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Déchets médicaux à Moroni I Une gestion qui se cherche.....

Déchets médicaux à Moroni I Une gestion qui se cherche.....

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Dans la base de données de l’Inspection générale du ministère de la Santé émargent trente-trois cliniques et cabinets médicaux et seize pharmacies privées. Personne ne sait qui, concrètement, se charge de la collecte et du traitement des déchets produits. Même si, tout le monde admet qu’il y’a urgence.

 

Les soins de santé permettent de protéger, de rétablir la santé et, sans doute également, de sauver des vies. C’est une évidence. Mais qu’en est-il des sous-produits et autres “Déchets d’activités de soin à risques infectieux” (Dasri) qui proviennent à plus de 90% des établissements de santé. Des déchets contaminés par du sang et par d’autres liquides corporels, venant d’échantillons divers, de patients hospitalisés, d’outils et équipements divers tels que écouvillons, bandages, etc. D’objets pointus et tranchants, tels que seringues, aiguilles, scalpels, bistouris. De produits chimiques à l’exemple des solvants utilisés pour des préparations de laboratoire, de désinfectants et métaux lourds présents dans des dispositifs médicaux. Si des spécialistes estiment que 85% des déchets liés aux soins de santé sont comparables aux ordures ménagères et sont relativement inoffensifs, c’est loin d’être le cas des 15% restants considérés, eux, comme “dangereux et pouvant être infectieux, toxiques ou radioactifs”, résume un spécialiste.

“Personne ne sait rien!”

Bien que la gestion des déchets ménagers soit l’un des défis urgents à relever dans la capitale, particulièrement, mais également dans d’autres endroits du pays, “le ramassage et le traitement des déchets médicaux doivent de toute urgence être pris plus au sérieux”, alerte notre interlocuteur. Surtout avec l’implantation accélérée de cliniques, cabinets, laboratoires et autres officines médicales. A ce sujet, on enregistre à l’inspection générale du ministère de la Santé on compte, rien qu’à Moroni, trente-trois cliniques et cabinets médicales et seize pharmacies privées. Qui se charge concrètement de la collecte et du traitement des déchets produits? Il n’y a pas vraiment de réponse à cette question dont, pourtant, tout le monde admet comme “pressante”.
Conseiller municipal à la commune de Moroni, Abadallah Mohamed Kassim, indique que le pouvoir public local ne s’en charge pas vraiment “faute de moyens”. Il insiste, toutefois, sur le fait que la mairie devrait être au courant “d’autant plus que des structures médicales sont implantées à chaque coin de rues” et même s’il reste convaincu que c’est au ministère de la Santé de délivrer les autorisations d’ouvrir ces genres de cabinet. “Dans les déchets ramassés à Moroni, on constate que certaines cliniques mélangent, sans se gêner, les déchets médicaux aux autres. Il y a beaucoup d’abus dans ce domaine. Nos agents tombent parfois, au niveau du point de ramassage de Volovolo, sur des sacs remplis de pansements usés. Et sur pire encore…”, déplore-t-il.

A l’entendre, avec ce manque de traçabilité, la quantité de déchets médicaux est inconnue. “Qui ne sait pas que des établissements privés assurent des opérations chirurgicales ou des interventions nécessitants le recours à des produits radioactifs? Qui est certain que ces établissements en question traitent avec le Centre hospitalier national El-Maarouf qui possède un dépôt et un camion”, s’interroge-t-il, avant de rappeler qu’”en plus, des services privés de radiologie et de scanner commencent à s’installer à Moroni”. Pour sa part, un agent du service de la voirie pointe du doigt le manque de transparence et de traçabilité surtout au niveau des pharmacies. Souvent, lance-t-il, la réaction des propriétaires des pharmacies est des plus “hermétique” : “c’est un secret professionnel”. “Pourtant, nos services devraient avoir un œil sur la gestion des déchets médicaux”, est-on fermement convaincu à la mairie.

Que faire?

La question reste entière : “Que fait-on alors de ces déchets d’activités de soin à risques infectieux?”  Interrogé à ce sujet, le chargé de communication d’El-Maarouf, Mahamoud Abdallah, indique que le Centre hospitalier national a signé une convention “uniquement” avec l’hôpital de Samba et le Centre médical urbain de Moroni à Mbuweni pour le ramassage des déchets et leur dépôt dans le site de détritus d’Itsundzuu. Il “ignore”, assure-t-il, “ce qu’il en est pour les autres établissements”.
Il faut peut-être rappeler que c’est à ce niveau du site de détritus de Shamadane, dans la région d’Itsandra, que sont déposées les ordures de la capitale et – après que son incinérateur soit tombé en panne – celles du Chn El-Maarouf, et que les ordures, qui ne sont jamais traitées, s’y entassent à perte de vue.


Le responsable de la gestion dudit site, Abdillah Ibrahim, s’est, à son tour, “indigné” contre un “certain responsable” de la mairie de la capitale et “certains gérants” d’officines médicales. “Ce monsieur négocie avec des cliniques privées pour ramasser les ordures médicaux qu’il mélange avec les déchets ménagers pour les déposer dans le site, ce qui présente un danger pour le site. Nous-nous sommes renseignés auprès des établissements sanitaires privés et ils nous ont confirmé que leurs déchets sont bien ramassés dans les camions-poubelles chargés des déchets ménagers”, râle-t-il. A l’en croire, le centre de santé Caritas avait proposé au comité de gestion du site d’autoriser le dépôt de leurs déchets et ce dernier a refusé. “Mais, un responsable de la mairie a négocié avec les cliniques qui peuvent ainsi se débarrasser de leurs déchets médicaux à peu de frais et peu importe comment”, résume Abdillah Ibrahim.


Le pharmacien Barwane Hassan contrôle dix-huit pharmacies à Moroni. Pour lui, la procédure “normale” serait “tout d’abord de connaitre les produits arrivés à expiration, avant qu’un service phytosanitaire en prenne le contrôle et avant, au bout de la chaine, qu’un autre encore s’en occupe”. En attendant, comment fait-on depuis tant d’années? “On cherche un site, on creuse un trou et on y brûle les produits en question. C’est ce que font les pharmaciens alors que, normalement, un service de l’Etat devait s’en occuper”, résume-t-il.

“Veiller sérieusement”

Il y a lieu, au total, de se demander alors comment les cent cinquante-cinq structures publiques et privées de santé, enregistrées uniquement à Ngazidja, se débarrassent de leurs produits médicaux sans détruire l’environnement, sans polluer et, ainsi, exposer la vie des citoyens. Si les filières des Dasri sont bien implantées dans les hôpitaux, il faut bien reconnaitre, cependant, qu’en matière de gestion des déchets infectieux, les uns et les autres peuvent beaucoup mieux faire. C’est la conclusion que, à tous les niveaux, on tire de la gestion actuelle des déchets médicaux.
Des spécialistes et des défenseurs de la protection de la biodiversité estiment qu’il est urgent de “veiller à ce que le tri des déchets hospitaliers “soit le plus rigoureux possible” afin d’éviter tout risque sanitaire, mais également toute pollution de l’environnement. “Le mélange des déchets hospitaliers avec ceux des ménagers constitue une source de maladies dangereuses et de pollution”, rappellent-ils. Le constat est unanime.
Il reste, désormais, à trouver des solutions. Et le plus vite serait le mieuxn

 

 

 

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