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Covid-19 - RelĂąchement des mesures barriĂšres I Quelles causes et quelles solutions ?

Covid-19 - RelĂąchement des mesures barriĂšres I Quelles causes et quelles solutions ?

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Le pays compte plus de 300 cas de Covid 19 dans un contexte oĂč une bonne partie de la population a presque tournĂ© le dos aux mesures-barriĂšres. DiffĂ©rents facteurs pourraient expliquer ce relĂąchement. De la politisation de la maladie, Ă  la complexitĂ© d’élaborer une campagne de communication destinĂ©e aux Comoriens, au dĂ©calage entre les stratĂ©gies gouvernementales et la perception qu’a la population. Autant d’élĂ©ments de rĂ©ponses pouvant expliquer le relĂąchement des mesures barriĂšres.

 

Alors que le pays compte plus de 300 cas de Covid-19 cumulés dont 184 pour la seule île de Ngazidja, les habitants de celle-ci semblent être en rupture avec les mesures barrières préconisées pour empêcher la propagation de la maladie. Aussi, dans les rues de la capitale de l’Union des Comores, les citoyens vaquent à leurs occupations, sans prendre la moindre précaution : le simple geste de porter un masque. Comment comprendre ce comportement au vu des moyens considérables mobilisés dans la lutte contre la pandémie ?

«Des mesures généralement bien saluées»

Au tout début alors qu’il n’y avait encore aucun cas détecté à Moroni, les premières mesures prises par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, pour empêcher l’entrée du virus sur le territoire national (et sa propagation) étaient globalement bien tolérées. Des mesures telles que la fermeture des mosquées, des écoles, des frontières, le report à des dates ultérieures des cérémonies et autres commémorations ont plutôt été bien accueillies. «La méfiance a commencé lorsque la communication officielle semblait en contradiction avec le niveau des mesures, comme par exemple le durcissement des mesures barrières en décalage avec la minimisation de l’état sanitaire», croit savoir Kamal Eddine Saindou, conseiller à la planification du Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa).


Il ne s’agit pas seulement, à l’en croire, de contradiction entre les discours des officiels et le niveau des mesures, il y a aussi le fait que la population croit que les autorités ne lui fournissent pas les moyens de se protéger alors que les dons affluent. «La communication met l’accent sur l’afflux d’aides provenant de pays étrangers et d’organismes humanitaires et aucun dispositif n’est pris pour fournir à la population les moyens de se protéger. Ce sont des opérateurs privés et des associations qui se mobilisent pour distribuer l’eau, le savon et les masques». Au-delà, il y a peut-être l’idée latente, entendue au marché de Volo-volo ce 29 juin, «que la Covid-19 était une invention destinée à faire engranger beaucoup d’argent dont les usagers (du marché) ne verront pas la couleur».

«La Covid-19 est politisée»

En revanche, pour Antoissi Eziddine, coordinateur de Moroni Anti-Covid-19 (association luttant contre la Covid-19 dans la capitale comorienne), ce relâchement est un concours de plusieurs aspects qu’il faut considérer. «Il y a une sorte de défi maladroit résultant d’une confusion entre la politique et la santé publique. Des gens considèrent malheureusement que s’opposer aux mesures barrières est une façon de s’opposer au gouvernement», a-t-il analysé.
En outre, notre interlocuteur veut croire que si les Comoriens ont baissé la garde, cela peut s’expliquer par «le déconfinement mondial qui a tendance à influencer la population comorienne qui considère que le plus dur est derrière elle».


Mistoihi Abdillah, docteur en sociologie, soutient lui aussi que la maladie est politisée. «Si vous soutenez le régime, il y a de fortes chances que vous suiviez les consignes des autorités, autrement toutes les mesures barrières sont l’affaire des autres».
Cependant, notre interlocuteur a poussé plus avant sa réflexion, notamment sur la complexité des communicants à élaborer une communication ciblée, ce qui pourrait expliquer ce relâchement voire ce déni. «Il est difficile de communiquer avec le peuple comorien, ne connaissant pas son domaine d’affectivité ; pour cela il eut fallu pouvoir choisir les mots sur la base de références historiques de la population-cible. Citez Allah, le prophète, Al Habib Omar (1er mufti des Comores), Ahmed Abdallah Abdérémane (1er chef de l’Etat des Comores indépendantes), aucune sensibilité chez nos compatriotes, tout simplement parce que le Comorien croit d’abord en ce qu’il veut croire».

«Réhabilitation de la parole scientifique pour inverser la tendance»

Il n’est pas pour autant question de baisser les bras. «Notre travail en tant que coordination Moroni anti Covid-19 est justement de lutter contre cette résistance. (…) Grâce par exemple à des discussions entre différents groupes, une campagne de communication plus robuste sera lancée dès ce mois de juillet», a indiqué Antoissi Eziddine.
Pour Idjabou Bakari, de la cellule de communication de la Coordination anti-Covid 19, pour que le tir soit rectifié notamment au vu du relâchement des mesures barrières, «il faudra prendre des dispositions complémentaires pour faire appliquer les mesures, notamment le port du masque et la distanciation sociale. Il faudra aussi accentuer l’approche inclusive vers l’engagement communautaire».
Quant à Kamal Eddine Saindou, «ce relâchement est la conséquence à la fois du décalage entre les stratégies gouvernementales et la perception qu’a la population et d’une gestion plus politique que scientifique». Pour changer cette donne, «le gouvernement devrait réhabiliter la parole scientifique pour rétablir la confiance perdue de la population, celle-ci a besoin de s’assurer que les sacrifices qu’on exige d’elle sont justifiés pour qu’elle les intègre», a soutenu l’ancien correspondant de Radio France internationale à Moroni.

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