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Mariama Ahamada Msa, commissaire nationale en charge du genre I «Les femmes sont elles aussi capables de faire avancer le pays»

Mariama Ahamada Msa, commissaire nationale en charge du genre I «Les femmes sont elles aussi capables de faire avancer le pays»

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Nommée commissaire nationale à la solidarité, à la protection sociale et à la promotion du genre en août 2019, Mariama Ahamada Msa souffle les douze mois à la tête de ce département. Avec elle, nous abordons plusieurs sujets notamment ses réalisations depuis qu’elle dirige ce commissariat, la cause féminine, la promulgation de la loi Hadjira sur la parité homme-femme mais également les droits de la femme et la recrudescence des viols et des agressions sexuelles. «Même en nombre réduit, les femmes sont capables de faire avancer le pays dans le sens du développement», a-t-elle insisté. Interview

Vous venez de faire un an en ce mois d’août depuis que vous dirigez le commissariat national à la solidarité, à la protection sociale et à la promotion du genre. Quel bilan présentez-vous aujourd’hui ?

Douze mois d’activités méritent bien un bilan. Je dirai qu’en termes de mesures, j’ai atteint 75% des réalisations annuelles. L’effet de ces résultats est palpable et mesurable selon le contexte du pays. Sous les politiques du pays et des partenaires au développement, comme la Sca2d, l’Undaf, les politiques nationales de solidarité et de protection sociale, d’équité et d’égalité du genre, de protection de l’enfant, moi et mon équipe avons mis en place les plans opérationnels et les actions menées ont permis d’enregistrer des résultats palpables. Nous avons obtenu de la part de l’Unicef, pour la réalisation des fonds aux familles vulnérables, dans le cadre de la Covid-19, incluant les coûts de la gestion, la coordination et la mise en œuvre un montant de 25,361millions de francs. 601 ménages ont bénéficié d’un accompagnement avec 21,035 millions de francs. Il y a eu la réorganisation des coopératives agricoles à Mwali et à Ndzuani afin de répondre aux objectifs de développement durable. A Mwali, nous avons pu contacter 11 villages avec 356 membres. A Ndzuani, 10 villages avec 339 membres. Le cas de Ngazidja sera revu prochainement. Certaines de ces coopératives ont bénéficié des outils agricoles. Plus de 200 personnes de la société civile ont bénéficié du renforcement de capacités sur la lutte contre les violences et la prise en charge psychosociale des acteurs et victimes de violences. L’on a pu réunir des psychologues pour pouvoir mettre en place un comité national de prise en charge psychosociale pendant les situations de crise.

Le gouvernement parle d’avancées dans le cadre de l’insertion de la femme dans les instances de décision, êtes-vous du même avis ?
Effectivement, personne ne dira le contraire car nous avons noté la présence aujourd’hui d’une femme gouverneure, trois femmes députées à l’Assemblée nationale dont une est vice-présidente, une femme ministre et secrétaire d’Etat. Moi-même, je suis nommée commissaire nationale. Il y a une femme présidente de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés, une femme présidente directrice générale de l’Apc, plusieurs femmes directrices et chefs de services et une femme nommée cheffe de commandement des forces de l’ordre pour ne citer qu’elles. Ce sont là des avancées notables.

Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule femme ministre dans le gouvernement, êtes-vous satisfaite de cette représentativité dans le gouvernement ?
Une seule femme ministre dans le gouvernement, ce n’est pas suffisant. En réalité, j’estime que prochainement le président de la République, Azali Assoumani, va continuer à faire confiance aux femmes et permettre à plusieurs d’entre-elles d’accéder à des postes ministériels. Mais, je vous assure que certes, elle est la seule ministre, mais elle a concrétisé beaucoup de choses, notamment dans le cadre de la gestion de la pandémie de la Covid-19. Les Comores sont placées cinquième pays de l’Afrique, pour avoir bien géré la pandémie. C’est pour vous dire que même en nombre réduit, les femmes sont capables de faire avancer le pays.

Où en est-on avec la loi sur la parité hommes-femmes, la loi Hadjira ?
La loi sur la parité homme-femme est votée bien évidemment, sa promulgation n’a pas eu lieu. Mais actuellement, nous sommes en avance pour une loi-cadre régionale qui donnera beaucoup plus de places à la femme dans les instances de prise de décisions. Je reste persuadée que la présence de trois femmes députées à l’Assemblée nationale permettra de voir cette loi tenir la route afin que les femmes comoriennes puissent accompagner pleinement l’Emergence du pays.

Plusieurs femmes continuent à dire que les droits de la femme sont bafoués, que le machisme continu en encore de beaux jours devant lui, qu’en dites-vous ?
La femme comorienne a plus d’opportunités par rapport à d’autres femmes africaines. La religion musulmane, la culture comorienne et la constitution nous ont données toutes les chances d’avoir nos droits, au même pied d’égalité que les hommes. Aujourd’hui, notre pays montre l’exemple d’une intégration du genre progressivement mais aussi sûrement. Le machisme est un fait mondial, mais les Comores continuent dans cette lancée de changement des comportements. D’ici 2030, nous (les femmes, ndlr) serons au rendez-vous du plan d’action de Beijing

Ces derniers temps, l’on a constaté une recrudescence des actes de violences et d’agressions sexuelles. Que proposez-vous pour y remédier ?
Les violences de tout genre et les agressions sexuelles envers les enfants et les femmes sont des actes à répudier dans notre pays. Ces faits ne sont pas conformes ni à notre religion ni à notre culture. C’est donc un grand défi que nous devons tous relever. Nous devons ainsi attaquer le mal, de la base au sommet. Le commissariat a initié un programme de mise en place des comités de veille de lutte contre les violences au niveau des communes. Actuellement, trois comités sont mis en placer dans la commune de Mledjele à Mwali, de Mremani à Ndzuani et d’Itsandra ya Hamanvu à Ngazidja. Nous comptons, dans les temps à venir, multiplier ces comités dans les communes du pays pour sensibiliser davantage la population sur l’éducation familiale, civique, promouvoir les textes et lois relatives aux droits des femmes et des enfants, comme le code de la famille. Nous comptons mettre en place un cadre de collaboration avec le ministère de la Justice pour étudier ensemble les textes relatifs à la protection des enfants et des femmes ainsi que leur application effective. Prochainement, des ateliers seront organisés dans les îles afin d’en débattre et tracer les lignes à suivre pour endiguer ces problèmes.

Votre message pour la cause féminine…
Tout d’abord, j’insisterai sur la prise de conscience des femmes pour leur contribution dans le développement du Pays. Ni les hommes seuls, ni les femmes seules ne peuvent faire avancer le pays. Alors, j’appelle les femmes à faire connaissance de la constitution comorienne. Laquelle a accordé aux femmes tous les moyens multiformes pour agir avec les hommes dans le but de bâtir un pays plein d’espoir, de paix et de prospérité. Ensuite, avec la promotion de nos valeurs culturelles et religieuses, je suis convaincue que nous pouvons contribuer avec les hommes au développement du pays. Donc, je suggère à toutes les Comoriennes de préserver nos valeurs, notamment l’éducation au sein de la famille, des milieux scolaires élémentaires et coraniques, dans les lieux d’activités culturelles et partout où nous sommes. Nous sommes ainsi appelées à promouvoir l’éducation de la jeune fille pour permettre à nos filles d’entrer en émulation avec les autres filles du monde.

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