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Zone de libre-échange continentale africaine I Mama Keita : «Accompagner le secteur privé et renforcer la production»

Zone de libre-échange continentale africaine I Mama Keita : «Accompagner le secteur privé et renforcer la production»

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Après les ateliers de concertation sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui ont eu lieu la semaine dernière, nous avons interrogé la directrice du bureau sous régional pour l’Afrique de l’Est de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Mama Keita, sur les opportunités de la Zlecaf sur les Comores et sur les apports de l’Union des Comores à ce vaste marché. Mama Keita encourage tout le monde à poursuivre le dialogue pour trouver les solutions et lever les contraintes. «La Zlecaf n’est pas pour demain», disait-elle, avant de souligner qu’il s’agit d’»un travail de longue haleine». Interview.

 

Comment est-ce que les Comores pourront profiter de la Zlecaf ?

De manière générale, la zone est supposée attirer plus d’investissements et améliorer le commerce intra-africain, c’est-à-dire les exportations. Cela permettrait aux opérateurs comoriens d’être relativement plus compétitifs sur le marché, puisque leurs produits vont entrer sur le marché africain sans être taxés. D’abord sur le marché africain, mais également à l’extérieur, à des coûts plus réduits. Cela fait partie du processus de production. Concernant la demande africaine de la Zlecaf, l’Afrique représente un marché de 1,3 milliard de consommateurs. Ainsi, tous les entrepreneurs comoriens vont avoir accès à ce même vaste marché. Un marché ouvert à tout le monde quelle que soit la provenance. Il faut donc essayer de capturer une part de ce marché. C’est une grande opportunité, mais il faudra être très entreprenant. L’Etat doit accompagner les entrepreneurs à renforcer leurs capacités productives.

Pourquoi ?

Parce que la demande sera forte et beaucoup plus large. Il faudra accroitre les capacités productives et pouvoir aller chercher une part de ce marché. Avec cela, le potentiel est grand pour aussi créer de l’emploi. Parce que si vous avez l’habitude de produire pour une personne, vous devez produire pour 100 personnes. Vous devez alors embaucher des gens. Donc, le potentiel de créer de l’emploi pour les jeunes comoriens est élevé avec la Zlecaf. Mais le plus important dans tout, cela, reste la capacité à diversifier l’économie, à renforcer le tissu économique à la longue parce que cela rend les économies résilientes. Le fait de dépendre de l’exportation de trois ou quatre produits phares rend le pays vulnérable. Dès qu’il y a un choc sur ces produits, le pays perd ses recettes, tout le monde est impacté et cela freine la croissance. Donc, le potentiel est grand à diversifier l’économie, à promouvoir l’industrialisation, à créer des emplois. Avec cela, ça augmente le Pib et le bien-être de tout le monde. En tout cas, je ne vais pas faire croire que ce sera automatique, ça dépendra du secteur privé qui devra être entreprenant, d’être au courant des opportunités, de savoir où sont les marchés et les niches pour les Comores et aller les chercher. Pour cela, il faut que l’Etat accompagne le secteur privé.

Pensez-vous que les Comores pourront participer à ce vaste marché continental ?

Le pays est extrêmement beau avec des sites touristiques attirants. Le potentiel touristique est énorme. Il faut donc le mettre en valeur. Si le pays arrive à faire les investissements qu’il faut pour attirer le tourisme, rien que ça, c’est énorme pour tirer parti de la Zlecaf. Il y a déjà des atouts par rapport au tourisme, il y a une sécurité dans ce pays, c’est déjà un premier atout pour attirer les touristes. Il y a une vaste diaspora qui a acquis un certain savoir-faire en vivant à l’extérieur, qui connait les goûts des visiteurs potentiels et qui peut aider le gouvernement et le secteur privé à développer le secteur touristique. On regarde les Seychelles où le tourisme représente aujourd’hui plus de 60% du Pib du pays. Pour les Comores, rien n’empêche de faire ça. Prenez un pays comme le Rwanda qui a développé un tourisme de conférence. Ils ont mis un grand centre de conférence et plusieurs hôtels et aujourd’hui, il y a beaucoup de conférences internationales qui se passent à Kigali. Il y a différents types de produits touristiques que ce pays peut développer.

