Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, a tenu dans la journée d’hier, au nom du gouvernement, à se désengager du directeur des Affaires islamiques. Au cours d’une conférence de presse tenue ce mercredi à son bureau, entourée par des officiers de police et de la gendarmerie et du secrétaire général du Muftorat, Saïd Abdallah Rifki, Mohamed Daoudou a même indiqué qu’une enquête allait être ouverte. «Cette déclaration n’engage ni le gouvernement, ni le ministère de l’Intérieur, ni le Muftorat et il n’a jamais été question d’interdire des gens d’exercer leur religion librement ; d’ailleurs une enquête sera ouverte pour connaitre les tenants et les aboutissants de cette affaire», a-t-il fait savoir. Il a, par ailleurs, ajouté «avoir déjà saisi le procureur de la République» à ce propos.
Dans un communiqué publié ce même jour, le ministre de la Justice, Mohamed Housseini Djamalilail, a désavoué son directeur des Affaires islamiques. Pour rappel, celui-ci a, dans une déclaration rendue publique le 24 décembre, interdit toute célébration du réveillon et de la Saint-Sylvestre. «Le ministère des Affaires islamiques et de la justice en collaboration avec le ministère de l’Intérieur et de l’Information et le Muftorat condamnent et interdisent toute fête, cérémonies ou activités liées au fête (sic) de Noël dans tous les lieux publics (…) indiquant l’implication des chrétiens dans leurs joies (sic) aux Comores», pouvait-on lire dans la déclaration.
S’il y a eu des réactions en chaine, c’est parce que la déclaration du directeur des Affaires islamiques avaient fait comprendre que l’interdiction de la célébration de Noël était une décision concertée, notamment avec le ministre de la sécurité, celui des Affaires islamiques et le Muftorat.
Ainsi, le ministre des Affaires islamiques «condamne avec fermeté ces allégations qui sont contraires à la Constitution de l’Union des Comores et les principes fondamentaux de l’Islam qui respectent à travers le Coran et les hadiths, les cultes», selon le communiqué. Al-watwan a interrogé Saïd Abdallah Rifki qui supplée le Moufti Said Toihir Ahmed Maoulana dans la matinée d’hier au Muftorat. «Nous ne pouvons pas empêcher des étrangers de pratiquer leur religion, surtout que nous croyons aux prophètes Moussa, Issa et Mohammad», avait-il indiqué. Ce mercredi, le bruit courait que le directeur des Affaires islamiques avait été limogé. Interrogé sur cette question, Mohamed Daoudou a indiqué «que des décisions seront prises mais ce qui est sûr elles ne seront pas hâtives».
La déclaration du directeur des Affaires islamiques avait provoqué un tollé chez de très nombreux Comoriens. Les restaurateurs, qui voient dans le soir du réveillon de Noël et de la Saint-Sylvestre l’occasion d’améliorer leurs recettes dans leurs restaurants, étaient désemparés. Un vent de panique avait aussi soufflé chez les chrétiens. Pour autant, le prêtre de la paroisse cathédrale de Moroni, Père Felix Sankalimba, rencontré mardi dans son ministère à Mbueni, n’était pas paniqué. «Nous n’avons reçu aucun courrier officiel nous intimant de ne pas célébrer Noël», avait-il fait savoir. Plus tard dans la soirée, la messe a été célébrée avec de très nombreux fidèles. Quant aux forces de l’ordre qui étaient présentes, elles étaient là pour «sécuriser les fidèles».