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Décès de Saïd Ali Kemal Eddine I La Nation a perdu un homme de grande conviction

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En retrait de la vie politique depuis plusieurs années, le prince Saïd Ali Kemal est décédé le dimanche 13 septembre 2020 à son domicile de Moroni et a été enterré le même jour à Ikoni, la ville natale de son père.

 

Depuis dimanche matin, les Comoriens de l’intérieur et de l’extérieur sont affligés par la disparition de Saïd Ali Kemal Eddine, homme politique, dont certains médias en ligne présentent comme un prince populaire. Le président du légendaire parti politique Chuma, décédé à l’âge de 82 ans, est le fils du prince Saïd Ibrahim et petit-fils de Saïd Ali bin Saïd Omar, dernier sultan Ntibe de Ngazidja.


Kemal fait son entrée active en politique au lendemain du renversement du régime révolutionnaire. Il deviendra le premier ambassadeur des Comores indépendantes en France avant de démissionner, moins de deux ans plus tard, “refusant de cautionner les dérives d’un régime qui s’encrait de plus en plus dans la dictature”. Il entre dans l’opposition, en 1980, et crée le CNSP qui deviendra le parti Chuma. Il sera candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1990, pour succéder au président Ahmed Abdallah Abderemane assassiné, et arrivera en troisième position sur neuf candidats. Il siégera, peu de temps, au gouvernement du président élu Saïd Mohamed Djohar en occupant le poste de ministre d’Etat en charge de l’Economie auquel il démissionne pour divergence de vues avec le président, notamment sur la transparence de la gestion des sociétés publiques. Le prince a été sollicité pour coprésider avec Mohamed Taki l’intérim jusqu’ à l’intervention armée de la France, pour organiser des élections suite au coup d’Etat contre le président Djohar en 1995.

Un opposant au séparatisme

Quatrième sur quatorze candidats à l’élection présidentielle, il apporte son soutien à Mohamed Taki qui lui confie le ministère des Finances et de l’Economie. En moins de six mois et suite à un désaccord avec le président sur son projet de bipartisme, Kemal quitte le gouvernement. Farouche opposant du séparatisme éclaté en 1997 à Ndzuani, il n’a de cesse d’appeler à l’union nationale, au respect de l’intégrité territoriale et au dialogue, jusqu’à condamner le débarquement militaire échoué sur l’île et la proposition constitutionnelle de 2001, renfermant les germes d’une dislocation de la nation, selon lui. Toutefois, il se présente à l’élection primaire présidentielle de Ngazidja en 2002 et se qualifie pour l’élection générale qu’il boycotte. Au second round de l’élection de la présidence tournante de l’Union des Comores en 2006 pour Ndzuani, Kemal forme un ticket avec l’ancien premier ministre Ibrahim Halidi. En 2004, il est élu député à l’Assemblée nationale.
Saïd Ali Kemal a présidé la «Convergence nationale pour mai 2010», une coalition regroupant les partis politiques qui exigeaient le respect du mandat légal de quatre ans et apporte son soutien à l’élection de Dr Ikililou en 2011 qu’il dénonce les dérives et prendra ses distances avec lui en 2013.

Défenseur de mandat légal

Kemal est un des fondateurs de l’Association des stagiaires et étudiants comoriens (Asec) en France, dont il fut le premier président (1966-1969). Il a débuté ses études par l’enseignement coranique aux Comores, puis à Madagascar et en France où il est diplômé de l’Institut des hautes études d’Outre-mer. Il a également fait des études à l’Institut des Sciences sociales et une formation en journalisme. Il prend la direction de l’Office de radio-télévision française (Ortf) aux Comores en 1969 avant d’exercer à La Réunion, à Djibouti puis en France. Il se fait remarquer en devenant un des premiers Africains à présenter un journal télévisé sur une chaine française.
Dans sa retraite politique, le prince Saïd Ali Kemal faisait des apparitions sporadiques pour dénoncer les dérives des dirigeants du pays.
Pour services rendus de son vivant, il fut distingué Grand Maître de l’Etoile royale de la Grande-Comore et Grand Officier de la Légion d’honneur.
Paix à son âme !

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