La ville de Mbeni ya Hamahame décrit la journée du samedi 1er février comme « une journée ténébreuse », marquée par l’assassinat d’« un ange ». Hikima Ahamada, gérante de l’agence Ria et MoneyGram de Mbeni, a été retrouvée morte samedi matin, étranglée, à quelques mètres de Mnungu.La veille, vendredi 31 janvier à 11h, elle s’était rendue à Moroni pour effectuer des opérations financières à Exim Bank. «L’opération a pris fin à 15h. Elle a quitté l’établissement bancaire avec 10 370 000 francs», a déclaré le procureur, qui a annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier et arrêter le ou les meurtriers.

«Hikima était un ange»

Hikma a été enterrée le lendemain samedi vers 11 heures chez elle, à Mbeni. Une foule nombreuse de personnes, majoritairement des jeunes, a assisté à ses funérailles. La grande mosquée de la ville s’est révélée trop petite pour accueillir la foule venue prier pour elle. Beaucoup ont dû le faire à l’extérieur et dans les mosquées voisines.
À Mbeni, la consternation était générale. Famille, proches et amis étaient sous le choc. Ses parents ont témoigné de sa douceur et de sa bonté. «Hikma était un ange. Elle était toujours polie et ne m’a jamais brisé le cœur», a confié sa mère en larmes. Son père, quant à lui, a affirmé avec émotion : «Hikima est déjà au paradis, je le sais et je le sens». Il a ajouté qu’elle avait mémorisé le Coran dès son plus jeune âge et qu’elle s’était toujours investie auprès des jeunes filles de Mbeni pour les encourager à ne pas abandonner l’école coranique. Un membre de sa famille a également rappelé qu’en 2009, Hikima avait représenté les Comores dans plusieurs concours internationaux de mémorisation du Coran, notamment à Dubaï.

Indvoim Moindjie, l’un des premiers jeunes de Mbeni à avoir vu le corps, a raconté les circonstances de la découverte : «C’est une femme qui l’a trouvé dans un réservoir d’eau sur un chantier de fabrication de briques. Ce matin-là, j’ai pris un bus avec un ami, Houdhaif, pour aller à Moroni après avoir passé la nuit à rechercher Hikima».
En dépassant Mnungu, ils ont alors aperçu un camion et une petite voiture arrêtés sur le bord de la route. «Ils ont stoppé le bus et nous ont demandé d’aller voir. Avec Houdhaif, nous avons été les premiers à arriver sur les lieux. Nous avons trouvé une jeune femme coincée dans une citerne plastique blanche de 1 000 litres, la tête en bas et les pieds en haut. Il n’y avait aucun signe de sang. L’eau n’avait pas changé de couleur et ses chaussures étaient introuvables. C’est Houdhaif qui a reconnu Hikima grâce à ses vêtements. J’ai immédiatement prévenu les jeunes de Mbeni et alerté la gendarmerie», a-t-il raconté.

Appel à la justice

Lors d’une conférence organisée par la jeunesse de Mbeni à 16 heures le samedi, les participants ont exprimé leur confiance envers la gendarmerie et la police. Ils ont assuré être prêts à collaborer avec les enquêteurs pour identifier et arrêter les criminels. «Nous avons confiance en la gendarmerie et nous sommes convaincus que les assaillants seront arrêtés en moins de 48 heures. Nous demandons à la justice de faire son travail», a déclaré Indvoim Moindjie.