Les ailes de poulets sont enfin arrivées à Ndzuani le mardi dernier. L’on parle de plus d’une quinzaine de conteneurs dédouanés. Et les prix, très au-dessus de ceux fixés par le gouvernement, ne découragent pas pour autant les consommateurs, en manque de ce produit depuis déjà plusieurs semaines. “Cela nous a trop manqué ! Surtout les enfants ! Donc on achète, quel qu’en soit le prix”, a confié une mère de famille à des confrères de l’Ortc.
Chez un distributeur de Mutsamudu, le carton de 10 kilos s’achète à 13 500 francs, tandis qu’un concurrent (une chaine de supermarchés d’origine étrangère) le propose carrément à 16 500 francs ! Rappelons que l’arrêté du ministère de l’Economie du 15 décembre 2022, portant “encadrement de certains produits importés de première nécessité”, fixe le prix du carton d’ailes de poulet entre 11 500 et 12 000 francs pour le “grade B”, et entre 10 000 et 10 500 pour le “grade BC”.
Au détail, le kilogramme devrait coûter entre 1 200 et 1 250 pour le premier, et entre 1 050 et 1 100 pour le second. Mais les épiciers et les grilleurs des rues ont décidé, eux aussi, de se faire un maximum de profits : ainsi, le prix du kilo se négocie entre 1 650 et 2 000 francs (chaque vendeur fixe arbitrairement son prix), et l’aile de poulet grillée coûte 400 francs. “On achète le kilo à 2 000 francs, on revend donc à 400 francs comoriens l’unité grillée. C’est comme ça”, se défend un restaurateur. Il n’y a pas si longtemps, elle coûtait 200 francs.
Le prix du carton d’ailes de poulet entre 11 500 et 12 000 francs
La surenchère qui touche les ailes de poulet s’inscrit dans un contexte de fixation arbitraire général des prix par les commerçants et petits revendeurs. Dans l’île, les tarifs officiels sont rarement respectés. Le service de contrôle de la direction de l’Economie est souvent décrié pour sa passivité. D’ailleurs, une histoire passée le mardi a intrigué plus d’un : une commerçante a été convoquée dans ce service pour avoir vendu le carton d’ailes de poulet à 15 000 francs.
Mais une fois de retour à son magasin, elle a encore rehaussé de 500 francs son prix ! La commerçante en question se serait défendue auprès des responsables du contrôle des prix, en leur demandant pourquoi la chaine de supermarchés évoquée ci-haut était autorisée à vendre son poulet à 16 500 francs.