Dans le quartier de Colas, en face du collège rural de Fomboni, une route non goudronnée longue d’environ 500 mètres mène vers l’ouest de la ville. Là, un bruit assourdissant retentit : c’est celui d’un concasseur artisanal, imaginé et fabriqué par Chamsidine Hamada Msa, alias Chamou wa Hamada Mbouchi. Âgé d’une quarantaine d’années, ce père de famille originaire de Fomboni a conçu seul cette machine à partir d’un moteur de voiture d’occasion et du matériel de récupération. Il a ainsi mis à profit son ingéniosité et son savoir-faire en mécanique.
Ce concasseur peut produire jusqu’à huit mètres cubes d’agrégats par jour. Une invention qui lui permet non seulement de subvenir à ses besoins en vendant du gravillon et différents types de sable, mais aussi de contribuer au développement économique de sa région. Ayant quitté les bancs de l’école en classe de troisième, Chamsoudine a été formé à la mécanique dans une école technique autrefois présente à Mwali au début des années 2000. Il est ensuite devenu mécanicien, tant en diesel qu’en essence, avant d’ouvrir son propre garage.
Quatre types d’agrégats
L’idée de fabriquer un concasseur, explique-t-il, vient entièrement de lui. Il en a assemblé les pièces progressivement : un moteur de camion, un vibreur issu d’un bétonneur, des ressorts de voiture. Seules les mâchoires servant à broyer les pierres ont été achetées à l’extérieur. «Croiser les bras ne sert à rien, il faut créer et développer son savoir-faire. Grâce à cette petite machine, je parviens à gagner ma vie modestement mais de manière stable», confie-t-il. Et pour exercer dans les règles, l’entrepreneur affirme s’acquitter régulièrement de ses impôts. Entièrement manuel, son concasseur permet de produire quatre types d’agrégats : du gravier de gros et petit calibre, du sable grossier et du sable fin. « Je conseille aux jeunes ayant suivi une formation technique de mettre en pratique leurs connaissances, pour leur propre avenir», encourage-t-il. Souhaitant également réduire la pénibilité du travail, il a fabriqué un tractopelle artisanal en utilisant des matériaux hors d’usage récupérés un peu partout dans la ville.
Même s’il ne dispose pas encore de camions adaptés pour le transport de ses produits, cette initiative pourrait contribuer à limiter l’exploitation du sable marin et à créer des emplois. Son concasseur est le troisième de l’île, après ceux de l’ancien gouverneur Mohamed Ali Saïd et de Houssoim à Domoni. À noter que Chamsidine Hamada Mbouchi s’est lancé dans l’entrepreneuriat en 2015 avec un premier concasseur installé près du pont de la rivière Msutruni, face au stade Elhadj Matoir. Pour des raisons personnelles, il a dû fermer ce premier site avant de relancer son activité dans un endroit plus isolé, à l’écart des habitations. Un geste «en faveur du respect de l’environnement urbain».