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Abdel Halim Abdel Wanis Al-Shehaibi, ambassadeur de Libye aux Comores I «La présidence comorienne de l’Union africaine a reflété le succès de la diplomatie comorienne»

Abdel Halim Abdel Wanis Al-Shehaibi, ambassadeur de Libye aux Comores I «La présidence comorienne de l’Union africaine a reflété le succès de la diplomatie comorienne»

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L’ambassadeur de Libye en Union des Comores, aborde dans cet entretien les relations de longue date entre son pays et les Comores. Lors de cet entretien qui s’est déroulé dans son bureau à Moroni, Abdel Halim Abdel Wanis Al-Shehaibi a tenu à rappeler que la Libye est le premier pays arabe à reconnaître l’Indépendance des Comores et le premier État arabe à ouvrir une représentation diplomatique à Moroni en 1995.

Que devrait-on savoir des relations diplomatiques entre la Libye et les Comores ?


Tout d’abord, je souhaite saisir cette occasion pour remercier le journal Al-Watan, qui nous tient informés quotidiennement de l’actualité et des événements importants. En ce qui concerne les relations diplomatiques entre les Comores et la Libye, elles sont historiques et remontent aux années soixante-dix, avant même l’indépendance des Comores. Pour soutenir la cause comorienne, une forte délégation libyenne s’était rendue aux Comores en 1973.

 

La Libye avait joué un rôle déterminant dans l’accession des Comores à l’indépendance en 1975, en apportant un soutien politique et financier, notamment lors du référendum pour l’indépendance des Comores. Depuis lors, les relations ont évolué de manière significative. La Libye a toujours soutenu les Comores dans divers domaines, notamment celui de l’éducation, en formant de nombreux cadres comoriens dans des disciplines variées telles que l’armée, entre autres. Aujourd’hui, nous sommes fiers de constater que des Comoriens formés dans les écoles et universités libyennes occupent des postes à responsabilités importants, comme celui de secrétaire d’État pour le monde arabe ou celui de directeur de la police nationale et de la sécurité du territoire.

Quelle importance ont ces relations pour la Libye ?


Pour nous, les Comores signifient beaucoup. Elles représentent un prolongement géographique, culturel et civilisationnel de la présence arabo-islamique en Afrique, notamment dans l’océan indien. C’est un pays stratégique, car il se trouve dans le carrefour entre l’océan indien et la côte est africaine. C’est bien sûr un pays qui a toute son importance. Les Comores sont un don de Dieu, ne serait-ce que pour son paysage pittoresque. Mais le plus important est peut-être la stabilité politique dont ce pays jouit depuis plusieurs décennies. C’est ce qui fait que nous nous sentons en sécurité sur place.

Vous êtes ambassadeur de l’État libyen aux Comores depuis 2021. Quelles ont été vos initiatives en faveur du renforcement de la coopération bilatérale ?

Nous cherchons à développer et à renforcer la coopération dans divers domaines, notamment l’éducation. Des initiatives telles que la participation à des conférences scientifiques, des séminaires et des ateliers, ainsi que les échanges d’expériences avec les enseignants, notamment ceux de langue arabe, sont envisagées pour améliorer l’apprentissage de cette langue, qui exprime l’identité arabe et la culture arabo-islamique.

Nous travaillons également avec la direction des bourses pour relancer les bourses d’études au profit des étudiants comoriens dans diverses disciplines. Dans le domaine des affaires islamiques, la coopération entre le ministère de la Justice et des Affaires islamiques des Comores et l’Autorité générale des Waqfs de la Libye permettra aux Comoriens de participer à des conférences et des concours de mémorisation du Coran. Nous espérons la signature prochaine du protocole d’accord entre ces institutions. Dans les domaines de l’économie, du commerce et du tourisme, des opportunités d’échanges commerciaux et d’investissements existent entre nos deux pays. Les Comores, avec leurs sites touristiques attractifs, ont un fort potentiel pour attirer les touristes libyens et leurs investissements dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie.

