logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Mouigni Baraka Saïd Soilihi I Stabilité, gouvernance et unité nationale au programme

Mouigni Baraka Saïd Soilihi I Stabilité, gouvernance et unité nationale au programme

Prostitute outfit fallout new vegas Rencontre tisserands 2012 | - Rencontre figaro   Bouba rencontres

image article une
Dans une interview exclusive, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, ancien gouverneur de Ngazidja et candidat du Rassemblement démocratique des Comores pour l’égalité à la présidence, partage sa vision pour répondre aux besoins urgents du pays. Engagé en faveur de la stabilité, de la démocratie, et de l’unité nationale, il détaille ses propositions pour réformer la gouvernance, favoriser l’égalité des genres, transformer le système de santé, et accélérer le développement du pays.

 

Quels sont selon vous les besoins urgents des Comoriens ?

Le premier impératif est d’assurer la stabilité et le calme. Chacun d’entre nous doit être convaincu de vivre dans un État de droit, sachant qu’il peut s’adresser à la justice et aux forces de l’ordre, car elles agiront de manière impartiale. En parallèle, nous devons faire face aux défis du quotidien, notamment l’inflation. De plus, il est essentiel de respecter les principes énoncés dans notre constitution, en particulier le principe de rotation au pouvoir. Ceux qui critiquent ce mécanisme ne le comprennent pas pleinement ; nous devons nous adapter à notre réalité. Chaque île devrait jouir d’une autonomie appropriée, avec une décentralisation des compétences.


Les services de l’État doivent être accessibles à tous les Comoriens, quel que soit leur lieu de résidence sur le territoire national. Il est crucial de réduire la distance naturelle entre les îles sans la renforcer politiquement. Renforcer l’unité nationale passe notamment par le respect du principe de rotation dans sa forme initiale. Les citoyens comoriens doivent participer activement au processus décisionnel. Il est impératif d’accepter notre réalité tout en luttant contre la tendance à identifier les individus selon leur île d’origine. L’État doit être présent partout, et chaque citoyen comorien doit se sentir chez lui où qu’il se trouve sur le territoire national. Depuis l’arrivée d’Azali, les recrutements semblent favoriser exclusivement les habitants de la Grande Comore, et si les postes politiques concernent tout le monde, au sein de la fonction publique ce n’est pas le cas. Cette situation alimente le sentiment séparatiste.

Pensez-vous pouvoir les satisfaire, par quelles actions ?

Ma première démarche consistera à dissoudre la constitution mise en place par Azali, en mettant particulièrement l’accent sur le volet politique, et à dissoudre l’assemblée nationale. Ensuite, je convoquerai la société civile et les citoyens comoriens pour élaborer une nouvelle constitution axée sur les principes de rotation au pouvoir et d’autonomie des îles. L’organisation d’une table ronde, avec la participation de divers acteurs, sera cruciale pour parvenir à un consensus national. Mon objectif est de former un gouvernement d’unité nationale, et la date de cette table ronde sera déterminée par les citoyens eux-mêmes. Il est impératif de compter sur les ressources internes de l’État pour financer ces initiatives. La lutte contre la corruption sera une priorité, tout comme l’amélioration du recouvrement des recettes publiques. Cela nous permettra d’obtenir des recettes stables et sécurisées, favorisant ainsi la relance de l’économie et le développement des infrastructures.


L’expérience que j’ai acquise lors de la gestion de la mutuelle de santé à Ngazidja démontre notre capacité à gérer efficacement les ressources. Nous devons rationaliser les dépenses, en évitant la perte d’argent, notamment dans des voyages à l’étranger qui ne répondent pas à nos priorités nationales. La lutte contre le gaspillage financier est essentielle, en particulier lorsque des fonds sont mobilisés pour le paiement des salaires et des besoins fondamentaux de l’État.


Concernant les augmentations de taxes, en particulier celles douanières, je m’engage à les évaluer et à les ajuster de manière équitable, afin qu’elles bénéficient à l’ensemble de la population. Une réforme de la formation, des salaires et des conditions de travail de la gendarmerie et de la police sera entreprise pour renforcer ces institutions clés. Ces initiatives seront mises en œuvre en utilisant les ressources internes de l’État, sans dépendre excessivement de l’aide extérieure.

Sur quoi repose votre programme de gouvernance si vous êtes élu ?

Mon programme de gouvernance repose sur cinq principaux axes. Tout d’abord, sur le plan politique, je m’engage à organiser une table ronde visant à élaborer une nouvelle constitution en collaboration avec la société civile et les citoyens. Cette initiative vise à instaurer une base politique solide, répondant aux besoins actuels de notre nation.

En ce qui concerne l’environnement, je suis conscient des dommages causés par la destruction de notre écosystème. Pour remédier à cela, nous devons réduire notre dépendance vis-à-vis des pays voisins en développant des pratiques agricoles locales. La préservation de nos forêts est cruciale pour éviter des conséquences néfastes.


La lutte contre la corruption constitue un autre pilier essentiel de mon programme. Il est impératif de remonter dans les classements mondiaux en termes de transparence pour attirer les investisseurs. Mettre fin à la culture généralisée de la corruption contribuera à renforcer notre réputation internationale. Sur le volet économique et social, je m’engage à mettre en place des structures de soutien aux initiatives locales, en tirant profit de mon expérience dans l’agriculture et l’élevage. En tant qu’entrepreneur, je comprends les réalités auxquelles sont confrontés les acteurs économiques, allant au-delà de ma seule expérience politique. Enfin, je compte adresser les problèmes liés à la gestion portuaire, en veillant à une répartition équitable des revenus. Les lourdeurs administratives et les taxes excessives qui impactent les prix seront examinées et ajustées pour soulager le quotidien des citoyens comoriens. Il est également crucial de rationaliser les pratiques des transitaires et d’éviter la présence d’une administration parallèle, assurant ainsi une gouvernance transparente et efficace.

