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Violences faites aux femmes et aux enfants I Le «laxisme» de la justice, peut-il à lui seul expliquer la recrudescence des cas ?

Violences faites aux femmes et aux enfants I Le «laxisme» de la justice, peut-il à lui seul expliquer la recrudescence des cas ?

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Culture du viol, tabou régnant sur le sujet aboutissant au mutisme des victimes, banalisation des agressions, pression sociale, laisser-aller, manque d’études sur le sujet sont quelques-uns des nombreuses causes citées ici et là pour expliquer la recrudescence des actes de violence faites aux femmes et aux enfants. Pourtant, dans ce climat, un seul point prédomine et est mis à l’index par la quasi-totalité de la population : le «laxisme de la justice».

 

Le pays enregistre, depuis quelques années, une montée significative du nombre de cas de violences faites aux femmes et aux enfants. La situation est telle que certains acteurs, politiques et policiers notamment, appellent à des assises nationales pour éradiquer ce fléau. En attendant, nombreux sont ceux qui pointent du doigt «le laxisme» et «l’impunité» dont ferait preuve la justice. Seulement, cette dernière peut-elle, à elle seule, endiguer la recrudescence de ces cas ? Non, si l’on en croit nos différents intervenants, «c’est un facteur prépondérant mais pas un tout». Le responsable du service d’écoute de Ngazidja, Mdradabi Mziarani affirme par exemple qu’il est facile «de se cacher derrière ce constat alors que plusieurs facteurs sont aussi à prendre en compte».


Pour lui, d’autres acteurs, par leurs agissements, contribuent à la montée de ces cas. «Combien de fois avons-nous vu des délégations venir défendre des agresseurs ? Ces gens n’hésitent pas à interférer dans les décisions de justice ou locales et vont même jusqu’à sanctionner les familles des victimes, ce qui a pour conséquence de légitimer la culture du viol. L’erreur serait d’attendre que ces phénomènes arrivent à son propre enfant pour agir parce que «Mwana tsi wamdzima»».


Un constat que partage la conseillère à l’Ong Hifadhu, Fatouma Abdallah Youssouf. A l’en croire, les parents, les écoles, la société et l’entourage des enfants doivent, eux aussi, prendre leurs responsabilités. «Nous devons aussi organiser des causeries dans les écoles, or, on néglige cet aspect. Les enseignants doivent être formés pour mieux faire face à ce phénomène. Mais ce sont surtout les parents qui doivent jouer le premier rôle», déclare-t-elle. Parent et grand journaliste de la place, Ali Moindjié évoque «le laisser-aller» au niveau des produits stupéfiants qui circulent dans le pays. «Nous avons un pays qui n’a aucune politique contre la drogue et où toutes sortes de stupéfiants entrent comme dans un moulin. Evidemment, cela a un impact sur les jeunes», explique-t-il avant d’ajouter que «la finalité de cette situation est la dérive vers la violence y compris à l’encontre de leurs femmes ou de leurs conjoints».

Une police dépourvue

Par ailleurs, Ali Moindjié estime que la justice ne peut pas fonctionner sans la police. L’efficacité de la police, selon lui, est indispensable. «Les magistrats statuent à partir d’enquêtes de police. Sans enquête, il n’y a pas de justice». L’intéressé regrette aussi le manque de formation des forces de l’ordre. «Est-ce que pour les violences faites aux femmes, il existe des experts de police qui savent mener de vraies enquêtes et faire de vrais rapports ? Comment voulez-vous juger les violences faites aux femmes y compris sexuelles si vous n’avez pas de moyens scientifiques pour identifier les Adn des gens ? Je pose ainsi la problématique de la formation et de l’équipement de la police.

Je me suis toujours demandé comment peut-on restaurer la justice en négligeant la police», s’interroge Ali Moindjié avant d’ajouter que le «procureur seul dans son bureau ne peut être qu’impuissant. Dans tous les pays existent les bracelets électroniques pour suivre certains délinquants par exemple, même ça, on ne l’a pas. Il n’y a pas non plus de vraies écoles de police».


Le patron de la police nationale, commissaire Achkal Mohamed abonde dans ce sens et reconnait que «les conditions ne sont pas réunies pour les enquêtes. Pour l’heure, nous ne pouvons qu’agir après les faits et non anticiper alors qu’il y a des services qui doivent jouer ce rôle».Il tient néanmoins à préciser que le phénomène n’est pas nouveau, «seulement, la réalité actuelle fait qu’il est plus exposé. Des gens font aussi des pieds et des mains pour étouffer ces affaires». Conseiller du mufti de la République et ancien député, Ali Ahamada partage cet avis.

