Après une journée de lundi sans taxi-ville ni taxi-brousse dans toute l’île de Ndzuani, un membre du gouvernement, Djaanfar Salim, ministre de l’Education, un député, Abou Achirafi, des représentants du parquet de Mutsamudu, de la gendarmerie, du syndicat des chauffeurs et de la mairie de Mutsamudu se sont rencontrés le mardi, pour trouver une solution à cet arrêt brusque de travail des transporteurs routiers.A la sortie de cette réunion, qui aurait duré toute l’après-midi, l’émissaire du gouvernement a déclaré que le soir de la veille il avait « réussi à entrer en contact avec tous les protagonistes de ce prétendu mouvement de grève », et que le lendemain mardi, il avait encore réussi à les « réunir autour de la même table pour jeter les bases de longues discussions qui ont abouti à des propositions concrètes de sortie de crise ».
Déphasage entre syndicat et le reste de la corporation
Il affirmera ensuite que « ce prétendu mouvement de grève est désormais derrière nous, le trafic est rétabli », et qu’il y a eu « plus de peur que de mal ». Ces déclarations pleines d’assurance ont constitué l’ossature d’un communiqué publié le même jour, toujours par le ministre, qui réitère que « les représentants des chauffeurs ont accepté de lever leur grève immédiatement et sans conditions ». Le communiqué ajoutera par ailleurs que « les chauffeurs des taxis se sont engagés à parachever la mise en place des 6 cellules constitutives de leur syndicat afin de créer les conditions d’une assemblée générale et élire un nouveau bureau, condition nécessaire à pouvoir engager légitimement des discussions sur la mise en œuvre du nouveau Code de la route dont ils reprochent la sévérité de certains dispositifs ».
Pourtant, le lendemain mercredi, la grève a continué. Mutsamudu, comme le reste de l’île, a été, pour le troisième jour consécutif, paralysée par cet arrêt total des bus et taxis. « La ville est comme morte ! Mon frère [un gérant de pharmacie] s’inquiète déjà pour son activité. Les jours ordinaires, à cette heure [13H] il y aurait eu des embouteillages partout, mais voyez comme les rues sont désertes », confiait au téléphone, en milieu de journée du mercredi, un habitant de Gungwamwe, un quartier de Mutsamudu.
Le désamour de ses confrères
La poursuite de la grève malgré la « longue journée de négociations » initiée par le ministre de l’Education nationale et le député de Mutsamudu II, montre que ces derniers n’ont sans doute pas négocié avec les bonnes personnes. Même si les meneurs de ce mouvement restent à ce jour difficiles à identifier, et quoique leurs revendications demeurent pour le moins confuses, il est néanmoins clair que la crise de légitimité dont souffrent les représentants actuels d’Usukani wa masiwa au niveau de Ndzuani nourrit en partie ce mouvement d’humeur.
En effet, le déphasage entre le bureau syndical et le reste de la corporation est en effet net. En témoignent les deux déclarations faites devant la presse par le président de la section syndicale et un autre membre du syndicat, après la rencontre de mardi. « Nous avons trouvé une entente avec les gens qui voulaient semer les troubles à Ndzuani, et cela nous met hors des soupçons, nous le syndicat. Les chauffeurs peuvent donc reprendre leur travail dès cet instant », avait dit Mikidache Abdallah, le président, prenant ainsi ses distances avec les grévistes.
Suite de l’unification
«Si les gens [les chauffeurs] ne veulent plus de nous, c’est leur droit. Mais il y a des procédures à respecter. Nous devons installer les cellules régionales du syndicat avant d’élire le nouveau bureau et son président », s’était de son côté défendu Faïdhoine Moussa, le syndicaliste proche du président, admettant ainsi le désamour de ses confrères contre le bureau syndical.
Il convient de noter que le bureau actuel d’Usukani wa masiwa, section de Ndzuani, n’a pas été élu lors d’une assemblée générale. C’est un bureau intérimaire qui s’est formé après l’éviction du précédent président, Saïd Ahmed, et qui a été maintenu à la suite de l’unification officielle entre le syndicat des transporteurs de Ngazidja et celui de Ndzuani, en juin 2020, à Mutsamudu.