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La famille, se basant sur le diagnostic des mĂ©decins, Ă©voque une agression. La gendarmerie, elle, nâĂ©carte dâailleurs pas cette possibilitĂ©. Entretemps, le dĂ©funt a Ă©tĂ© inhumĂ©. Difficile donc de connaĂźtre les raisons exactes du dĂ©cĂšs en lâabsence dâune autopsie.
âPour quâil y ait autopsie, il faut lâautorisation de la familleâ, avance Abdallah Ibrahim, commandant de la Compagnie de Ngazidja. Cela va de soi. âSauf que les familles comoriennes, pour des motifs religieux, refusent de souscrire Ă cette pratique. Elles exigent immĂ©diatement le corps aprĂšs le constat du dĂ©cĂšs en vue de lâenterrementâ, avancera notre interlocuteur. Le commandant de la Compagnie de Ngazidja y voit lĂ le principal obstacle Ă la rĂ©solution de ce genre dâaffaires.
Dans le cas dâune enquĂȘte judiciaire, en France par exemple, un magistrat peut ordonner une autopsie. La famille est alors avisĂ©e, mais ne peut sây opposer. Aux Comores, mĂȘme si cela avait Ă©tĂ© possible, lâautopsie nâaurait pu ĂȘtre faite pour la simple raison quâil nây a pas de mĂ©decins lĂ©gistes.
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Une autopsie aurait permis dâĂ©tablir les causes du dĂ©cĂšs. Or, il nây a pas de mĂ©decins lĂ©gistes dans le pays, poursuit Abdallah Ibrahim.
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MĂȘme Ă©cho du cĂŽtĂ© du procureur de la RĂ©publique qui cite Ă lâappui lâaffaire Combo Ayouba oĂč âil a fallu faire venir un mĂ©decin lĂ©giste de la Tanzanieâ.
En 42 ans dâindĂ©pendance donc, le pays ne dispose pas dâun mĂ©decin lĂ©giste. Au moment oĂč se tiennent des assises censĂ©es rĂ©flĂ©chir sur le bilan de ces 42 annĂ©es dâindĂ©pendance, câest sans doute lâune des questions quâil aurait fallu aborder.
Autre question quâil faudrait aussi aborder, lâabsence dâune police scientifique. De nombreuses affaires restent irrĂ©solues en lâabsence de celle-ci. On peut citer les cambriolages des locaux de la structure Amie, du Sanduku de Nyumadzaha et de la Caisse nationale de retraite entre autres.
Ou encore les incendies volontaires des vĂ©hicules de fonction du commissaire au plan, du deuxiĂšme vice-prĂ©sident de lâAssemblĂ©e de lâUnion, du vice-prĂ©sident de la Banque fĂ©dĂ©rale du commerce, du maire dâItsandra Hamanvu et du chef du parquet gĂ©nĂ©ral de Ndzuani.
Les enquĂȘtes sont en stand-by faute dâune police spĂ©cialisĂ©e. âDes gendarmes ont Ă©tĂ© formĂ©s mais le matĂ©riel fait dĂ©fautâ, argue Abdallah Ibrahim. La gendarmerie disposerait dâune banque dâempreintes, mais pas dâun systĂšme de comparaison. A quoi bon ?
A dĂ©faut, les criminels sont confortĂ©s dans leurs forfaits. Il est temps de se doter des structures nĂ©cessaires. Sur cela repose aussi lâĂ©mergence.