Le journaliste de Rcm13 et Fcbk Fm, Oubeidillah Mchangama a fait l’objet d’une convocation à la Brigade de recherche de la gendarmerie située à Moroni, en fin de matinée, hier lundi 3 septembre pour “diffusion de fausses informations”. A 15h30, “il était en audition pour complément d’enquête”, selon un officier sur place. A 17 h00, il a été notifié de sa garde à vue. C’est le parquet général qui a porté plainte, d’après nos sources.
Il est reproché à notre confrère d’avoir dans une vidéo publiée plus tôt dans la semaine, sans viser nommément quelqu’un, émis des doutes sur la gestion d’un fonds alloué aux audiences spéciales sur les agressions sexuelles, lesquelles audiences ont eu lieu le mois dernier. Le procureur général, Soilihi Djaé, a avait fait part de “la légèreté” avec laquelle, les journalistes ont rapporté les faits en question. Le procureur général estime que les journalistes “n’avaient pas pris le soin de s’informer officiellement auprès des services concernés comme cela est d’usage pour les gens de la presse”. Oubeidillah Mchangama avait été déféré au parquet à 13h00 pour être entendu par le procureur de la République. Celui-ci ne l’a pas auditionné et le journaliste est donc retourné à la gendarmerie.
Toujours est-il que la section comorienne de l’Union de la presse francophone a fait montre “de sa consternation” quand elle a eu connaissance “de l’arrestation du journaliste Oubeidillah Mchangama”. “Ces intimidations à répétition nous font nous demander si notre confrère n’est pas particulièrement ciblé afin de le réduire au silence”, pouvait-on lire dans le communiqué publié en milieu de journée. L’Upf-Comores a exigé sans délai, “la libération de Oubeid et l’abandon des poursuites”.
Quant au Syndicat national des Journalistes aux Comores (Snjc), il dénonce, dans un communiqué, “toute forme d’intimidation, de pression ou de chantage tendant à réduire au silence les journalistes et les empêcher d’exercer librement leur travail”. Il a, par ailleurs, encouragé Oubeidillah “à poursuivre ses enquêtes pour éclairer la population comorienne sur la gestion des affaires publiques et ce, pour une meilleure moralisation de la vie publique”.
Le Snjc a rappelé, dans son communiqué, que les plus hautes autorités avaient décrété “que 2020 allait être l’année de la lutte contre la corruption”, et l’ancien patron de la diplomatie, Souef Mohamed El-Amine avait déclaré que “cette année serait celle de la liberté de la presse”. “Force est de constater alors que 2020 tire à sa fin que les deux vœux sont restés pieux”, a regretté l’organisation syndicale.
A noter que le procureur général, Soilihi Djae a convié la presse écrite le 02 septembre afin de nier “tout détournement d’argent alloué aux audiences spéciales sur les agressions sexuelles”. Celui-ci a affirmé détenir toutes les pièces justificatives sans pour autant les présenter à la presse (lire notre édition d’hier).
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