Le docteur Mohamed Anssoufouddine a animé, vendredi à l’Ecole de santé, une conférence sur son nouvel ouvrage Corps errants, cœurs malades, la double peine. Cent cinquante étudiants en licence 2 et 3 répartis en plusieurs groupes ont exposé chacun à sa manière les onze récits narrés par le cardiologue. Il s’agit de «récits qui partagent tous en commun des personnes malades du cœur qui errent entre les hôpitaux, entre les îles, entre les pays, trimbalant leurs corps diminués en quête de soin». Une quête des plus difficiles dans un pays dont le système de santé est à repenser avec des hôpitaux que certains n’hésitent plus à qualifier de «mouroirs», où l’aspect économique prime et au sein duquel la relation entre médecins et patients est souvent tendue.
Entre ce futur personnel de santé et le conférencier, le courant est vite passé à tel point que la séance est passée de la «simple» présentation d’un livre à un véritable cours de cardiologie. Une séance de partage d’expérience au cours de laquelle les étudiants ont souhaité voir s’esquisser un début de solution au problème de la relation entre les médecins comoriens et leurs patients «souvent difficile du fait d’un manque de confiance au système de santé», croient savoir certains étudiants. Des étudiants qui se sont, également, étendus sur l’aspect des coûts des soins médicaux qui ferait que certains malades soient réticents à se faire consulter.
«Dans certains cas, les patients font face à de l’arnaque pour des soins parfois inutiles. Orienté vers l’extérieur, une fois là-bas, des médecins mettent en cause les traitements qui ont été prescrit aux Comores alors qu’ils vont recourir à ces mêmes traitements». Dans ces circonstances, le cardiologue exerçant à Hombo à Ndzuani recommande d’»avoir les bonnes adresses» avant de penser à aller se faire soigner à l’étranger.Dans cet ouvrage, Mohamed Anssoufouddine se raconte et relate les coulisses de ses relations avec certains de ses patients et leurs entourages, et revient sur certains problèmes qui selon lui, mettent à mal le système de santé comorien. Des «révélations» qui, soient dit en passant, lui ont valu des reproches de la part de certains de ses collègues.
«Il faut être patient pour voir changer notre système de santé. Il y’a d’autres histoires touchantes que j’aurai pu évoquer dans ce livre, mais j’ai choisi onze cas qui montrent que malgré les difficultés on peut s’en sortir», a expliqué le médecin qui appelle à «mettre fin au discours pessimiste» : «J’ai eu des opportunités d’aller exercer ailleurs mais j’ai choisi de rester avec mes amis et aider à développer le secteur car il nous faut donner de l’espoir à la future génération», devait-il conclure.
