans une dĂ©claration, affirmĂ© que la France entendait obtenir des rĂ©ponses claires aux problĂšmes immĂ©diats liĂ©s aux dĂ©cisions rĂ©centes de l’Union des Comores. Il parlait sans doute de la note circulaire toujours en vigueur, Ă©tait-ce un ultimatum ?


La rencontre a eu lieu entre Souef Mohamed El-Amine et Jean-Yves Le Drian et chaque partie a eu Ă  faire des propositions. La partie comorienne a, dans une de ses propositions, souhaitĂ© la mise en place d’un cadre de discussions. Il y a, il est vrai, le problĂšme actuel, la crise actuelle Ă  Mayotte, mais nous l’inscrivons dans un problĂšme qui existe depuis 43 ans.
Ce problĂšme ne peut ĂȘtre rĂ©solu sĂ©parĂ©ment du problĂšme de fond. Si le cadre est Ă©tabli, nous pouvons discuter de la crise Ă  Mayotte mais dans l’objectif d’une rĂ©solution du vrai problĂšme, qui est la souverainetĂ© des Comores sur Mayotte.


Pour ĂȘtre clair, la France entend obtenir des rĂ©ponses claires aux problĂšmes immĂ©diats, comprendre la levĂ©e de la note circulaire, et les Comores refusent de le faire jusqu’à ce que les conditions soient rĂ©unies, dirigeons-nous vers une crise ?


La crise est Ă  Mayotte, tout le monde le sait. Des nĂ©gociations sont en train d’ĂȘtre menĂ©es. Nous avons reçu, il y a quelques semaines, le secrĂ©taire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne. Et Souef Mohamed El-Amine a Ă©tĂ© reçu par son homologue français, il y a quelques jours. Nous avons toujours maintenu le dialogue parce que seul ce dernier peut rĂ©soudre le contentieux entre les Comores et la France. Et puis, pour ceux qui sont Ă  Mayotte, on nous a dit qu’il y en a qui sont volontaires pour quitter l’üle. Nous, nous disons, s’ils veulent partir, qu’ils le fassent mais dans la dignitĂ© et dans le respect de tous les droits, comme cela se passe ailleurs.


Oui mais justement, au sujet des mesures d’accompagnement pour les candidats au dĂ©part de Mayotte, si cette proposition Ă©tait acceptĂ©e par la partie française, ne serait-ce pas une maniĂšre d’entĂ©riner la souverainetĂ© de la France sur cette partie intĂ©grante du territoire comorien ?


Non, mais pas du tout. Nous ne cesserons jamais de dire que Mayotte est comorienne. Et nous ne renoncerons jamais Ă  la souverainetĂ© des Comores sur Mayotte. Maintenant, s’il y a des personnes, qui veulent quitter l’üle Ă  cause des multiples problĂšmes qu’il y a, elles ne peuvent pas partir comme si elles n’y avaient rien construit. Ces gens y ont passĂ© une partie importante de leur vie, aussi, ils ne peuvent pas partir sans rien. Cela ne s’est jamais fait nulle part.


Donc pour vous, cette proposition ne serait pas une maniĂšre d’entĂ©riner la souverainetĂ© de la France sur Mayotte ?


Enfin, dans les discussions, la France n’a jamais demandĂ© Ă  l’Etat comorien de renoncer Ă  Mayotte. Comment voulez-vous qu’on rĂ©ponde Ă  une question qui n’a pas Ă©tĂ© posĂ©e de un. Et de deux, comment voulez-vous qu’on transige sur un principe fondamental de notre Etat, ce n’est pas possible.
Outre ces mesures d’accompagnement, quelles sont les autres propositions de l’Etat comorien adressĂ©es Ă  la partie française ?
L’autre proposition principale rĂ©side dans la mise en place d’un cadre de dialogue pour que l’on sache ce que l’on fait et pour quel objectif.
Et, admettre que ce problĂšme doit ĂȘtre rĂ©solu dans le temps, progressivement.


Vous parlez donc du statut de Mayotte ?


