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Said Abasse Dahalani, un des principaux leaders de la Comred I «Le candidat de l’opposition doit ĂȘtre originaire de Ndzuani»

Said Abasse Dahalani, un des principaux leaders de la Comred I «Le candidat de l’opposition doit ĂȘtre originaire de Ndzuani»

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Said Abasse Dahalani, un des principaux leaders du Comred est revenu sur les grandes questions politiques du moment au cours d’une longue interview accordĂ©e Ă  Al-watwan le 18 fĂ©vrier. Obligation de renoncer Ă  sa nationalitĂ© Ă©trangĂšre pour pouvoir briguer la magistrature suprĂȘme, conditions pour une Ă©lection prĂ©sidentielle apaisĂ©e, rassemblement de l’opposition autour d’un leader unique, accession du chef de l’Etat Ă  la tĂȘte de la prĂ©sidence de l’Union africaine, table-ronde avec le parrainage de la communautĂ© internationale pour des Ă©lections apaisĂ©es sont quelques-uns des principaux points abordĂ©s.

 

Que pensez-vous de l’obligation faites aux binationaux de renoncer à leur nationalité étrangère avant de pouvoir briguer la magistrature suprême ?


Ce n’est pas un scandale juridique, cela s’est vu ailleurs, reste que je considère que pour les Comores, c’est une absurdité et une aberration politique. Cette loi, en réalité, vient stigmatiser un pays, la France, parce que la binationalité à laquelle on fait référence concerne d’abord les Franco-comoriens. Ces derniers ont montré leurs preuves tant dans le développement économique, culturel, sportif, politique.

L’apport financier de la diaspora ne souffre d’aucun doute, on vient maintenant les écarter à un moment où ils peuvent légitimement réclamer la possibilité d’avoir des élus tant au sein de la diaspora et d’être élus en tant que chef de l’Etat ? Par ailleurs, il y a des problèmes juridiques qui peuvent se poser. L’article 53 de la constitution n’a pas posé de condition de binationalité. Quand une loi, organique soit-elle, vient ajouter une condition qui n’est pas prévue par la loi fondamentale, j’ai le sentiment qu’on a à faire à une révision constitutionnelle déguisée. Si la question devait se poser dans les normes, il eut fallu recourir à une révision constitutionnelle.

Au-delà de cette disposition qui continue d’alimenter la polémique, plusieurs lois électorales ont été adoptées récemment, sont-elles de nature à favoriser des élections justes et impartiales ?

Comment peuvent-elles l’être alors qu’elles sont issues d’un parlement qui ne respecte pas les règles du pluralisme démocratique ? Nous savons comment tout cela est arrivé.

N’est-ce pas parce que l’opposition a boycotté les élections législatives de 2020 ?
Il y a eu cette violence, y compris avec des issues sanglantes, qui a été au centre de toutes ces élections, tant présidentielle que législatives. Les conditions n’étaient pas réunies pour la tenue de scrutins apaisés aux standards internationaux.
Il eut fallu à mon sens organiser une table-ronde autour de ces questions et réunir les conditions d’un véritable dialogue pour trouver des compromis.

Selon vous, ces lois ne sont pas de nature à assurer des élections justes, qu’est-ce qu’il faudrait faire ?
Il appartient au chef de l’Etat d’en tirer les conséquences et de considérer qu’une consultation autour d’une table-ronde sur les grands sujets institutionnels y compris le découpage électoral, pourrait nous ouvrir la possibilité d’une voie apaisée sur ces élections.

Quelle forme aurait cette consultation ?
Pour ma part, une consultation doit être conditionnée par une participation et un parrainage de la communauté internationale à l’image de l’Accord de Fomboni de 2001.

Le Comred aura-t-il un candidat à la prochaine élection présidentielle ?

Dans une situation chaotique comme celle que nous connaissons actuellement, une élection peut être divisée en trois étapes distinctes : la période pré-électorale, les élections elles-mêmes et la période post-électorale. Aucune de ces étapes ne remplit actuellement les conditions nécessaires à un processus démocratique apaisé. Le centre de stabilité du régime actuel est la violence et il ne peut nous permettre d’envisager un contexte d’élections apaisées.
Le Comred est prêt à participer aux élections si les conditions nécessaires sont réunies. Actuellement, ce n’est pas le cas mais cela ne signifie pas que le Comred ne se prépare pas.

