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Situation économique et monétaire 2022 I Une croissance en légère hausse malgré une inflation à deux chiffres

Situation économique et monétaire 2022 I Une croissance en légère hausse malgré une inflation à deux chiffres

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Le taux de croissance en 2022 est de 2,6% contre 2,2% en 2021, selon la Bcc. Les autorités monétaires projettent une croissance de 3,5% cette année 2023. Elles reconnaissent «un taux d’inflation record de 12,4% » en 2022. La hausse des prix de l’énergie et des transports ont eu une pression et un effet mécanique sur les coûts des autres produits et biens de consommation. La Banque centrale des Comores (Bcc) espère ramener et stabiliser ce taux d’inflation à « 8,4% » jusqu’à la fin de l’année 2023 «grâce au soutien de l’activité économique par le gouvernement et les partenaires au développement».

 

Le gouverneur de la Banque centrale des Comores (Bcc) a présenté hier jeudi 5 octobre «le Rapport annuel 2022» à la salle de conférence de l’établissement en présence des medias et de cadres de l’institution dont la vice-gouverneure, Mme Faouzia Radjabou. Le document de 135 pages brosse la situation économique du pays, l’évolution des agrégats monétaires, l’environnement bancaire du pays et les activités internes de la Bcc.

Les importations ont augmenté de 22,5% en 2022

Le gouverneur, sur un ton à la fois mesuré et confiant, est revenu sur une conjoncture mondiale difficile marquée par «de multiples crises» pour justifier la faible hausse du taux de croissance enregistré en 2022. «Il y a les effets de la Covid-19 et, aujourd’hui, la guerre en Ukraine qui impacte toutes les économies du monde », devait souligner Dr Younoussa Imani, qui reconnait pour autant que «les mesures économiques prises» par le gouvernement ont permis, selon lui, de limiter les dégâts dans un pays fragile comme les Comores.


On se rappelle, entre autres, de la mise à disposition d’un fonds de garantie de 5 milliards de francs aux opérateurs économiques, le gel des paiements de créances pendant plusieurs mois et la baisse du taux de réserve obligatoire à 10% (contre 15%) pour permettre aux établissements bancaires et financiers de disposer de liquidité pour soutenir les ménages et les entreprises.En soutenant cette politique, le gouvernement, sous les directives de la Bcc, avait comme objectif «d’inonder le marché» en denrées alimentaires, limiter l’inflation et soutenir la consommation.

Une contraction de la liquidité bancaire en 2022 

Le taux de croissance en 2022 est de 2,6% contre 2,2% en 2021, selon la Bcc. L’on apprend que la politique des grands travaux engagée par le gouvernement, les infrastructures routières, les chantiers des Btp en particulier, l’appui des partenaires au développement, les subventions de l’Etat accordées à certains segments de l’économie ainsi que les envois de la diaspora ont contribué à cette légère hausse de la croissance économique durant l’année 2022.


Celle-ci a été tirée, selon la Banque centrale, «par le secteur tertiaire avec une contribution passant de 0,8 point de pourcentage en 2021 à 1,3 point une année après, et par le secteur primaire qui a contribué à hauteur de 1 point de pourcentage contre 1,1 point de pourcentage en 2021». Le ralentissement de la croissance s’explique aussi par une baisse de la consommation intérieure qui «a cru de 1,3% en 2022 après 2,9%» en 2021, selon le document. Les importations ont augmenté de 22,5% en 2022, passant de 125 milliards de francs comoriens à 153,2 milliards l’année suivante. Les exportations, elles, ont augmenté de «76,7% », selon le rapport.


«La flambée des prix des matières premières et des coûts des transports (…) ont fortement affecté le pouvoir d’achat des ménages», souligne le rapport de la Bcc qui note toutefois que « la hausse des envois de fonds des comoriens de l’étranger ont permis de soutenir la consommation finale des ménages». Et «cela a permis de contenir le déficit du compte des transactions courantes». Le pays a également connu une légère hausse de la demande extérieure qui passe de 32,5% en 2021 à 36,6% en 2022 grâce à «la hausse des recettes d’exportation de biens qui ont doublé passant de 10,2 milliards de francs comoriens à 20,3 milliards en 2022 et par les recettes de voyage sous l’effet de l’augmentation des arrivées des touristes».