Quelle est votre approche vis-à-vis de la problématique du genre ?

Pendant mon mandat en tant que gouverneur, j’ai initié une dynamique en faveur de l’égalité des genres en nommant des femmes à des postes de maires dans des grandes villes. Au moment des élections législatives, notre parti a été le seul à présenter des candidates féminines, soulignant ainsi notre engagement en faveur de la représentation équitable des sexes.


Cependant, il est préoccupant de constater que certaines femmes, une fois qu’elles quittent leurs fonctions, se retirent de la vie politique et ne continuent plus à œuvrer pour cette cause. Dans l’opposition, l’absence de femmes ayant occupé des postes gouvernementaux antérieurs est remarquable. Il est impératif que nous discutions collectivement, indépendamment de nos affiliations politiques, dans l’intérêt du pays. Qu’elles soient en fonction ou non, il est crucial d’adopter une posture active. Nous devons engager un dialogue ouvert avec les femmes en politique, encourageant leur participation aux débats politiques plutôt que de simplement occuper des postes.

La vérité doit être dite dans ces discussions, et il est essentiel de reconnaître le rôle fondamental que les femmes peuvent jouer dans la politique, allant au-delà de leur simple présence formelle à des postes. Mon approche vise à encourager une participation active et significative des femmes dans tous les aspects de la vie politique, favorisant ainsi une représentation équilibrée et une contribution significative à la construction de notre nation. Le Comorien, qu’il soit riche ou pauvre, veut pouvoir se soigner.

Quel est votre plan pour révolutionner notre système de santé ?

La transformation de notre système de santé nécessite avant tout des investissements substantiels de l’État, mettant l’accent sur les subventions plutôt que sur les infrastructures, qui sont déjà en place. Nous disposons d’un vivier de professionnels de la santé, mais il est crucial de fournir les moyens et le soutien nécessaires.


La première étape consiste à ce que l’État assume pleinement son rôle en garantissant des conditions de travail adaptées pour les professionnels de la santé, tant dans le secteur public que privé. Bien que la présence du secteur privé soit importante, ma priorité absolue sera le renforcement du secteur public de la santé. Actuellement, un hôpital en construction, El-Maarouf, présente des lacunes dans sa conception, notamment en ce qui concerne les normes relatives à l’eau, à l’électricité et à la gestion des déchets. Il est essentiel de veiller à ce que les conditions nécessaires soient réunies pour assurer le bon fonctionnement de cet hôpital. Un prêt considérable a été contracté, notamment à Bambao Mtsanga, pour des projets qui ne doivent pas être abandonnés.


Je suis conscient que le gouvernement, en collaboration avec la mission de coopération française, a élaboré des études sur la couverture sanitaire. Cependant, en raison du manque de financement, ces projets ne sont pas encore opérationnels. Je suis prêt à apporter mon soutien à ces initiatives, reconnaissant l’importance cruciale de garantir une couverture sanitaire efficace et accessible pour tous les Comoriens. Mon engagement est de révolutionner notre système de santé en assurant des ressources adéquates, une infrastructure fonctionnelle et une couverture sanitaire globale et durable.


Pensez-vous que l’on pourra un jour récupérer Mayotte ? Si oui, quelle approche privilégiez-vous ?

Il est envisageable de récupérer Mayotte, mais cela doit être avant tout une question comorienne. Historiquement, nous n’avons pas encore vu une approche commune entre les différentes îles des Comores. Il est impératif d’initier un débat ouvert et inclusif entre tous les Comoriens, en mettant en avant une approche véritablement comorienne.La résolution de cette question ne doit pas dépendre uniquement de Paris ; nous devons explorer d’autres avenues.


Les Comoriens de Mayotte ont fait un choix différent, et maintenant nous devons nous interroger sur la meilleure manière de procéder. Il est essentiel d’impliquer de nouveaux acteurs qui sont apparus depuis les périodes de Saïd Mohamed Cheikh, Zaina Mderé et Marcel Henry. Ces figures ont joué leur rôle à leur époque, mais de nouveaux acteurs ont émergé, et il est temps de les inclure dans le processus de réflexion et de prise de décision. En adoptant une approche comorienne unifiée, en favorisant le dialogue ouvert et en intégrant les perspectives de toutes les parties prenantes, nous pourrons élaborer des solutions novatrices et établir une vision commune pour l’avenir de Mayotte dans le contexte des Comores. (….)

La justice nationale est décriée. Beaucoup la disent instrumentalisée. Est-ce aussi votre avis ? Votre plan pour une justice efficace et fiable ?

L’efficacité et la fiabilité de notre justice dépendent en grande partie de la volonté du président de la République, qui est le premier magistrat du pays. Actuellement, la perception d’une instrumentalisation de la justice est répandue, ce qui n’est pas qu’une perception et cela souligne la nécessité d’une véritable séparation des pouvoirs, un aspect que la nouvelle constitution devrait mettre en place avec des mécanismes de garde-fous solides. La concentration excessive de pouvoir entre les mains du président de la République, comme cela se produit actuellement, a un impact négatif sur l’indépendance de la justice. (…)



 

 

Commentaires