Trois ans après avoir annoncé son retrait temporaire de la scène politique pour se reposer et régler quelques affaires personnelles, l’ancien député et candidat malheureux aux élections présidentielles de 2019, Ibrahim Ali Mzimba, a signé son retour ce jeudi. C’est à son domicile de Vwadju, devant plusieurs médias conviés à l’occasion, qu’il a officialisé sa rentrée politique.
L’ancien ministre des Affaires étrangères a tenu tout d’abord à remercier ses «frères» opposants pour, dit-il, avoir poursuit le combat qu’ils ont lancé ensemble. «Je tiens à rappeler que j’étais désigné chef de la Cnt, mais pour des raisons personnelles, j’ai dit à mes collègues de l’opposition que je devais faire une pause. Ainsi, j’ai été remplacé. En effet, je n’étais pas hors politique, mais en pause politique», a-t-il expliqué.Confirmant son appartenance à l’opposition, Ibrahim Ali Mzimba a indiqué qu’il revient pour se prononcer sur l’actualité politique, notamment par rapport au dialogue national.
Les vrais acteurs politiques du pays
Pour l’ancien député de la région de Mbadjini Nguwengwe, l’idée d’un dialogue national est en soi une bonne chose. Cependant, il souligne que le contexte est différent et que chaque dialogue a ses préalables.«Ainsi, on doit prendre en considération les faits marquants, à savoir les morts, les prisonniers, les exilés, entre autres. On doit connaitre qui doit participer.
On doit choisir le format et la légitimité à partir des élections présidentielles de 2016», a-t-il insisté, montrant que, parmi les partis politiques qui devront obligatoirement être convoqués sur la table, il y a la Crc qui est au pouvoir, le parti Orange de Mohamed Daoudou (Kiki), le Juwa de l’ancien président Sambi et l’Updc Mohamed Ali Soilihi (Mamadou). «Il y a également le mouvement du 17 février de Elarif Oukacha et le parti de Mouigni Baraka Saïd Soilihi», a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agit du premier format.
Après cela, l’ancien patron de la diplomatie comorienne a cité les grandes personnalités. Par contre, il a soutenu qu’on ne peut pas inventer des personnalités, en pointant du doigt certaines personnes qui ont, selon lui, des «soi-disant partis politiques», qui ont des petites formations politiques méconnues de la place. Pour lui, les personnalités qui méritent d’être convoquées à cette rencontre ne sont pas nombreuses. «Sinon, je crains le mensonge, l’anarchie. Soyons réalistes. Les promoteurs de ce dialogue doivent inviter les vrais acteurs politiques de ce pays, les partis légitimés par le peuple», a-t-il répété.
Mettre d’abord le pays en confiance
Pour Ibrahim Ali Mzimba, il va falloir d’abord mettre le pays en confiance, en libérant les prisonniers politiques et en supprimant les contrôles judiciaires de certaines personnalités telles que Mohamed Ali Soilihi, Mohamed Bacar Dossar, Nourdine Bourhane, «pour sentir la bonne foi, pour discuter à armes égales», en libérant «les exilés» de rentrer dans leurs pays sans conditions. Me Mzimba demande au gouvernement de débrider les institutions qui sont, à l’en croire, sclérosées, et multiplier les ouvertures. «Je profite de cette occasion pour saluer l’entrée dans le gouvernement de Mze Abdou Mohamed Chanfiou qui n’est pas du pouvoir. C’est un esprit d’ouverture», a-t-il admis.
L’ancien ministre Mzimba appelle le président Azali à « temporiser les excès, à prendre de la hauteur et à incarner la sagesse». Pour lui, c’est une chance d’avoir un président comme Azali qui a eu à diriger le pays pendant presque 13 ans. «Il connait tous les rouages du pays, et avec son expérience, il devrait se distinguer en incarnant la sagesse et non les crises», a-t-il suggéré, appelant le président à ne pas se constituer candidat pour les présidentielles de 2024.
Le mandat d’Azali s’achève en 2024
Répondant à la question lui demandant s’il accepte qu’Azali Assoumani soit le président des Comores, Me Mzimba a répondu qu’il se souscrit sur la logique selon laquelle un président reconnu par la communauté internationale reste un président légal et légitime. «Je ne peux pas non plus me constituer candidats en 2019 et refuser le président issu de ces élections, même si je persiste et je signe que ces dernières n’étaient pas transparentes. Pour moi, le mandat du président Azali s’achève en 2024», a-t-il détaillé.
Justement, pour les présidentielles à venir, le candidat malheureux aux élections de 2019, sollicite la sagesse du chef de l’Etat. Il lui demande de créer les conditions justes, loyales et transparentes pour ces élections. Cependant, pour lui, les élections de 2024 ne devraient pas faire l’objet d’un dialogue. «C’est au président et à son gouvernement d’assurer la confiance et la transparence, avec une observation internationale. L’enjeu est que la victoire soit reconnue par tout le monde, comme c’était le cas en 2016. On ne peut pas viser une émergence avec un président qui n’est pas accepté par le peuple. C’est ainsi que, pour les prochaines présidentielles, on ne doit pas retourner à la situation de 2019», a-t-il insisté.