La réélection du président Azali Assoumani peut-elle apporter un nouveau souffle aux relations entre les deux pays ?

La réélection du président Azali Assoumani reflète en fait, à mon avis, la confiance du peuple comorien dans son leadership. A cette occasion, je réitère mes félicitations au président de République pour cette confiance en raison de son expérience et de sa perspicacité politique pour diriger ce pays. J’ai déjà transmis les félicitations de son frère, le président du Conseil présidentiel libyen, M. Muhammad Al-Menfi, ainsi que les félicitations du premier ministre et du ministre des affaires étrangères. Nous sommes tous convaincus que les relations bilatérales sous la présidence d’Azali Assoumani connaîtront un développement plus positif.

Au fait, la Libye étant le précurseur de l’Union africaine, quel jugement portez-vous à la présidence comorienne de cette organisation ?

La présidence des Comores à la tête de l’Union africaine a revêtu une importance considérable, et a témoigné du succès de la diplomatie comorienne ainsi que de l’expérience et de l’habileté politique du président Azali Assoumani, tout en soulignant le respect qu’il a su gagner auprès des dirigeants africains. Nous remarquons particulièrement l’énergie déployée durant son mandat pour favoriser la paix dans les zones de conflit de certains pays africains, secoués par des troubles et des guerres. De même, son initiative visant à trouver une solution pacifique au conflit russo-ukrainien mérite d’être soulignée.

Actuellement, que peut-on dire de la situation sécuritaire, politique et économique en Libye ?

La situation actuelle en Libye présente des signes d’amélioration considérable sur les neuf dernières années, marquées par le contrôle exercé par des groupes terroristes sur le pays. La criminalité avait atteint des niveaux alarmants et l’immigration illégale était florissante. Le pays était plongé dans un état d’anarchie. Cependant, le peuple libyen s’est mobilisé pour combattre les groupes extrémistes, en particulier Daech. Suite à la défaite de ce dernier, le gouvernement, avec le soutien des forces de l’ordre, a réussi à rétablir la situation. Les forces armées sont désormais en charge de la sécurité aux frontières.


Le rétablissement de l’ordre a eu un impact direct sur le quotidien des Libyens, qui se sentent désormais beaucoup plus en sécurité. Cependant, les effets de cette amélioration pourraient ne devenir pleinement visibles qu’avec le retour effectif des missions diplomatiques en Libye. Des signes positifs sont déjà perceptibles. On attend également d’autres visites de dirigeants étrangers dans un futur proche.


Sur le plan politique, des efforts tant internationaux que nationaux sont en cours pour répondre au désir du peuple libyen d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes. Pour résoudre la crise libyenne, un processus électoral parrainé par l’Onu est en discussion, sous l’égide de la Mission d’appui des Nations unies en Libye, dirigée par l’émissaire du Secrétaire général des Nations unies, M. Abdoullaye Bathily. Le comité mixte « 6+6 », composé de membres de la Chambre des représentants et du Haut conseil d’État, se réunit régulièrement pour élaborer les lois électorales nécessaires aux élections législatives et présidentielle, dans le but de surmonter les divergences existantes.

Si ces élections ont lieu, seront-elles organisées dans tout le territoire libyen ?

Oui, absolument. Les élections auront lieu dans l’ensemble du territoire libyen. Le peuple libyen ne tolérera pas que les élections se déroulent dans certaines régions et pas dans d’autres. C’est quelque chose qu’il ne pourrait jamais accepter.

Le mot de la fin... ?
Je tiens à exprimer mes sincères remerciements au journal Al-watwan pour cette opportunité d’entretien. Nous espérons ardemment que la sécurité et la stabilité prévaudront dans ce pays frère ainsi que dans toutes les nations du monde. Nous prions pour la cessation des conflits et des tensions à travers la planète, car ces troubles ont un impact négatif sur tous les pays. Nous aspirons donc à ce que la sécurité et la sûreté soient garanties non seulement dans les pays arabes et islamiques, mais également dans toutes les nations du monde.

 

Propos recueillis par Cheha Ali Hamadi et Maoulida Mbaé

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