«Les prières collectives dans les mosquées sont désormais autorisées sous certaines conditions ; les classes d’examen sont ouvertes ; le couvre-feu qui était fixé de 20h à 5h du matin est désormais décalé de quelques heures et commence à 23h jusqu’à 5h ; les frontières sont ouvertes avec une reprise évolutive des dessertes aériennes ; les liaisons inter îles par voies maritimes sont désormais possible et le dépistage de la Covid-19 est revue à la hausse», a fait savoir le chef de l’Etat, Azali Assoumani, le 6 juillet dernier, à l’occasion de la célébration du 45ème anniversaire de l’indépendance, au stade de Hombo. Ces mesures sont désormais officielles et le port d’un masque «qui couvre le nez et la bouche» est lui aussi obligatoire. A noter que «les enfants âgés de onze ans et moins ainsi que les personnes en situation de handicap munies d’un certificat médical justifiant de cette dérogation et qui mettent en œuvre les mesures sanitaires de nature à prévenir la propagation du virus» ne sont pas concernés par cette mesure.
Des mesures que Fatuma Eliyas, porte-parole du Collectif anti Covid 19, affirme qu’elles se sont imposées d’elles-mêmes. Elle déclare, en effet, que le président de la République «n’avait pas le choix. Ces mesures se sont imposées d’elles-mêmes. Il ne pouvait pas faire autrement». L’intéressée explique que le relâchement constaté ces derniers jours en est la cause. «L’allègement des mesures préventives prises dès l’officialisation de la prévalence de la Covid-19 dans le pays s’est imposé vu que le relâchement plus que le déni grandissant sur la maladie ne donnait aucune raison à conserver la totalité des mesures préventives», poursuit-elle avant d’ajouter que «les structures anti-covid ont été incapables de parer à cette nouvelle situation des citoyens malgré l’investissement effectué par ces dernières. Ndzuani et Mwali sont plus responsables en terme de gestion de la crise sanitaire».
Pour elle, Ndzuani et Mwali font donc preuve d’une meilleure gestion alors que «Ngazidja court un grand risque de dégringolade dans les semaines qui arrivent.
Hamidou Mhoma, patron de Graphica imprimerie et vice-président de la Nouvelle Opaco, explique que la situation actuelle de la pandémie appelle à la prudence. Pour lui, les «cas avérés ne cessent d’augmenter dès lors que le taux des tests de détection du coronavirus est très faible. Seule une infime partie de la population a été testée. Je pense que le chef de l’Etat avait un choix cornélien. Renforcer les mesures ou les alléger. Il a préféré écouter les doléances exprimées par la population en ce qui concerne l’allègement des mesures tout en demandant à la population de respecter les mesures barrières puisque la maladie est toujours présente».
Et cet allègement est pour lui indispensable parce que «nous devons continuer à vivre avec la maladie. Notre pays ne peut pas se permettre le luxe de renforcer les mesures malgré la situation sanitaire au risque d’amplifier une crise socio-économique sans précédent. Je finirai par dire que les mesures prises par le chef de l’Etat sont salutaires et ont une portée économique, sociale et religieuse. Rendre le port du masque obligatoire dans les lieux publics est à encourager. Il s’agit de se protéger et protéger les autres».
Un avis que partage Mohamed Aboudou Hamadi, directeur général du Centre national de traitement des données électorales (Cntde), pour qui ces mesures sont «normales en cette période et je suis d’accord avec les autorités». Pour autant, il reconnait que les mesures prises depuis le 30 avril dernier «n’étaient pas suivies à la lettre par les Comoriens». Il citera des mosquées qui n’avaient pas fermé et d’autres qui «faisaient la prière hebdomadaire du vendredi comme à la grande mosquée de Mbeni au rez-de-chaussée et ce d’une façon clandestine».
En effet, si les mesures prises étaient globalement bien respectées à Moroni, on était très loin du compte dans de nombreuses localités. Toimimou Ibrahim, CEO de Kinu Ink digital agency, va dans le même sens «pour moi le défi c’est de ne pas laisser la responsabilité du respect de ces mesures aux seuls citoyens». Et si ces mesures d’allègement sont «totalement logiques compte-tenu des données fournies par le ministère de la Santé, j’espère toutefois que le gouvernement prendra les mesures adéquates pour les faire respecter». Toimimou Ibrahim citera en exemple «le fait d’amener un tapis individuel à la mosquée.
J’ai observé hier dans quelques mosquées que beaucoup de gens n’amènent pas de tapis individuel. Faut-il obliger les mosquées à ne pas mettre à disposition des fidèles les tapis collectifs ?». Quant au port du masque «il aurait été judicieux de ne pas le faire en tout lieu et en toutes circonstances. Si je suis dans ma voiture, tout seul, serais-je verbalisé si je ne le porte pas ?», se demande-t-il avant d’ajouter que dans les lieux publics, «cela me semble être nécessaire. Au-delà, ça peut être discutable». On rappellera que des textes sont prévus et seront prochainement publiés pour expliquer l’application de cette mesure et les sanctions réservées aux réfractaires. En attendant, «à vos masques, prêts, sortez»…
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