Comme quoi par exemple ?

Par exemple, on peut arrimer la chaine de valeurs touristique à la chaine de valeurs agricole. A partir du tourisme, on peut faire revivre l’agriculture et la pêche. Il y a de très bons poissons ici. Le domaine de la pêche est également une autre filière dans laquelle les Comores peuvent s’insérer et tirer parti de la Zlecaf. Il y a beaucoup de choses dans cet archipel à exporter qu’on ne trouve pas ailleurs. Il y a des filières, il faut travailler et être aussi à l’écoute du secteur privé. Je pense qu’avec un bon dialogue avec le secteur public et une amélioration du climat des affaires, l’Etat pourrait parvenir à attirer les investisseurs, développer certains secteurs tels que la pêche, l’agriculture, le tourisme et faire en sorte que ce pays tire un parti extrêmement important de la Zlecaf et de toute autre opportunité offerte par le monde.

Quelle serait l’offre disponible et potentielle des partenaires pour accompagner au mieux les Comores ?

La Zlecaf envisage d’éliminer les tarifs douaniers. En réussissant cela, il est claire que les pays qui tirent un montant substantiel de recettes douanières du commerce intra-africain, vont être quelque peu affectés. Avec la Zlecaf, on vous demande d’abandonner progressivement ces tarifs douaniers si vous importez beaucoup de l’Afrique. Maintenant, l’Afreximbank, la banque import-export de l’Afrique, est consciente des pertes possibles pour certains Etats africains. Elle est consciente que cela pourrait constituer un frein à la décision de certains pays de ratifier l’Accord. C’est ainsi qu’elle a mis en place un instrument d’ajustement qui va permettre à tous les pays de recevoir une ressource de financement en guise de compensation pour les accompagner à faire face à la perte des recettes douanières. D’ailleurs je saisi cette occasion pour souligner qu’un pays ne peut pas perdre des recettes que s’il avait des commerces intenses avec l’Afrique. Si le pays n’importe pas beaucoup de l’Afrique, il ne va pas perdre ses recettes douanières. Pour le commerce avec les pays hors de l’Afrique, les recettes douanières demeurent en place.

Avez-vous un message spécial pour les Comores ?

Je voudrais féliciter le gouvernement comorien pour avoir organisé cet atelier de concertation sur la Zlecaf. Je voudrais également remercier le président de la République et le président de l’Assemblée nationale pour être les premiers porteurs du projet, pour avoir participé physiquement à l’ouverture de la réunion. C’est un signe de leur bonne compréhension et de leur engagement pour promouvoir l’intégration des Comores au marché africain. J’encourage toutes les autorités et tous les preneurs de décision à ratifier l’accord Zlecaf. Je félicite également la société civile, le secteur privé et toutes les parties prenantes qui ont pris part à ces ateliers de concertation pour essayer de comprendre que signifie la Zlecaf, les bénéfices pour chacun d’eux, mais également pour faire part de leurs contraintes au gouvernement.

Que faut-il faire exactement ?

Il faut ainsi continuer le dialogue. J’encourage tout le monde à continuer le dialogue pour que les solutions puissent être trouvées pour enfin lever les contraintes. Je ne veux pas faire croire que la Zlecaf est pour demain. C’est un travail de longue haleine. Par exemple, l’Union européenne a mis de nombreuses années pour se mettre en place. Ces sont beaucoup d’étapes à mettre en place, de la part de tout le monde. Les femmes et les jeunes sont des pièces maitresses dans tout cela, les moteurs d’innovation dans tous les pays, ce sont les plus connectés, les plus entreprenants. Les deux constituent une force extrêmement importante pour la Zlecaf et peuvent apporter beaucoup d’innovation et créer des avantages compétitifs pour le pays. Donc, ils méritent d’être aidés avec des facteurs qui sont bénéfiques à tous, tels que l’accès à l’énergie pas trop couteuse, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) et à l’accès aux financementsn

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