De nombreuses denrées de consommation courante, telles que les viandes et les pilons, sont vendues à la merci du soleil, bien que parfois protégées des insectes. Cette situation est particulièrement répandue aux abords du grand marché de Moroni Volo-Volo, où une grande partie de la population se rend pour effectuer ses achats quotidiens, que ce soit pour la revente, les festins traditionnels ou le stockage, sans réellement tenir compte des conséquences sanitaires potentielles.
Il est important de noter que ces produits ont mis du temps à arriver sur le marché de Moroni, mais selon certains revendeurs et professionnels de l’Inrape (Institut national de recherche sur l’agriculture, la pêche et l’environnement), les conditions de gestion sont généralement bien maîtrisées. Soidroudine Mmadi, propriétaire d’une boutique vendant des viandes et du poisson en vrac près du marché, affirme que les quantités qu’il dépose à l’entrée de sa boutique sont réservées aux brochettes nocturnes et ne sont pas remises au réfrigérateur. « Au cours des deux ou trois années où j’ai exploité cette boutique, je n’ai jamais constaté de produits abîmés, malgré les coupures fréquentes d’électricité », se défend-il.
Cependant, certains clients expriment des doutes. Fatoumia Abdallh Homa, une cliente de cette boutique, déclare : «Je n’achète régulièrement que des produits à consommer dans un délai de deux jours en moyenne. Je n’ai pas confiance en leur système de congélation et n’achète jamais les produits exposés au soleil». Un autre client se demande pourquoi chaque jour, des produits sont laissés à l’extérieur, les obligeant souvent à les acheter.
Des produits dépourvus de chaîne du froid
Abdou Malida, un agent de la santé publique de Mwali, se préoccupe quant à lui principalement de la situation des habitants de Mwali qui consomment des produits dépourvus de chaîne du froid pendant des heures, voire des journées entières. «Ces produits partent souvent de Moroni pour Fomboni à bord de bateaux. Nous reconnaissons les risques sanitaires, mais que faire ?», concède-t-il. Il pointe du doigt l’administration publique, les responsables de la santé publique et la société civile pour leur inaction.
Il s’interroge sur la possibilité pour n’importe qui de vendre des produits nécessitant un contrôle strict sans aucune inspection ni surveillance des conditions de congélation. Même lorsque des inspections sont effectuées, il est fréquent que les suivis fassent défaut. Abdou Malida estime que les produits sont simplement taxés, sans que les conditions de vente liées à la santé des consommateurs ne soient prises en compte. Il appelle les associations de consommateurs à sensibiliser l’ensemble des vendeurs et revendeurs afin de prévenir les maladies et les accidents vasculaires cérébraux qui touchent la population.
Enfin, l’inspecteur sanitaire des aliments de l’Inrape, Malida Abdelkader, fait savoir qu’un aliment décongelé doit être consommé le plus rapidement possible, sous peine de risques sanitaires graves liés à la rupture de la chaîne du froid.