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Vigilance !

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La nouvelle constitution nous ramènera devant la division insulaire. Désormais, il sera possible de distinguer par des critères objectifs qui viennent d’une telle île ou d’une autre. L’on aura réussi ainsi l’exploit d’avoir des comoriens d’Anjouan ou de Mohéli.

 

Une accumulation de mensonges ne donnera jamais une vérité. Une multiplication d’approximation ne fera jamais une certitude. Pourtant, comme on dit : «il ne faut jamais dire jamais». Aussi vrai qu’une bonne propagande a pu faire passer le IIIè Reich pour un régime d’enfant de chœur, celle à l’œuvre pourra vous convaincre du génie de la prochaine République. Mais, quels que puissent être les éléments de langage martelés, ne vous laissez pas séduire. Grattez un peu le verni et vous verrez que sous l’esthétique du discours se cache un fond bien laid.

Il est dit que la nouvelle constitution nous apportera l’unité. En réalité, elle nous prédisposera à la division. L’identité nationale est par définition une notion exclusive. Ou bien vous possédez ses critères d’assimilations ou bien vous en êtes dépourvus. Dans le premier cas vous serez de la communauté nationale, dans le second, vous serez vu comme un paria. En faisant de l’Islam sunnite un élément de l’identité nationale, on prend le risque plus tard, de pousser au-delà de la Nation, tous ceux qui en comoriens libres croient en rien ou autrement. La foi est affaire des Hommes et de Dieu, l’État n’a pas à réglementer les consciences.


La nouvelle constitution nous ramènera devant la division insulaire. Désormais, il sera possible de distinguer par des critères objectifs qui viennent d’une telle île ou d’une autre. L’on aura réussi ainsi l’exploit d’avoir des comoriens d’Anjouan ou de Mohéli. Il ne devrait exister que des comoriens des Comores. Quant à l’État unitaire, c’est un peu l’argument de facilité. La forme de l’État n’a aucune incidence sur l’unité d’un pays. Ceux qui sont les plus touchés par les phénomènes sécessionnistes sont justement les États unitaires.

Il est dit que la nouvelle constitution consacre les droits de la femme. La prochaine République sera celle du progrès social, nous dit-on. La constitution sera celle qui contrairement à la dernière proclame les droits de la femme. Ce n’est pas totalement vrai. La Constitution actuelle n’est pas muette sur la question. D’abord, elle rappelle que le peuple lui-même affirme son attachement au respect des conventions internationales de protection des droits de la femme et de l’enfant. La présente constitution est donc plus ambitieuse puisque sont concernées toutes les conventions internationales. Plus concrète, ces conventions prévoient des droits explicitement mentionnés donc identifiables. Ensuite, la Constitution actuelle rappelle également l’égalité de tous devant la loi sans discrimination liée au sexe. Quant à la parité, ce serait un ajout bienvenu. Mais une simple révision suffirait, elle ne réclame pas une nouvelle constitution.

Il est dit que la nouvelle constitution permet l’efficacité et la responsabilité par le renouvellement du mandat . En renouvelant, on luttera mieux contre la pauvreté et on assurera le développement. Pourquoi n’a-t-on pu faire ça avant ? Sachez que depuis toujours, le mandat a toujours été renouvelable dans nos constitutions. C’est également le cas dans la constitution en vigueur. La présidence est tournante certes, mais le mandat lui est renouvelable. Dire d’une nouvelle constitution qu’elle sera meilleure en redisant ce que dit l’ancienne, revient à s’interroger sur le besoin de réformer. Le mandat sera renouvelable tout de suite, dit-on. En vérité, bien plus que le mandat, c’est le tour de l’île qui est renouvelable. Et si l’on compte sur le renouvellement des présidents pour le développement, il eut fallu rendre obligatoire leur candidature. Sinon, pourrait-il toujours ne pas se représenter.

Enfin, il est dit qu’adopter la Constitution, c’est adopter le développement . Dernière approximation citée ici parce que sans doute la moins convaincante. Une constitution fixe les règles du jeu, elle ne fait pas la qualité des joueurs, le beau jeu, et la victoire. Puis, il n’a pas été prouvé que l’actuel l’empéchait. L’on s’est souvent évertué à ne pas la respecter. C’est peut-être par là qu’il eut fallu commencer, par observer d’abord la loi fondamentale.


Mohamed Rafsandjani
Doctorant contractuel en droit public
Chargé d’enseignement
à l’Université de Toulon

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