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Economie bleue I Imam Abdillah : «Nous devons capitaliser le potentiel que nous avons en termes de surface maritime »

Economie bleue I Imam Abdillah : «Nous devons capitaliser le potentiel que nous avons en termes de surface maritime »

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La conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique, tenue récemment à Moroni, a été un important rendez-vous qui a abordé des sujets cruciaux. Retour sur une thématique riche et sur ses enjeux multiples, avec Imam Abdillah, Directeur général de la Coopération internationale et président du Comité national de l’économie bleue.

 

Quel est votre avis sur la première conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique qui s’est tenue récemment à Moroni ?

Cette conférence ministérielle, qui a vu la participation de 12 pays côtiers et insulaires d’Afrique, a été un rendez-vous de haut niveau qui a abordé des sujets d’une importance capitale. L’économie bleue, définie dans l’agenda continentale 2063 comme étant la « nouvelle frontière de la renaissance de l’Afrique », est un véritable socle de développement pour l’Afrique. Surtout en cette phase de l’accélération de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Les États côtiers et insulaires ont des défis mais aussi des opportunités qui pourront être mises à contribution. Dès son investiture à la tête de la présidence de l’Union africaine, le président Azali Assoumani a pris l’engagement d’inscrire les questions liées à la gouvernance maritime et aux spécificités des États insulaires d’Afrique parmi les priorités de son mandat. Dès lors, les partenaires ont été mobilisés pour impulser un processus à Moroni, dont le plaidoyer sera porté dans tous les forums régionaux, continentaux et mondiaux, notamment au Sommet mondial sur le climat à Nairobi, le Sommet sur le nouveau pacte financier à Paris, et la COP28 à Dubaï.

Quels sont les résultats les plus importants de cette conférence ?
Ce processus de Moroni permettra d’inscrire l’économie bleue au cœur des politiques de développement de l’Afrique, notamment dans la 2ème décennie de l’agenda 2063, et de faire reconnaître le statut particulier, ainsi que le potentiel des Etats-Océan de notre continent. In fine, des partenariats seront recherchés et établis.

Quels sont les avantages de la déclaration de Moroni en matière d’économie bleue ?

La déclaration de Moroni constitue un document de plaidoyer. Notre pays, déjà à l’avant-garde, a pris toute la mesure du potentiel de l’économie bleue, avec une surface maritime de 160 000 kilomètres carrés. En 2018, lorsque le gouvernement a adopté le cadre stratégique pour le développement de l’économie bleue aux Comores, il a ouvert la voie à une coopération bilatérale et multilatérale réorientée, qui prend en compte le potentiel du pays.

Quelle sera la prochaine étape après la déclaration de Moroni ?

L’équipe pays, en collaboration avec les différents partenaires, doit saisir toutes les occasions pour porter ce plaidoyer à tous les niveaux et à chaque occasion.

Quels sont les engagements des Comores envers l’économie bleue ?

Les Comores constituent un petit archipel de seulement 2 236 kilomètres carrés de surface terrestre, avec une démographie galopante et des besoins croissants. Nous devons capitaliser le potentiel que nous avons en termes de surface maritime. Nous sommes situés dans une zone hautement stratégique, aux confluences de grands enjeux multiples. Le canal de Mozambique est l’une des zones où va se jouer l’avenir du nouvel ordre mondial qui se profile. Nous devons donc nous prémunir sur les plans des ressources humaines, de développement sectoriel, et de partenariat stratégique.

Comment l’opportunité de 3 000 dollars pour l’Afrique, offerte par l’économie bleue, peut-elle contribuer au développement des Comores ?

C’est une opportunité évidente. Toutes les îles d’Afrique sont confrontées aux mêmes aléas et aux mêmes défis, mais dans certaines d’entre elles, le développement sectoriel est déjà très avancé. Quand je prends l’exemple de la gestion des déchets et l’écotourisme, ces prévisions pourraient être une grande opportunité pour notre pays.

On oppose souvent l’économie verte à l’économie bleue. L’économie verte vise à entraîner une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant les risques environnementaux. L’économie bleue, quant à elle, valorise la nature, les ressources localement disponibles, et le zéro déchet. Comment réconcilier les deux dans ce contexte multi-crises ?

Je ne partage pas forcément cette opposition qui me semble hasardeuse. Les deux me semblent plutôt liées. Il faut noter ici, de manière très schématique, la différence entre le bleu qui fait référence à l’eau (mer, océan, lac, cours d’eau et nappes phréatiques) et le vert qui renvoie, quant à lui, au développement agricole. Mais les deux concepts sont en lien avec la préservation de l’environnement et des écosystèmes, avec la résilience et l’exploitation raisonnée de nos différentes ressources.

Aujourd’hui, l’on prend beaucoup plus l’exemple des Seychelles quand il s’agit d’économie bleue. Le modèle et l’élan de ce pays voisin peuvent-ils être transposés aux Comores ?

Les Seychelles sont devenues un modèle et même un « champion » de l’économie bleue en Afrique, car son développement est largement lié aux ressources halieutiques et à l’écotourisme. Ils ont également beaucoup investi dans la formation, en créant une Faculté de l’économie bleue. Dans l’architecture institutionnelle seychelloise, l’économie bleue occupe une place stratégique. Les Comores pourraient s’inspirer de ce modèle, d’autant plus que la feuille de route du cadre stratégique nationale pour le développement de l’économie bleue a émis toutes ces recommandations.

Faites-vous confiance aux prochains sommets mondiaux et continentaux pour le processus de Moroni ?

Entièrement. Les sommets, c’est nous les Etats. Nous avons impulsé un processus qui va être porté dans des forums où nous serons nous-mêmes parties prenantes. Ce à quoi il faudra veiller, c’est de maintenir le dialogue avec les partenaires pour faciliter les partenariats qui en découleront et qui, par le passé, ont souvent mis du temps à être réalisés dans les délais.

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