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Vient de paraitre. «Plaintes» de Zamzam Elhad I Un témoignage sans concession sur les violences faites aux femmes et aux enfants

Vient de paraitre. «Plaintes» de Zamzam Elhad I Un témoignage sans concession sur les violences faites aux femmes et aux enfants

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La parole se libère peu à peu, mais le combat reste long face à une société qui a trop tendance à rejeter la faute sur la victime

 

A un moment où les viols et autres formes d’agressions contre les femmes et les enfants persistent aux Comores, la slameuse et auteure, Zamzam Elhad, s’inspire de témoignages réels, entre autres, pour adresser ses Plaintes. Elle n’y est pas allée de main morte quand il s’agit de pointer du doigt, à travers cette oeuvre, ceux et celles qu’elle considère comme étant les coupables avec, cependant, un langage plutôt familier.


A l’école, à la maison, au travail voire même au sein de la famille, les femmes et les enfants subissent divers harcèlements, viols et autres formes d’agression parfois très graves. Le plus difficile encore pour les victimes, c’est quand elles n’ont personne avec qui en parler et surtout quand leurs plaintes sont prises pour des mensonges aussi bien au sein de la famille que de la société.

Une chose plutôt récurrente de ce côté-ci des tropiques avec le traumatisme qui vont avec et qui, parfois, ne guérit jamais.
«Tais-toi, personne ne va te croire. Tais-toi et discutons du prix. Tais-toi, on va vous marier. Tais-toi, sa famille est noble. Tais-toi, ne nous fous pas la honte. Tais-toi, tais-toi, tais-toi…», une triste vérité dont chaque comorien peut témoigner.

«Tu n’avais qu’à ne pas…»

Comment peut-on vendre la douleur de son enfant pour quelques billets de banque? Pourquoi le Comorien vit-t-il le viol de son proche comme une honte? Comment peut-on concevoir un mariage entre une personne violée et son agresseur?


«Pour l’honneur de la famille, il faut qu’on te lie à lui… Tu te sentiras bien tu verras, loin de cette tragédie accidentelle dont personne en dehors du cercle familial ne saura, à ses côtés très vite tu oublieras… Pense, avant toute autre chose, à notre honneur, à ce que les autres pourraient dire et qui nous pousserait à te maudire (…)
«On ne voit ma vie qu’auprès du monstre, avec lui, désormais, je dois vivre aux côtés de mon cher violeur, celui dont le visage jour et nuit me hante (…)», crie Zamzam Elhad dans le texte Dans mon lit agonisant…».


Certes, la parole de la femme et de l’enfant se libère peu à peu, mais le combat reste long face à une société qui, un peu trop souvent, a tendance à protéger les violeurs et à rejeter la faute sur les victimes : «T’aurais pas dû sortir la nuit. T’aurais pas dû passer dans cette ruelle. T’aurais pas dû te rendre seule au restaurant.

T’aurais pas dû aller à ce rendez-vous. T’aurais juste pas dû sortir. T’aurais pas dû être femme simplement», martèle Zamzam Elhad dans Je suis une femme». C’est bien triste, effectivement. Elle n’aurait «juste pas, dû sortir». Autrement dit, la femme perd même son droit le plus élémentaire : circuler librement dans son pays.

Vous avez dit «justice»?

Pour l’auteure de Identité volée, il n’y a pas que les petites filles qui sont victimes et toutes et tous sont condamnés à vivre avec cette douleur sans jamais pouvoir en parler, «faute de quoi…».


A quand la honte va-t-elle changer de camp? «J’ai voulu en parler, ils m’ont dit : T’es un homme, t’aurais dû te débattre. J’ai voulu en parler et ils m’ont sorti : Tu ferais mieux de te taire, tu risques de mettre en cause ta virilité. 6 mois, 1 an, 2 ans, 5 ans, 8 ans, 12 ans, 15 ans, 20 ans. Je suis un garçon harcelé, agressé, violé (…) détruit. J’en souffre et je me tais».


Plus loin encore, Zamzam Elhad aborde le problème du cyber harcèlement qui fait des victimes aux Comores. Comme témoignage, elle rappelle cette histoire d’une femme dont le conjoint a publié des vidéos et photos intimes d’elle sur la toile. Une pluie d’insultes s’était, alors, abattue sur elle et elle sera bannie de sa localité et de sa famille. Une histoire qui allait conduire sa grand-mère à la mort suite, croit-on savoir, à un arrêt cardiaque. «Déchiré, brisée, détruite, je le suis depuis ce 2 novembre 2016 sous la protection d’Allah, la justice terrestre ayant déserté les lieux».


En 2021, dans son allocution à l’occasion de la célébration de la Journée des droits de la femme, le chef de l’Etat comorien, Azali Assoumani, avait appelé les autorités compétentes à respecter, chacun en ce qui le concerne, le code pénal de sorte que les auteurs de viol soient poursuivis et que les victimes soient protégées.


Malheureusement, le bilan de ces actes barbares ne cesse de s’alourdir et la population continue de courir après des décisions de justice face aux actes de viols.
Jusqu’à quand les choses devront-elles rester ainsi? N’est-il vraiment pas encore temps pour les uns et pour les autres de frapper un bon coup de poing sur la table?

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