Les faits se sont déroulés, selon les informations à notre disposition, la semaine dernière à Siry Zurdani, un village situé au cœur de la région de Djando, à Mwali. L’adolescente de 13 ans serait victime «d’un acte de viol impliquant un membre proche de sa famille ». Une vidéo tournée par la page Facebook de Djando 1ère, on voit plusieurs femmes, avec des membres du comité de veille de la localité, qui sillonnent les rues du village pour exprimer leur colère et dénoncer «cet acte ignoble».

Le principal accusé est, selon les villageois, le frère du père biologique de la jeune fille, lequel serait placé en garde à vue au siège de la direction régionale de la police nationale, à Mdjawashe. L’on apprendra que la fille en question serait transférée à Ndzuani pour fuir la curiosité des villageois. «Un jour, j’étais en garde à la clinique privée du docteur Nassur, à Fomboni, j’ai reçu un appel très tard dans la nuit. C’était le père de cette jeune fille qui me demandait de lui acheter un médicament pour avorter. Je lui ai dit que je ne pouvais pas, et qu’on n’achète pas ce genre de médicament n’importe où et n’importe comment. Le type a insisté avec ses appels les jours qui suivaient», a témoigné Zaitouni Lad, agent du laboratoire du Chr de Fomboni.

Une complicité du père ?

Cette dernière explique qu’elle témoigne pour monter que «le père de la jeune fille est complice de l’acte de viol» qu’a subi sa fille. «Elle savait que sa fille était enceinte et au lieu de convoquer le coupable à la justice, il voulait le protéger et se débarrasser de la grossesse. C’est horrible», a-t-elle précisé. Pour sa part, Hadidja Zidini, une sage-femme de Siry Zurdani, a fait savoir que le père de la fille lui a également demandé le même médicament car, selon lui, il avait de sérieux problèmes.

En tout cas, l’affaire indigne tout le monde au village, car plusieurs sources affirment que le père de la jeune aurait volontairement versé une somme d’argent à des autorités locales afin d’obtenir la libération de son frère. Et ce dernier reste à présent introuvable. Emportées par l’émotion et de la colère, certaines personnes se déclarent prêtes à bannir l’accusé tout comme son père du village, une fois que l’occasion se présentera. Cet évènement choquant relance une fois de plus le débat sur les violences faites aux jeunes filles et l’impunité persistante qui les entoure. Interrogés sur le sujet, hier matin, les responsables de la police n’ont pas voulu s’exprimer. «Nous ne pouvons rien dire pour l’instant car l’affaire est aux mains de la justice», a simplement répliqué le directeur régional de la police nationale à Mwali.

Pour rappel la semaine dernière, dans le village de Djwaezi, une jeune fille de 13 ans est également violée par son cousin maternel. L’agresseur, âgé d’une vingtaine d’années, se trouve actuellement incarcéré à la prison de Badjo où il purge sa peine. Aux Comores, malgré l’existence des textes visant à protéger les mineurs, le mécanisme d’accompagnement des victimes et de poursuite judiciaire reste parfois défaillants, et cela soulève des nombreuses questions sur la protection de l’enfant dans le pays.