Chaque 5 avril marque la Journée mondiale du syndrome du bébé secoué. L’occasion de mettre en lumière un phénomène encore trop méconnu et souvent mal compris, notamment aux Comores. Ce traumatisme crânien non accidentel survient lorsqu’un nourrisson est violemment secoué, parfois dans un moment de colère, parfois dans un geste mal interprété comme un jeu ou une tentative de le calmer.Dans nos échanges avec de nombreux parents, une inquiétante inconscience face à ce danger est apparue. Beaucoup ignorent encore la gravité d’un tel acte, souvent pratiqué sans aucune intention de nuire. Pourtant, les conséquences peuvent être irréparables. Ce geste, aussi bref soit-il, peut entraîner des lésions cérébrales graves, voire la mort de l’enfant.
En France, la gravité de ce syndrome a conduit à la création d’associations dédiées à la lutte contre ce fléau. Aux Comores, le sujet reste peu abordé. Et pourtant, comme l’explique le docteur Zoubert Boinaidi, pédiatre, «le mouvement induit par le secouage peut entraîner une mobilité du cerveau à l’intérieur de la boîte crânienne, ce qui peut provoquer des déchirures vasculaires ». Il insiste sur le fait que la tête du nourrisson est proportionnellement plus lourde que son tronc, que sa musculature cervicale est encore très faible, et que son cerveau est loin d’avoir atteint sa maturité, ce qui le rend particulièrement vulnérable à ce type de traumatisme.
Le docteur Boinaidi rappelle aussi que ce syndrome ne résulte pas forcément d’un acte volontaire. «Les adultes peuvent, sans le vouloir, secouer un enfant dans le cadre d’un jeu ou pour le consoler», reconnait-il. Il insiste néanmoins sur la nécessité de ne pas banaliser ces gestes, car leurs conséquences peuvent être dramatiques. «Bien que je n’aie pas encore en tout cas, moi personnellement, eu des cas de bébés se trouvant dans une telle situation, ça n’empêche en rien de prévenir ce fléau qui cause plusieurs décès néonataux partout dans le monde», précise-t-il.Ce syndrome se manifeste souvent par des signes qui, pris isolément, peuvent sembler anodins, mais qui, mis ensemble, doivent alerter.
La prévention par l’information
Des troubles du comportement, un état de somnolence inhabituel, des convulsions, un regard absent ou encore une pâleur inexpliquée peuvent indiquer une atteinte neurologique. Des examens médicaux peuvent aussi révéler des hémorragies internes ou des lésions plus profondes, parfois même des fractures. Le docteur souligne que dans les formes les plus sévères, une prise en charge urgente est indispensable. «Elles peuvent conduire à des conséquences graves, telles que la mortalité ou des handicaps », prévient-il.À l’occasion de cette journée mondiale, il est important de rappeler que la prévention repose avant tout sur l’information. En sensibilisant les familles, les éducateurs, mais aussi les professionnels de santé, on peut éviter des drames et protéger les enfants contre des gestes qui, bien qu’ils paraissent anodins, peuvent bouleverser à jamais le cours d’une vie.