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Régulation des médias I Carte de presse, un symbole en quête de sens

Régulation des médias I Carte de presse, un symbole en quête de sens

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Entre attente déçue, ambitions affichées et urgence de structuration, la carte de presse nationale interroge les professionnels sur son utilité réelle, son potentiel réglementaire et le rôle des institutions censées la porter.

 

Présentée comme un instrument de régulation et de reconnaissance du journalisme professionnel, la carte de presse peine à s’imposer sur le terrain. Ahmed Bacar, président du Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc), dresse un constat sans appel : «Très sincèrement, je n’ai eu aucun retour sur la carte. Ni positivement, ni négativement.» Selon lui, elle n’a eu aucun impact sur les conditions d’exercice du métier : elle n’a ni empêché un journaliste d’exercer, ni permis à un autre d’accéder à de nouveaux droits.

La déception est d’autant plus grande que le syndicaliste plaçait beaucoup d’espoirs dans cet outil, censé instaurer plus de rigueur et de respect des textes dans la profession. Or, constate-t-il, «il n’y a actuellement aucune différence entre ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas». À ses yeux, la carte doit conférer des avantages concrets, suffisamment attractifs pour inciter les non-détenteurs à la demander.

Une régulation à redéfinir

Il appelle ainsi à une volonté politique forte, à l’implication de tous les acteurs du secteur, et à une définition claire des droits qu’elle confère «à l’image du modèle nigérien, où seuls les titulaires peuvent accéder à certains droits professionnels».
Il s’inquiète également des dérives éthiques observées sur les réseaux sociaux, citant «l’affaire Bachar » comme exemple d’une médiatisation brouillée par des intérêts étrangers au journalisme. Le président du Snjc appelle à une réflexion de fond pour redonner à la carte tout son sens, à savoir « une marque de professionnalisme, adossée à des droits, des devoirs, et une responsabilité devant le public». 


Face aux critiques, Aboubakari Boina, président du Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), invite à la patience. «Au début d’un changement, le processus [résultat ?] n’est jamais immédiat», rappelle-t-il. Il défend le travail mené par le Cnpa dans la campagne de délivrance des cartes, et cite l’exemple de l’Assemblée nationale, qui exige désormais la carte de presse pour l’accès à ses locaux, comme un signe d’évolution positive. Pour lui, la carte permet aux autorités de distinguer les professionnels des simples «orateurs de smartphone », en insistant sur la nécessité de faire la différence entre information et communication.


Mais le président du Cnpa reconnaît que cette démarche ne peut réussir sans une adhésion collective. Il en appelle à la mobilisation conjointe des syndicats, des médias, des institutions judiciaires et des forces de sécurité. Au-delà de la carte, il plaide pour une structuration plus globale du secteur, qui passerait notamment par l’éducation aux médias, en particulier auprès des jeunes générations.

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