Le quotidien comorien dérape parfois à travers certains comportements banalisés, qui détonnent avec les normes de civilité observées dans d’autres pays de la région. Entre crachats inopportuns, mouchages bruyants et urines en pleine rue, une observation des gestes du quotidien dans l’espace public révèle une réalité de plus en plus choquante, surtout si on la compare à celle de pays voisins de l’Océan indien.Alors que ces comportements restent monnaie courante dans les rues comoriennes, d’autres nations alentour imposent des règles de propreté et de respect de l’espace partagé. Aux Comores, l’absence de régulation ou de sanctions favorise leur banalisation. Selon des observations locales, environ «75 % des personnes», majoritairement des hommes, s’adonnent à ces gestes sans retenue, dans les marchés ou autres lieux très fréquentés.
« Ayant voyagé dans certains pays, je vis très mal le fait de voir tant de gens s’adonner à de tels gestes, et cela sans distinction d’âge. Si je voyais des enfants ou des adolescents de 10 à 15 ans le faire, cela m’affecterait moins que lorsque je constate que ce sont des adultes », confie Mzé Mbaba, qui évoque une situation héritée d’une négligence collective. « C’est un réel manque de civilité. Depuis notre naissance, et au fil de notre croissance, nous minimisons ce genre d’actes, notamment dans nos échanges familiaux. Pendant ce temps, ailleurs, on sensibilise et lutte contre ces comportements», estime-il. Selon lui, ces gestes sont devenus normaux aux yeux de beaucoup.
Une grande importance à l’image publique
«Lorsqu’on surprend quelqu’un en train de cracher ou d’uriner dans la rue, il se justifie souvent par un argument banal, ce qui illustre bien cette normalisation», relate-t-il.
Pour Abdourahim Abdou, diplômé en environnement, le crachat en soi ne constitue pas un danger pour l’écosystème.«Biologiquement parlant, cracher par terre n’est pas nuisible à l’environnement. C’est un geste naturel. Toutefois, du point de vue de l’hygiène, il est fortement déconseillé, surtout en présence d’autres personnes. L’usage du mouchoir est toujours recommandé pour éviter tout risque de contagion», explique-t-il.Dans d’autres pays comme Maurice, Madagascar ou les Seychelles, ces comportements sont appréhendés différemment. À l’île Maurice, par exemple, la population accorde une grande importance à l’image publique, ce qui entraîne des regards réprobateurs envers de tels agissements.À Madagascar, cracher est parfois perçu comme une pratique traditionnelle, bien que son acceptation varie d’une région à l’autre. En revanche, aux Seychelles, ces comportements sont encadrés par des normes sociales strictes, en raison notamment de l’importance du tourisme dans l’économie locale.