Côté monétaire, la Banque centrale dit avoir noté une contraction de la liquidité bancaire en 2022 «sous l’effet des mesures de normalisation progressive de la politique monétaire post-Covid-19 », lié notamment à la baisse du taux de réserve obligatoire des banques et établissements financiers qui est «ramené à son niveau d’avant la crise sanitaire», soit 15%. Cela a eu un effet direct sur les réserves obligatoires qui «ont fortement augmenté en moyenne de 8,7 milliards pour s’établir à fin décembre 2022 à 24 milliards contre 16 milliards à fin décembre 2021».


La Bcc note une augmentation de la masse monétaire de «11,7 milliards passant de 53,6 milliards au 31 décembre 2021 à 65,4 milliards» en décembre 2022. Le rapport nous apprend aussi une hausse des créances de l’Etat qui passent de 17 milliards en 2021 à 25,1 milliards en 2022 alors que les dépôts chutent et passent de 24,4 milliards en 2021 à 14,3 milliards en 2022. La même année, la Banque centrale a observé une hausse de 29,5% des crédits intérieurs globaux, passant de 112,4 milliards en 2021 à 145,6 milliards en 2022.

Une hausse de 26,3% des crédits à l’économie

S’agissant des activités des banques et établissements financiers, le rapport de la Banque centrale note une augmentation des déposants qui passent de 79.854 en 2021 à 90.388 en 2022 dans les banques classiques (46,5% du marché) contre 263.449 en 2021 et 285.102 en 2022 dans les institutions financières décentralisées -Ifd- (44,4% du marché bancaire), dont 44% occupés par le réseau Meck. Le nombre des comptes de dépôt est passé de « 84.683 en 2021 à 96.878 » dans les banques classiques et de « 299.729 en 2021 à 326.70 » dans les Ifd. Les crédits accordés à l’économie ont connu une hausse de « 26,3% en 2022», passant de «95,4 milliards en 2021 à 120,5 milliards en 2022».


Devant les medias, Dr Younoussa Imani s’est félicité de la hausse du nombre d’emprunteurs dans les banques, estimés à «11.283 en 2022 contre 8.622 en 2021 » et de « 31.283 en 2022 contre 27.073 en 2021 » dans les Institutions financières décentralisées (Ifd). Malgré une baisse de 3% du crédit, le rapport de la Bcc montre que la structure des crédits établie profite au secteur privé et aux particuliers qui ont consommé 46,9 milliards sur les 52,8 milliards enregistrés en 2022 (contre 51,3 milliards en 2021) dans l’ensemble des institutions. Les crédits totaux accordés à la clientèle des banques ont augmenté de «20% » en 2022 pour s’établir à « 120,9 milliards ». Par ailleurs, le Produit net bancaire (Pnb) a augmenté de 24% en 2022, passant à 16,7 milliards contre 12,7 milliards en 2021.


Le gouverneur de la Banque centrale souhaite poursuivre les réformes pour encourager les paiements électroniques et éviter les incidences de paiement qui passent de 401 en 2021 à 448 en 2022, selon un tableau du rapport. Bien que l’on note parallèlement une baisse des créances douteuses « grâce aux efforts » entrepris par le gouvernement et les autorités judiciaires. «Le taux de créances en souffrance mesuré par l’encours des crédits douteux rapporté à l’encours total du crédit est passé de 16,5% en 2021 à 13,9% en 2022», indique le rapport, qui note une hausse de 2 milliards pour s’établir à «6,3 milliards à fin décembre 2022». Nous reviendrons sur les autres aspects du rapport dans nos prochaines éditions.

 

La banque postale "d’ici la fin de l’année"

Le gouverneur de la Bcc annonce l’effectivité de la scission de la Société nationale des postes et services financiers (Snpsf) en deux entités distinctes dont la banque postale qui devrait, selon lui, démarrer ses activités «d’ici la fin de l’année». La Banque centrale avait mis sous surveillance la Banque de développement des Comores (Bdc) et la Banque fédérale de commerce (Bfc) en vue de leur redressement après des indicateurs au rouge. Elle reconnait « des progrès » à la Bdc mais estime nécessaire l’arrivée d’un partenaire pour voler au secours de la Bfc. Dr Younoussa Imani dit qu’il faut «au minimum 10 milliards» pour renflouer les caisses d’une banque en déroute aux Comores. Des discussions seraient en cours pour obtenir un partenaire.
Le gouverneur a annoncé de nombreux chantiers visant à améliorer l’environnement bancaire par une supervision renforcée, une accélération de la politique de bancarisation et des facilitations des procédures et modes de paiement grâce à un «Swift national» attendu d’ici la fin de l’année.

 

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