Ukombozi, un mouvement politique a initié une démarche qui consisterait à un rassemblement de l’opposition derrière un candidat unique, seul moyen selon lui, de battre Azali Assoumani, l’entendez-vous ?
Il y a ceux qui considèrent qu’il faut se rassembler derrière un homme et ceux qui pensent qu’il faut se rassembler autour d’un projet politique et c’est le cas du Comred. C’est ce projet qui va déterminer le leader dans les circonstances électorales qui vont se présenter. Deuxième élément, nous aurions souhaité qu’au moment de désigner un chef de l’opposition, l’on choisisse un leader d’origine anjouanaise pour marquer tout de suite notre cap vers la tournante à Ndzuani, sans verser dans des situations ambiguës. Ce mandat serait celui de Ndzuani avec un projet de gouvernance clarifié. Nous pensons logique d’élection et pas de transition.

Le Comred ne se sent pas lié à la dernière déclaration faisant de Mohamed Ali Soilihi, le chef de l’opposition ?
Nous ne sommes pas derrière lui mais nous dialoguons avec lui. Comme avec les autres chefs de l’opposition pour élargir le mouvement autour d’un projet politique.

Soutenez-vous une candidature unique de l’opposition ?
Nous sommes pour une candidature unique dès lors qu’elle est susceptible de se faire autour d’un projet politique partagé et la désignation d’un Comorien issu de Ndzuani.

Azali Assoumani à la tête de l’Union Africaine, est-ce une victoire pour les Comores ou son régime ?
C’est un honneur pour les Comores, c’est un moment d’histoire. La grande erreur serait de considérer cet honneur qui est lié au fonctionnement institutionnel comme une victoire personnelle. L’Iliade d’Homère, il y avait 3 héros. Le premier, c’est Achille qui incarnait la force. Ulysse, lui incarnait la ruse et Hector qui résumait la lucidité. Le régime actuel fonctionne sur la force et la ruse. Il lui manque essentiellement la lucidité. Il y a par conséquent une montée des extrêmes. Il y a une haine qui se développe au sein de la société. Si le régime ne mise que sur la force et la ruse pour atteindre une victoire, elle commettra une lourde erreur.

Vous êtes à la tête d’un parti politique, le Mouroua qui aujourd’hui se retrouve au sein du Comred, qui est jugé à tort ou à raison d’être hors-sol…
C’est une perception totalement injuste. Et j’ajouterais qu’il y en a même qui disent que pour avoir une carte du Mouroua, il faut avoir un bac + 7. Dès la création du Mouroua en 2005, nous avons quasiment participé à tous les scrutins jusqu’en 2016. Comment on peut être hors-sol tout en participant à des élections ?

N’est-ce pas pour cela que le Mouroua n’a pas remporté de grandes victoires électorales ?

Nous avons, il est vrai, remporté des élections locales. Le véritable problème rencontré, c’est que les Comoriens ne votent pas pour un projet mais pour des personnalités issues de leurs villages ou pour ceux qui sont pourvus de moyens parce qu’étant au pouvoir. Évidemment, nous étions handicapés par la faiblesse de nos moyens là-dessus.

Le 17 février, c’était l’anniversaire de l’Accord de Fomboni, quel bilan en faites-vous ?

Nous sommes le 18 février (l’interview a eu lieu à cette date, ndlr) au lendemain de cet anniversaire. Le Comred se trouvait à Mwali et les pouvoirs publics l’ont empêché de célébrer l’Accord de Fomboni, vendredi dernier. C’est une honte qu’on interdise aux Comoriens de fêter cet Accord historique qui a scellé la réconciliation des Comoriens et ouvert des perspectives institutionnelles importantes. L’Accord de Fomboni auquel le Comred est fortement attaché a apporté un début de réponse à beaucoup de crises institutionnelles, même si malheureusement le système d’aujourd’hui lui a tourné le dos, en termes d’autonomie et de tournante.

Si vous deviez dresser le bilan du chef de l’Etat en quelques mots, quel serait-il ?

C’est une catastrophe en termes de gouvernance. Le changement institutionnel dont le pays a besoin n’a plus de point de rebroussement. On a hyperpersonnalisé le système. Il n’y a plus qu’une révolution démocratique pour faire revenir le système en arrièren

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