On ne peut pas rĂ©soudre un problĂšme Ă  Mayotte, quel qu’il soit sans avoir en vue son origine.
Et l’origine n’est autre que son statut. La France a une opinion, nous avons la nĂŽtre. Je crois que tout le monde peut comprendre cela, la crise Ă  Mayotte est rĂ©currente. Si nous ne nous attaquons pas Ă  la racine du contentieux, il y aura une autre crise demain. Ce n’est pas la premiĂšre fois que ce problĂšme se pose, Ă  la diffĂ©rence peut-ĂȘtre qu’aujourd’hui, il a pris une autre ampleur.

Si le visa Balladur est supprimĂ© pour qu’il y ait une libre circulation des personnes, ça c’est notre vƓu. Mais s’il ne peut pas l’ĂȘtre, mais qu’il y ait allĂšgement afin qu’il n’y ait plus de morts entre le bras de mer sĂ©parant Ndzuwani de Mayotte, ce serait un plus non nĂ©gligeable

 


A Moroni, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres disait que l’abolition du visa Balladur Ă©tait une option mais qu’il allait plaider pour une libre-circulation des personnes et des biens, oĂč est ce que ça en est ?


La discussion a commencĂ© depuis Moroni avec Jean-Baptiste Lemoyne et elle s’est poursuivie Ă  Paris. Maintenant, la rĂ©ponse est dans le camp de l’Etat français. C’est Ă  lui de rĂ©pondre Ă  cette question. Nous avons une proposition qui est logique, elle va dans la logique mĂȘme de nos revendications. Si le visa Balladur est supprimĂ© pour qu’il y ait une libre circulation des personnes, ça c’est notre vƓu. Mais s’il ne peut pas l’ĂȘtre, mais qu’il y ait allĂšgement afin qu’il n’y ait plus de morts entre le bras de mer sĂ©parant Ndzuwani de Mayotte, ce serait un plus non nĂ©gligeable mais un plus qui n’aura pas rĂ©solu le problĂšme dans son entiĂšretĂ©. Maintenant, nous sommes convaincus qu’un problĂšme qui a durĂ© 43 ans ne peut pas ĂȘtre rĂ©solu en un claquement de doigts.


Mais est-ce que vous ĂȘtes optimiste quant Ă  la libre circulation des personnes et des biens ?


On a le devoir de l’ĂȘtre. Ce n’est pas un droit mais un devoir que d’ĂȘtre optimiste. Il faut espĂ©rer que ce contentieux ait un jour une solution. Et il faut pour cela commencer quelque part.

 


Justement, on reproche Ă  l’Etat comorien, depuis plusieurs annĂ©es maintenant de relĂ©guer la question du statut de Mayotte au profit d’une coopĂ©ration bilatĂ©rale entre les Comores et la France. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de changer de stratĂ©gie, Mayotte s’éloignant de plus en plus ?


Le problĂšme de Mayotte est d’abord politique. Mais il y a Ă©galement des problĂšmes sociaux, sĂ©curitaires qui sont venus s’ajouter au premier. Et chaque problĂšme qui sera rĂ©solu sera un acquis. Maintenant, il nous faut ne pas oublier l’objectif principal qui est de rĂ©soudre le contentieux liĂ© Ă  son statut. Si des solutions Ă©conomiques peuvent contribuer Ă  rĂ©soudre le diffĂ©rend politique, pourquoi refuserions-nous ? On parle quand mĂȘme d’une puissance nuclĂ©aire, ne faut-il pas impliquer une organisation pour la recherche de solution ? Avons-nous les moyens de notre politique, ne faudrait-il pas rĂ©activer les soutiens, Ă  l’instar du ComitĂ© des Sept de l’Union africaine ? Nous sommes preneurs de toutes les bonnes volontĂ©s.


N’est-ce-pas Ă  vous de rĂ©activer les soutiens ?


Cela a Ă©tĂ© fait au niveau de l’Union africaine comme ce fut aussi le cas lors du sommet des Etats arabes Ă  Dammam, il y a une dizaine de jours. Il faut retenir que chaque pays a son agenda. Mais n’empĂȘche que le dialogue entre les deux Etats doit ĂȘtre maintenu. Nous n’avons jamais niĂ© le fait que la France soit une puissance mondiale, membre du Conseil de sĂ©curitĂ©. Nous ne sommes pas en guerre contre la France. Toujours est-il qu’il faut se souvenir d’une chose ou mĂȘme de deux. Il y a des faits, il y a le droit. Pour nous, la solution est un mariage entre les faits et le droit. Et nous estimons que le droit est de notre cĂŽtĂ©.


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