L’équipe du laboratoire de linguistique du Centre national de documentation et de recherche scientifique dirigée par le docteur Abdou Djohar vient de sortir une publication dans laquelle elle propose de changer l’appellation du gâteau «bwantrie» en «ladha». Une déclaration qui fait polémique, notamment, sur le web.
Pour Abdou Djohar et son équipe, ce nom ne «sonne» pas bien : «quand vous le décortiquer vous avez «bwa» (bua) qui signifie «ouvre» et «ntrie» (utria) qui veux dire «introduire quelque chose dans…». «Ce mot ne va, donc pas, avec un nom de gâteau», analyse le linguiste.
Pour leurs adversaires, il faut avoir l’esprit «vraiment tordu» pour penser directement à du sexe en entendant le mot bwantrie qui est utilisé quotidiennement dans de nombreux contextes sans que personne ne songe à lui donner un sens sexuel.
«Disons plutôt «ladha». Après des recherches, on a constaté que le mot bwantrie sonne mal à l’oreille et ne puise pas sa formation dans le shikomori. Il n’a rien à voir avec un gâteau. C’est pour ces raisons que l’équipe du Laboratoire de linguistique du Centre national de documentation et de recherches scientifiques (Cndrs) propose, désormais, le mot «ladha» en lieu et place. Il est du devoir de tous de protéger notre langue. Merci pour votre compréhension.», a partagé l’équipe sur sa page Facebook.
L’équipe du Cndrs a-t-elle le droit de modifier un mot à la place d’un autre pour donner sens à un terme ou une expression en shiKomori? Si, un jour, cela devait être le cas, la liste risque fort d’être longue et ne va pas concerner que les seuls mets. «Hamira, firafira, hafuswa, kandazi, etc., ces mots doivent-ils tous être abandonnés. Par ailleurs, beaucoup estiment «qu’il y a bien plus urgent à faire» en matière de promotion et de valorisation de la langue. Ils citent ces objets qui jusqu’alors n’ont pas d’appellation en Shikomori ou encore ces noms et expressions qui ont complètement disparu de l’usage courant ou sont en voie de disparition.
«Il est vraiment bizarre de donner une connotation sexuelle au nom de ce gâteau. Chaque langue a ses mots qui peuvent paraitre bizarre à certains. Un groupe de gens ne peuvent pas changer un mot entré dans les usages pour la simple raison que ça sonne mal pour eux. Il s’agit-là d’un grave jugement de valeur. On peut considérer que le shikomori à son agro et on n’a pas le droit de changer des mots du jour au lendemain. En ce qui me concerne, je trouve, au contraire, que le mot est drôle. Il y’a un autre gâteau comorien qui s’appelle «firafira» et personne n’a jamais été particulièrement choqué», rappelle, pour sa part, le diplômé en littérature francophone, Antoyi Soulé.
Sur les réseaux sociaux, la polémique bat son plein : «C’est quand même fou de réduire le terme «bwantrie» à une connotation sexuelle. Nos chercheurs seraient-ils aussi pervers que ça? «Bwantrie legari hogarage, bwantriye yembapviza zindru hodukani, bwantriye yeshingo honyunguni, etc.… Allons chers chercheurs, trouvez des choses, mais des choses utiles», a suggéré un internaute.