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Les responsables politiques en charge de la vie des personnes devraient s'efforcer de se situer au-dessus de la mêlée et ne considérer que les intérêts bien compris des populations et des pays. Car cette crise, paradoxalement, peut être considérée comme une opportunité pour ouvrir des négociations entre les parties prenantes.
• La langue commune, les usages communs (mariages, religions, etc.) qui montrent bien que les 4 Ă®les constituent une nation, un peuple original dotĂ© d'une culture originale que l'on ne peut pas rayer de la carte du monde par la force. Qu'il n'y ait pas eu d'Etat comorien avant la colonisation traduit la situation de l'Ă©poque, l'Etat-nation moderne Ă©tait alors en train de prendre forme en Europe.Â
• Les aléas de la politique ont séparé Maore des autres îles. Plus de quarante ans d'évolution séparée ne peuvent pas être rayé d'un trait de plume ou par une simple référence à une résolution inopérante de l'ONU.
• Ces aléas ont aussi induit un séparatisme insulaire récurrent entre les trois autres îles.
• L'insécurité à Mayotte tire ses origines dans la misère d'une partie de la population et dans les milliers d'enfants abandonnés devenant des adolescents sans avenir et basculant tout naturellement dans une délinquance brutale à la mesure de leurs ressentis.
Seul un examen au fond de ces questions pourra ouvrir des perspectives de dĂ©veloppement de tout l'Archipel et de paix dans la zone sud-ouest de l'OcĂ©an Indien. Et cela dĂ©pend principalement des gouvernants français. Des parties prenantes, c'est la France la puissance politique, Ă©conomique et financière. Son influence sur les autres parties peut emporter la dĂ©cision.Â
La crise en cours témoigne si besoin était, que la situation de Maore est bloquée et ira en s'aggravant si l'on persiste dans la voie de la séparation de Maore des autres îles de l'Archipel. Les révoltes maoraises sont de plus en dures, les exactions contre les "immigrés" de plus en plus graves. Que faut-il pour enfin tourner le dos à cette voie dangereuse qui ne mène nulle part ?
Les mesures dites anti-immigration sont inopĂ©rantes, elles ne parviennent pas et ne parviendront pas Ă empĂŞcher les Comoriens des autres Ă®les de se rendre Ă Maore. Elles occasionnent seulement plus de morts et de disparus. Un dirigeant français, Yves Jego, ancien ministre de l'Outre-mer a fini par le reconnaĂ®tre, Ă sa façon bien sĂ»r.Â
D'un autre cĂ´tĂ©, la France ne peut pas faire de Mayotte un dĂ©partement français. Non seulement il y a l'incapacitĂ© de la France Ă mettre les moyens, plusieurs milliards d'euros en jeu, mais il y a aussi l'identitĂ© maoraise sans pareille dans la France qui empĂŞche l'assimilation comme cela peut s'observer ailleurs, et encore puisque les revendications identitaires dans l'Outre-mer français croissent. Et puis comment croire en un Ă®lot de prospĂ©ritĂ©, vivant en paix dans un ocĂ©an de misère ?Â
Il faudra bien Ă©videmment de l'envergure politique pour oser aller Ă contrecourant des Mansour Kamardine, des Marines Lepen et d'autres encore.
Il faudra une vision politique qui dépasse un électoralisme des ras des pâquerettes. Mais c'est la seule façon de faire bouger les lignes. La situation me semble en tout cas propice. Lorsque les contradictions s'aiguisent, il faut les résoudre avant l'explosion. "VENDZA DUDJA GAVO MWAMBA" dit l'adage comorien. Nous y sommes. Le président Macron est-il informé de la situation ? Saura-t-il répondre aux exigences de l'heure? Va-t-il innover en prenant l'initiative de négociation sérieuse sur le fond de la question maoraise ou va-t-il suivre les sentiers battus improductifs de ses prédécesseurs ? On le verra dans les prochains jours et on mesurera son envergure et sa dimension politique.
Idriss (22/03/2018)