 

«L’islam ne légitime pas ces pratiques. Il nous pousse à nous indigner, nous révolter et dénoncer ces actes de violence or la société ne combat pas le fléau, ne le dénonce pas sinon comment comprendre ces délégations qui défendent les violeurs. Il y a beaucoup de choses à faire contre ce fléau. Il nous faut être sérieux dans nos actes, certains comportements tendent à aider le développement de ces pratiques», martèle l’ancien élu du Mitsamihuli-Mbude.

Des mesures qui protègent les enfants

Achkal Mohamed, explique que les peines et les codes ne vont pas résoudre le problème. «Cela passera par l’éducation à tous les niveaux à commencer chez les enfants. Il faut leur apprendre, entre autres, à refuser des cadeaux venant des inconnus». Toujours selon lui, «plusieurs facteurs expliquent ces violences et les nombreux manques qu’il y a dans le pays ne facilite pas notre travail».


Le commissaire propose des «mesures qui protègent les enfants même si ça ne résoudra pas tout». Il appelle ainsi à des assises nationales pour étudier le phénomène et dégager des vraies solutions «parce que ce ne sont pas les peines ni les codes qui résoudront le problème».Une idée que partage le sociologue Mistoihi Abdillah, «la peine de mort est appliquée dans certains pays et pourtant, il y a des crimes. Une peine n’empêche jamais un criminel d’agir, surtout qu’elle vienne après les crimes. Cela ne résoudra donc pas le problème».


C’est donc toute une société qui doit être sensibilisée à ne plus marginaliser le viol, favoriser (inconsciemment ?) la culture du viol et surtout libérer la parole des victimes.
Ce travail doit être fait dans les quartiers, dans les écoles, dans les places publiques et dans les maisons, car souvent, c’est là que se commettent les viols. Dénoncer ces actes de violences est nécessaire parce que la victime, enfant ou adulte, n’a pas choisi de vivre cette tragédie.Cela ne relève donc pas de la sexualité parce qu’il n’y a pas eu consentement. Il s’agit tout bonnement d’un crime et se taire c’est le cautionner, c’est le perpétuer.

 

De l’importance d’une étude

Sociologue de formation, docteur Mistoihi Abdillah est catégorique. Il faut faire le bon diagnostic avant d’agir. «Il n’y a jamais eu d’études sur les violeurs, leurs motivations, leur origine et leurs états tout comme il n’y a jamais eu d’études sur les victimes alors que cela est indispensable pour pouvoir apporter des solutions adaptées à notre réalité», déclare-t-il.


Ce dernier affirme que «les gouvernants et leaders associatifs qui organisent des événements, peu importe leur nature, prétextant qu’ils luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants sans qu’ils cherchent à connaitre et à comprendre les causes de ces violences ne font que de la configuration».


Il ajoutera, «il y a un an, j’ai soumis un projet à la commissaire au Genre, à la ministre de la Santé et à son collègue de la Justice tout comme à la gouverneure de Ngazidja pour leur signifier l’urgence d’une étude sur le phénomène». Le sociologue juge donc nécessaire de chercher à savoir si toutes les régions sont touchées et si c’est de la même manière, le cas échéant comprendre pourquoi certaines sont plus touchées que d’autres.


La recherche de ces données statistiques et d’une étude sociologique sont des préalables selon notre source. «Il faut donc déterminer toutes ces raisons avant de donner d’éventuelles solutions parce que le cas contraire les résultats seront les mêmes et les tournées de sensibilisations ne serviront à rien», fait savoir Mistoihi Abdillah.
Ce dernier soulève un autre problème : le traitement réservé aux agresseurs. «Certaines personnes ne doivent pas être emprisonnées, mais envoyés dans des hôpitaux psychiatriques ou à défaut dans des structures habilitées», dit-il avant de révéler que certains agresseurs sont violents par rébellion.

 

Pour Mistoihi Abdillah, le manque de synchronisation dans la lutte contre ces agressions n’aide pas la cause «il n’y a pas de synchronisation dans la lutte, les acteurs font de l’événementiel, les mouvements de sensibilisation n’apportent rien et ça peut même jouer l’effet inverse» puisque le discours repose essentiellement sur l’impunité, ce qui peut faire croire, à tort, aux agresseurs qu’ils ne risquent rien à cause justement de cette justice laxiste.

 

 

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