Les divergences au sein de l’opposition sur la participation aux élections présidentielles de 2024 annoncent-elles une scission définitive ?
Peut-on valablement parler de scission alors qu’un débat démocratique se tient en ce moment pour décider s’il faut participer ou non à ces élections ? Bien sûr, les avis peuvent diverger mais cela prouve au moins une chose : la démocratie n’est pas un vain mot au sein de l’opposition comorienne. Cela tranche avec le servilisme déclaré, cette sorte de soumission avilissante et coupable, que l’on observe au sein du régime d’Azali.
Les conditions pour une participation du Comred à l’élections présidentielle sont-elles réunies ou vous optez pour le boycott ?
Le mot boycott est inapproprié. L’opposition que nous incarnons, celle du Comred, exige, tout simplement, des conditions normales, conformes au standard international pour la tenue de telles élections. Voyez- vous, l’organisation des élections obéit à des règles de droit qui, elles-mêmes, reposent sur des principes bien déterminés : éligibilité, égalité, secret du vote, libre choix des citoyens (électrices et électeurs) entre plusieurs candidats, sincérité et transparence du scrutin, etc. L’inobservation de ces règles engendre toujours des contestations et des litiges.
D’où l’importance du contentieux et donc de l’indépendance du juge électoral qui a pour mission, au-delà du contrôle de la régularité et de la sincérité du scrutin, de vider les conflits et d’apaiser le corps social, et partant, d’asseoir la légitimité des gouvernants. Le rôle du juge électoral est ici essentiel, son autorité doit être solidement établie et reconnue pour que l’opinion publique adhère pleinement aux décisions qu’il prend. Or, malheureusement c’est loin d’être le cas aujourd’hui aux Comores.
Y a-t-il une chance de voir l’opposition comorienne présenter une candidature unique à l’élections présidentielle ?
Une candidature unique de l’opposition est peu probable, à moins d’un sursaut de dernière heure. De notre point de vue, l’union en politique se construit autour d’une équipe et d’un leader, porteurs d’un projet partagé, ainsi que d’une organisation dont le socle électoral n’est pas à établir. Autrement, c’est prendre le risque de construire sur du sable. Et, au moindre zéphir, tout peut s’écrouler.
Quelles peuvent être les conséquences d’une division de l’opposition le jour du scrutin ?
Dans l’état actuel des choses, les élections qui se profilent à l’horizon ne peuvent être qu’un simulacre. Le processus électoral sera, à coup sûr, dévié de son sens par des dirigeants sans scrupules qui abusent des moyens de pression que le pouvoir confère. Malheureusement, c’est le pays tout entier qui perdra sa souveraineté, sa liberté et surtout sa paix civile. Les Comoriens n’accepteront certainement pas, sans broncher, l’organisation, une fois de plus, d’un scrutin opaque ou délibérément truqué.
Quelles sont les garanties que vous souhaitez obtenir de la part des autres partis de l’opposition pour accepter de présenter une candidature unique ?
Tout d’abord, des conditions d’organisation d’un scrutin libre, sincère et transparent. Ensuite, un(e) candidat(e) qui s’engagerait solennellement, en cas de victoire, d’assurer une transition inclusive, pour mettre en place de nouvelles institutions consensuelles, dans une durée qui n’excéderait pas 24 mois. Le temps de préparer, dans les meilleures conditions, la Tournante, en faveur d’Anjouan.
Propos recueillis
par Abdallah Mzembaba