À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, célébrée chaque 7 avril, anniversaire de la fondation de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) en 1948, l’attention est portée chaque année sur un sujet de santé spécifique qui préoccupe les populations du monde entier. Le thème retenu cette année, « Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir », met l’accent sur l’importance d’un accompagnement de qualité dès les premiers instants de la vie.
À cette occasion, plusieurs échanges ont eu lieu, avec la participation de sages-femmes, d’infirmières et de médecins, dont le docteur Hissani Abdou Bacar, conseillère chargée de la santé maternelle, néonatale, infantile et adolescente au sein du département Hpd (Health promotion and determinants), et le docteur Soilihi Abdoul Madjid. Ensemble, ils ont insisté sur la nécessité de renforcer la préparation à l’accouchement, un aspect fondamental pour garantir la santé de la mère et du nouveau-né.
L’objectif de cette journée est clair :
«Sensibiliser le public aux lacunes persistantes en matière de survie maternelle et néonatale, tout en plaidant pour des investissements efficaces afin d’améliorer durablement la santé des femmes et des nourrissons». De nombreux étudiants se sont d’ailleurs mobilisés pour cette cause.
Le docteur Hissani Abdou Bacar a, de son côté, évoqué l’importance de fournir des informations utiles sur la grossesse, l’accouchement et la période postnatale.
Corriger les faiblesses systémiques
Elle a rappelé que les décès maternels et périnatals peuvent être évités, même dans les pays à faibles ressources, à condition de disposer des données nécessaires à l’élaboration de programmes adaptés. « Il ne suffit pas de connaître les chiffres. Il faut comprendre les causes profondes de chaque décès pour en tirer des enseignements». Elle appelle ainsi à une reconnaissance importante et à une action collective pour corriger les faiblesses systémiques qui entravent l’accès à des soins de santé sexuelle et reproductive sûrs, de qualité, respectueux et abordables.
Le docteur Soilihi Abdoul Madjid a quant à lui insisté sur l’importance de mettre en pratique les connaissances acquises par les sages-femmes. «Toutes les sages-femmes dans nos institutions sanitaires sont formées à cet accompagnement, mais une chose est de former, une autre est de mettre en pratique», a-t-il rappelé. Selon lui, il ne suffit pas de disposer des connaissances techniques : encore faut-il les appliquer avec rigueur et humanité. Il a évoqué la nécessité d’avoir des infrastructures adaptées et de respecter les normes d’hygiène dans les structures sanitaires. Il a pointé également un problème structurel : certaines structures manquent de personnel qualifié ou d’encadrement. «Ce n’est pas que de la théorie.
Une sage-femme devrait accompagner une autre plus jeune pour observer les insuffisances et les corriger dans la pratique, sans arrogance». Pour le docteur, c’est dans la collaboration et le partage d’expériences que réside la clé d’une meilleure prise en charge. Le docteur Hissani Abdou Bacar est allée plus loin, en rappelant l’importance d’un accompagnement individualisé. « Lorsque nous faisons des supervisions, c’est comme une routine. Or chaque femme a son histoire », a-t-elle dit. Elle a insisté sur la nécessité d’adapter le suivi en fonction du vécu de chaque patiente.
« Une jeune de 16 ans victime de viol, une femme de 32 ans célibataire… chacune a un parcours différent. Il ne faut pas seulement examiner la femme, mais connaître son histoire». Ben Charafaine Abdallah, chargé de la communication, a clôturé les échanges en lançant un appel vibrant aux professionnels de santé. « On peut avoir tous les diplômes, mais ce qui doit faire la différence, c’est ce que vous décidez de faire avec. Une fois la blouse enfilée, mettez-vous en tête de ne jamais faire vivre à l’autre ce que vous ne voudriez pas vivre », a-t-il soutenu.