L’Union européenne a soutenu activement les Comores via différents programmes depuis 2012, pour leur accession à l’OMC. Quelles sont vos premières impressions après cette adhésion ?
L’Union européenne félicite le gouvernement comorien pour son adhésion à l’Omc et salue le travail de longue haleine mené tout au long d’un processus de négociation, commencé en 2007. Il s’agit d’une avancée importante pour le pays dans sa quête d’intégration internationale et son objectif d’atteindre les objectifs du «Plan Comores Émergent 2030 », ouvrant des perspectives de croissance, d’investissement et d’emploi.
Les efforts ont porté leurs fruits et maintenant le pays peut profiter de nouvelles opportunités commerciales même si cela comporte des défis. L’Ue réitère son soutien aux Comores et reste à l’écoute des besoins en matière de facilitation des affaires et d’intégration internationale.
L’un des défis des Comores reste l’industrialisation. L’Ue a mis en place le projet Apile pour accompagner également les Comores à mieux transformer leurs produits en vue de leur exportation. Qu’est-ce qui a été fait et comment expliquez-vous ce manque de visibilité du projet ?
Le programme Apile intervient sur plusieurs axes et adopte une approche holistique pour développer des solutions durables et intégrées. Mis en œuvre par l’Onudi et Itc, le programme soutient directement plus d’une trentaine d’entreprises comoriennes et contribue au renforcement des services d’appui (Uccia et Anpi) pour assurer la pérennité des actions.
Apile contribue également à améliorer le climat des affaires à travers le dialogue publi-privé qui réunit les acteurs-clés pour discuter des réformes et actions-clés pour dynamiser à la fois l’économie locale et profiter des opportunités de l’intégration économique.
Le programme accompagne les efforts en faveur de la transformation des produits pour davantage de valeur ajoutée et soutenir la création de richesse. Nous soutenons la création de la marque « Made in Comoros », un tremplin pour renforcer à la fois l’attractivité du pays et son positionnement d’exportateur fiable dans le commerce international pour des produits de qualité respectant les normes internationales.
Dans le cadre de nos actions, nous travaillons étroitement avec les organisations du secteur privé (Opaco, Modec), entre autres. Je précise que sur l’ensemble de ces sujets nous intervenons en collaboration avec la France dans un esprit Team Europe pour davantage d’impact.
Que peut faire aujourd’hui l’UE après cette adhésion pour accompagner les Comores à s’intégrer efficacement et durablement dans le commerce multilatéral ?
L’Ue est un partenaire majeur des Comores dans le commerce. A travers le programme Apile, nous soutenons le renforcement de la compétitivité des entreprises – essentiel pour gagner de nouveaux marchés et réduire les importations. Dans cette continuité, l’Ue a adopté en 2023, un programme ambitieux «d’Intégration économique» qui vise à relever les défis de l’ouverture commerciale avec l’Omc entre autres.
Ce programme soutiendra les actions du gouvernement comorien dans plusieurs domaines à savoir la simplification des procédures commerciales sur la base du plan stratégique post-adhésion, adopté par le pays, l’amélioration de la sécurité juridique des entreprises pour favoriser l’investissement et l’approfondissement de l’appui apporté aux entreprises qui souhaitent innover et développer de nouveaux processus. Par ailleurs, l’Ue soutient des secteurs à fort potentiel, générateurs de croissance et d’emploi comme la pêche et la production agricole et bientôt le tourisme.
L’entrée des produits comoriens dans les différents marchés est soumise à des normes sur la qualité et la sûreté. Comment l’Ue compte-t-elle accompagner les Comores à lever de tels obstacles ?
Nos appuis aux entreprises sont tournés vers la compétitivité et la prospection de nouveaux marchés pour l’exportation. Pour rappel, à travers les Accords de partenariats économiques, les Comores bénéficient de l’exemption totale de taxes et de quotas sur le marché européen.
Il est vrai que le marché européen est exigeant en matière de normes pour les produits agricoles dans le but de protéger la santé des consommateurs, mais plusieurs entreprises locales y arrivent déjà et exportent en Europe. La mise aux normes est un défi important mais pas insurmontable. L’Ue met des moyens importants pour accompagner les entreprises qui montrent cette ambition. Mon message positif aux entrepreneurs comoriens : exporter vers l’Europe peut paraître difficile, mais c’est possible !
