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Les travaux ont abouti à une série de recommandations qui pourraient mettre le pays sur les rails, si elles sont mises en application. Ces recommandations sont d’ordre économique, éducatif, sanitaire et institutionnel. Certes, le pouvoir a réussi le pari d’aller jusqu’au bout, mais il n’a pas pu mettre tout le monde autour de la même table pour un dialogue inclusif.
C’est-à -dire que le souhait qu’ont exprimé les Représentants de l’Union africaine et de l’Onu n’a pas été exaucé. Il ne fait aucun doute que la Communauté internationale a pris acte. Il est vrai que le pouvoir, contre vents et marées, a réussi le pari, encore faut-il que le processus se termine dans des bonnes conditions, mais nous devons nous abstenir d’un optimisme béat.Â
Seule l’histoire nous dira si ceux qui n’ont pas pris part aux assises avaient raison ou tort. Au sujet, de la Tournante, je m’y suis déjà exprimé dans un papier paru dans La Gazette le 12/09/17 dont voici le titre : Pour des assises apaisées. J’ai dit que la Tournante pourrait être supprimée, maintenue, j’ajoute aujourd’hui aménagée, mais le problème n’est pas là . Le danger serait de remuer une plaie que nous avons crue cicatrisée.
La recommandation faite par les Experts sur la Tournante me parait surprenante.
Car elle empêche la Tournante de tourner. Elle doit stagner. Si la roue de la tournante ne tourne pas ; elle pourrait crever.
En ce qui concerne les gouverneurs, il semble qu’ils ont pu sauver leur tête, pour l’instant, grâce à la bombe à retardement que constitue le mémorandum dans lequel ils mettent en garde contre tout ce qui pourrait menacer l’unité nationale (la suppression de la tournante en fait bien sûr partie) et l’autonomie des îles.
Ce que le gouverneur Hassani Hamadi a qualifié de ligne rouge. Certes les gouverneurs ont pu sauver leur tête, mais des recommandations ont été faites pour les dépouiller des Exécutifs. Autrement dit, ces grands élus seront réduits à des simples préfets. Mais revenons sur les recommandations.
Certaines n’ont pas besoin d’un réfeérendum pour lier la rhétorique à la pratique. Le peuple applaudirait si elles étaient mises en œuvre immédiatement. Mais la rapidité avec laquelle le ministre de l’Intérieur a reçu la Ceni montre bien que l’urgence est de modifier la Constitution. Nous autres, nous craignons que ces assises ne soient pas des assises pour seulement changer la Constitution.
Car, parmi les recommandations celle relative au changement de la Constitution parait la plus simple.
Par ailleurs, la question de la religion s’est invitée ou s’invite aux débats. Nous ne nions pas son importance dans notre société. Mais les gouvernants ne doivent pas en abuser en parlant de la religion au risque de voler la vedette au Moufti.Â
Au lieu de s’éterniser sur cette histoire de chiisme et de sunnisme, ils feraient mieux de parler Etat et d’expliquer leur vision du développement. Si l’option du référendum est retenue, durant la campagne, les gouvernants doivent expliquer l’impact des recommandations sur la vie du peuple.
Ils doivent tenir un discours scientifique et démonstratif et non un discours religieux et anecdotique. Ils doivent expliquer l’impact des recommandations sur la lutte contre le chômage, sur l’amélioration du système éducatif et sur la santé.Â
Enfin, nous espérons que ces assises ne seront pas une course à l’abîme et qu’elles ne serviront pas de tremplin pour un saut dans l’inconnu.
                                                                                                     Â
Abdoulfatah Ali,
professeur de français